Sur les campus belges aussi, la guerre contre Gaza entraîne des blocages. Et des questionnements. D’après la RTBF, une centaine d’étudiants occupent le bâtiment du Solbosch sur le campus de l’Université libre de Bruxelles (ULB) depuis mardi 7 mai. Outre le fait de dénoncer le «génocide en cours à Gaza», les manifestants réclament l’annulation de la venue de l’historien et ancien ambassadeur d’Israël en France, Elie Barnavi, à l’occasion d’une conférence. L’ancien diplomate, se décrivant aussi bien comme «patriote israélien» que penseur «propalestinien», réclame pourtant la création d’un Etat Palestinien. Dans une tribune publiée sur Libé jeudi, il affirme qu’il s’agit là d’une «question de principe et de justice historique».
Une position occultée par les occupants de l’université belge. Dans un communiqué posté sur X (ex-Twitter), l’Union syndicale étudiante écrit : «Nous exigeons l’annulation immédiate de la venue de l’ancien ambassadeur de l’entité coloniale israélienne.» Avant de poursuivre : «Nous ne pouvons accepter qu’un représentant d’un état fasciste, suprémaciste, d’apartheid, de racisme basé sur la spoliation des terres palestiniennes et le nettoyage ethnique depuis sa création, vienne justifier et défendre les intérêts de l’Etat israélien, de surcroît en plein génocide.»
L'ULB est occupée, rejoignez-nous ! 🇵🇸❤️🔥 pic.twitter.com/Tm6is4VKJu
— Union Syndicale Étudiante (@UnSynEtudiante) May 7, 2024
La conférence prévue le 3 juin est censée réunir Elie Barnavi, le président de Reporters sans Frontières, Pierre Haski, la professeure en relations internationales, Elena Aoun, et l’historien Vincent Lemire. Sur son site, l’université annonce un «débat serein et constructif» autour de la situation au Proche-Orient. «Notre communauté universitaire a été, depuis six mois, bouleversée, d’abord par la terrible attaque terroriste du Hamas et la prise d’otages dont ont été victimes les populations du sud d’Israël, puis par l’effrayante réaction militaire israélienne, cause de milliers de morts, de destructions massives d’infrastructures à Gaza et de déplacements de populations aux conséquences funestes», retrace-t-elle.
«Abyssale ignorance»
Invité dans l’émission les Visiteurs du soir sur LN24, chaîne d’info belge, l’ambassadeur d’Israël a partagé sa surprise face à cette revendication du mouvement étudiant. «Ce qui est extraordinaire dans ces lieux d’élites […], c’est l’abyssale ignorance de ces jeunes. Comme ils ne veulent pas entendre ce que des gens comme moi ont à leur dire, ils se complaisent dans cette espèce d’ignorance», s’agace-t-il.
Se décrivant à la fois comme un «patriote israélien» et un essayiste «propalestinien depuis toujours», il renchérit : «Je crois que les Palestiniens ont les mêmes droits que moi et ont un Etat à eux. Je me bats pour ça, nous sommes nombreux en Israël à le faire. S’en prendre à moi et aux universités qui sont des lieux de débats, […] c’est tout simplement contre productif.»