Sur la route rocailleuse de la montagne de l’Anti-Liban, près de Masnaa, dans l’est du pays, Nesrine (1) aide sa petite sœur de 3 ans à grimper les rochers. «Allez, je te tire, tiens-moi la main», souffle-t-elle. A vrai dire, Nesrine n’est pas tellement plus grande, 6 ans à peine. Leur mère, qui marche en tête quelques mètres plus loin, presse le pas. Il faut faire vite. En plein jour, cette famille originaire d’Idlib tente de rejoindre à pied la Syrie voisine pour fuir le Liban en guerre. «Notre maison a été détruite en Syrie, celle au Liban également, explique Fatima (1). Mon mari est mort, mais sa famille est restée dans le nord de la Syrie, nous allons les rejoindre.» Ni les deux petites ni elle-même n’ont pris de bagages, pas même un sac à dos. Fatima tient seulement un nourrisson dans ses bras, qu’elle tente de protéger du soleil avec sa manche. Devant elle, d’autres familles ont pris la route, leur passeur en tête, vers les kilomètres restant de montagne à engloutir.
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