Révolutionnaires héroïques, libérateurs respectés, miliciens haïs, chair à canon mobilisable et citoyens oubliés. Les trajectoires croisées des vétérans de guerre Abdelmoutaleb Mohamed, le citadin aux yeux rieurs, et Aymen as-Saïd, le montagnard à la figure plus grave, dressent le portrait d’une Tripolitaine (région ouest de la Libye), à bout de souffle après une décennie de déchirements, mais désireuse de se reconstruire. A l’image du pays, au cœur d’une conférence internationale, vendredi à Paris, qui ambitionne d’organiser des élections d’ici à la fin de l’année.
Aymen as-Saïd a 34 ans, et Abdelmoutaleb Mohamed, 30 ans sont les enfants de cette Libye où résonne encore le fracas des armes qui ont chassé Kadhafi. Ces anciens combattants que Libération a longuement rencontrés tentent de se reconstruire, sans toujours croire au fragile processus démocratique qui tente de tourner la page de la guerre.
La révolution a pris Aymen as-Saïd de court. Originaire de Zintan, au cœur des monts Nefoussa à 200 km au sud-ouest de Tripoli, ce représentant d’une compagnie turque de construction était à Tripoli en février 2011. Il n’a donc pas<