Menu
Libération
Le point du jour

Benyamin Nétanyahou reconnaît un «accident tragique» à Rafah, échanges de tirs à la frontière en Israël et Gaza... L’actu du conflit au Proche-Orient ce 27 mai

Frappe israélienne sur un camp de réfugiés à Rafah, tirs à la frontière en Egypte et Israël, tensions diplomatiques entre l’Etat hébreu et l’Espagne. L’essentiel des informations sur la guerre à Gaza ce lundi.
Une personne en deuil devant le corps d'un Palestinien tué lors d'une frappe israélienne sur une zone désignée pour les personnes déplacées à Rafah dans le sud de la bande de Gaza, le 27 mai 2024. (Mohammed Salem/Reuters)
publié le 27 mai 2024 à 12h14
(mis à jour le 27 mai 2024 à 17h45)

Chaque jour, Libé sélectionne les actualités les plus importantes concernant la guerre entre le Hamas et Israël et le conflit au Proche-Orient.

Un camp de réfugiés bombardé par Israël près de Rafah fait au moins 45 morts

L’attaque, survenue dimanche 26 mai au soir, aurait fait au moins 45 victimes. La présidence palestinienne a accusé Israël d’avoir «délibérément visé» le camp de personnes déplacées de Barkasat, géré par l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) au nord-ouest de Rafah. «Cet atroce massacre perpétré par les forces d’occupation israéliennes est un défi à toutes les résolutions internationales», a écrit la présidence palestinienne dans un communiqué. Selon la Défense civile palestinienne, la plupart des victimes sont des femmes et des enfants. L’armée israélienne a affirmé pour sa part qu’un de ses avions avait «frappé un complexe du Hamas à Rafah dans lequel opéraient d’importants terroristes», dont deux responsables du mouvement en Cisjordanie, Yacine Rabia et Khaled Nagar. «La frappe a été menée contre des cibles légitimes au regard du droit international, grâce à l’utilisation de munitions précises et sur la base de renseignements précis», a-t-elle assuré dans un communiqué. Elle a en outre indiqué «avoir connaissance d’informations selon lesquelles plusieurs civils dans la zone ont été blessés». «L’incident est en cours d’examen», a-t-elle ajouté. Avant de développer. «Nous examinons la question», a assuré Avi Hyman, porte-parole du gouvernement israélien. «C’était vraiment grave. Toute perte de vie, de vie civile est quelque chose de grave et d’affreux», a-t-il ajouté en affirmant par ailleurs qu’Israël cherchait à «limiter les pertes civiles».

Benyamin Nétanyahou reconnaît «un accident tragique», les Etats-Unis hausse le ton

Dans un rare exercice de contrition, le Premier ministre israélien a reconnu ce lundi devant des familles d’otages détenus dans la bande de Gaza que la frappe israélienne sur Rafah la veille était «un accident tragique». «A Rafah, nous avons évacué un million de résidents qui ne sont pas impliqués et, malgré tous les efforts déployés, un accident tragique s’est produit hier. Nous enquêtons sur ce qui s’est passé et nous en tirerons les conclusions», a déclaré Benyamin Nétanyahou au Parlement.

De son côté, la Maison Blanche s’est dite dans la soirée «bouleversée» par les images de la frappe israélienne survenue à Rafah qui a tué des «Palestiniens innocents». «Israël a le droit de s’en prendre au Hamas, et nous comprenons que cette frappe a tué deux terroristes de haut rang du Hamas […]. Mais comme nous l’avons dit clairement, Israël doit prendre toutes les précautions possibles pour protéger les civils», a déclaré un porte-parole du Conseil de sécurité national de la Maison Blanche, ajoutant que les Etats-Unis étaient «activement engagés pour comprendre ce qu’il s’est passé».

Après l’attaque à Rafah, l’Egypte fustige un «bombardement délibéré» sur «des tentes de déplacés»

L’Egypte a condamné ce lundi 27 mai au matin un «bombardement délibéré des forces israéliennes sur des tentes de déplacés» après l’attaque israélienne à Rafah. Au Caire, le ministère égyptien des Affaires étrangères a appelé dans un communiqué Israël à «mettre en œuvre les mesures édictées par la Cour internationale de justice (CIJ) concernant une cessation immédiate des opérations militaires» dans la ville palestinienne de Rafah, située à la frontière de l’Egypte. Le ministère a fustigé «une nouvelle violation flagrante des dispositions du droit international humanitaire». Déplorant un «évènement tragique», le communiqué dénonce un «ciblage des civils sans défense» et «une politique systématique visant à élargir le spectre de la mort et des destructions dans la bande de Gaza pour la rendre invivable».

Frappe à Rafah : l’ONU demande à Israël une enquête «complète et transparente»

L’émissaire de l’ONU pour le Proche-Orient a exigé lundi d’Israël une enquête «complète et transparente» après la frappe israélienne sur un camp de déplacés dimanche à Rafah, qui a tué 45 personnes, selon le ministère de la Santé du Hamas. «Je condamne les frappes israéliennes d’hier soir qui ont touché des tentes de personnes déplacés» à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, a écrit dans un communiqué Tor Wennesland. «Je demande aux autorités israéliennes de mener une enquête complète et transparente […] et de prendre des mesures immédiates pour mieux protéger les civils», a ajouté le diplomate. Le Haut-Commissaire aux droits de l’homme de l’ONU, Volker Türk, s’est de son côté dit «horrifié» lundi par le bombardement israélien. «Les images du camp sont horribles et montrent que les méthodes et moyens militaires utilisés par Israël, qui ont déjà conduit à tant de morts civiles, ne changent pas», a dénoncé Volker Türk dans un communiqué. Il a aussi condamné les tirs de missiles par des groupes armés palestiniens et réclamé la libération de tous les otages qu’ils détiennent.

En France, la gauche hausse le ton après le bombardement de Rafah

«Ce n’est pas une guerre : c’est une extermination.» Les mots du député LFI Jérôme Legavre font écho à l’atrocité des images en provenance de Rafah. Depuis, les réactions se multiplient à gauche, et notamment du côté de LFI. «L’abominable massacre des tentes du camp de réfugiés à Gaza résume ce que sont les assassins de cette armée de criminels de guerre et leurs chefs», s’indigne Jean-Luc Mélenchon. La cheffe des députés insoumis, Mathilde Panot, elle, répète inlassablement le mot «génocide». Les autres forces de gauche ne sont pas en reste. La patronne des députés verts, Cyrielle Chatelain, appelle à «sanctionner» Israël. Le boss du PS, Olivier Faure, fustige de son côté «une boucherie». «Aucune excuse ni justification. La France doit suivre l’Espagne. Il est impardonnable de gesticuler sans tout tenter pour arrêter la tragédie en cours», a-t-il ajouté, appelant donc Paris à reconnaître officiellement l’Etat palestinien, comme l’ont fait récemment l’Espagne mais aussi l’Irlande et la Norvège. La tête de liste PS aux européennes, Raphaël Glucksmann, a également haussé le ton : «Rien ne peut justifier de tels crimes, ces enfants brûlés vifs dans ces tentes qui leur tenaient lieu de refuge. Les dirigeants européens doivent sortir de leur tétanie et faire réellement pression sur Netanyahou. Maintenant.» Seront-ils entendus ?

L’armée égyptienne annonce la mort d’un garde-frontière dans des «tirs» à la frontière avec Rafah

L’armée égyptienne a annoncé lundi l’ouverture d’une enquête concernant la mort d’un garde-frontière dans des «tirs» à la zone frontalière de Rafah, entre l’Egypte et la bande de Gaza palestinienne où sont déployées des forces israéliennes. «Les forces armées égyptiennes, via les autorités compétentes, enquêtent sur des tirs à la zone frontalière de Rafah ayant entraîné la mort d’un des gardes», selon un communiqué publié par le porte-parole de l’armée égyptienne. L’armée israélienne avait pour sa part dit examiner un «incident» impliquant des «tirs» à la frontière égyptienne.

Israël interdit à l’Espagne tous services consulaires aux Palestiniens dès le 1er juin

Le ministère israélien des Affaires étrangères a ordonné ce lundi au consulat d’Espagne à Jérusalem de cesser ses services aux Palestiniens à partir du 1er juin, en riposte à la reconnaissance par Madrid de l’Etat de Palestine, selon un communiqué de la diplomatie israélienne. A compter de cette date, le consulat d’Espagne à Jérusalem sera «autorisé à délivrer des services consulaires aux résidents de la circonscription consulaire de Jérusalem uniquement, et (ne sera) pas autorisé à […] exercer une activité consulaire à l’égard des résidents de l’Autorité palestinienne», précise le communiqué. Le ministre des Affaires étrangères, Israël Katz, a déclaré dans un communiqué distinct : «aujourd’hui, j’ai mis en œuvre des mesures punitives préliminaires à l’encontre du consulat d’Espagne à Jérusalem, suite à la reconnaissance par le gouvernement espagnol d’un Etat palestinien».

Josep Borrell demande que les décisions prises par la Cour internationale de Justice sur Gaza soient respectées

Les décisions sur Gaza prises par la Cour internationale de Justice (CIJ), la plus haute juridiction de l’ONU, doivent être appliquées, a martelé ce lundi à Bruxelles le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell, avant une réunion des ministres des Affaires étrangères de l’UE et de plusieurs pays arabes. «Tout le monde est d’accord pour dire que les décisions de la Cour internationale de justice sont obligatoires et qu’elles doivent être mises en œuvre», a réaffirmé Josep Borrell, après l’ordre donné par cette cour à Israël de cesser «immédiatement» son offensive à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza. Mais «il y a réellement un dilemme sur la façon dont la communauté internationale peut contraindre à la mise en œuvre» de ces décisions, a-t-il reconnu. Les ministres de l’UE vont en discuter lundi matin avant de rencontrer leurs homologues égyptien, jordanien, qatari, émirati et le secrétaire général de la Ligue arabe, a ajouté Borrell devant la presse.

RSF dépose une nouvelle plainte devant la Cour pénale internationale

Reporters sans frontières (RSF) a déposé lundi une nouvelle plainte devant la Cour pénale internationale pour «crimes de guerre commis par Israël contre des journalistes», a annoncé l’organisation dans un communiqué. RSF appelle le procureur de la Cour pénale internationale «à enquêter sur des crimes commis contre au moins neuf reporters palestiniens entre le 15 décembre 2023 et le 20 mai 2024». Selon elle, plus de cent journalistes de Gaza ont été «tués par l’armée israélienne». Elle précise qu’il s’agit de sa troisième plainte sur la mort de journalistes à Gaza devant la CPI de La Haye, depuis celles des 31 octobre et du 22 décembre. Sa plainte spécifique de lundi fait état de «huit cas supplémentaires de journalistes palestiniens et d’un reporter blessé», tous «dans l’exercice de leurs fonctions».

La procureure de Paris annonce l’ouverture d’une information judiciaire autour des mains rouges taguées sur le Mémorial de la Shoah

La procureure de la République de Paris Laure Beccuau a annoncé ce lundi sur France info avoir «ouvert une information judiciaire vendredi» pour poursuivre les investigations sur les «mains rouges» taguées sur le Mémorial de la Shoah à Paris. Les enquêteurs, qui travaillent désormais sous l’égide de juges d’instruction, creusent la piste de trois suspects en fuite à l’étranger. Interrogée sur la piste d’une éventuelle ingérence étrangère, Mme Beccuau a déclaré ne pas pouvoir «confirmer» cette hypothèse. «Nous avons des pistes sur les auteurs», a déclaré la procureure, mais «je ne souhaite pas le dire tout de suite, et je ne me sens pas en capacité» à ce stade «d’adopter ce terme» d’ingérence étrangère. Dans la nuit du 13 au 14 mai, 35 tags représentant des mains rouges ont été peints sur le Mur des Justes, à l’extérieur du Mémorial, où sont apposées des plaques portant les noms des 3 900 hommes et femmes qui ont contribué à sauver des Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale.

Mise à jour : à 19h50, avec l’ajout de la déclaration du porte-parole du Conseil de sécurité national de la Maison Blanche.