Des dizaines de milliers de soldats israéliens autour d’un des territoires les plus densément peuplés de la planète. Et une décision aux conséquences militaires et humanitaires encore difficiles à concevoir. L’armée israélienne a ordonné lundi 9 octobre un «siège complet» de la bande de Gaza contrôlée par le Hamas. «Pas d’électricité, pas d’eau, pas de gaz», a lancé le ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant. «Nous combattons des animaux et nous allons donc les traiter comme tels.»
Dans la foulée, son homologue de l’Energie, Israël Katz, a ordonné la «coupure immédiate» de l’approvisionnement en eau de cette enclave palestinienne à laquelle Israël fournit 10 % de la consommation annuelle. L’électricité, quant à elle, est coupée depuis samedi soir dans ce mince territoire côtier de 41 kilomètres de long sur 6 à 12 kilomètres de large, peuplé de 2,3 millions de Palestiniens, soit près de 6 000 habitants au km².
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Israël, qui occupe la Cisjordanie depuis 1967, a annexé la partie orientale de Jérusalem et impose un blocus à Gaza depuis que le Hamas y a pris le pouvoir en 2007. En juin 2006, Israël avait déjà imposé un blocus terrestre, aérien et maritime à l’enclave après l’enlèvement d’un soldat israélien, Gilad Shalit qui sera libéré en 2011. L’Etat hébreu avait renforcé ce blocus en juin 2007. Depuis mai 2018, l’Egypte a le plus souvent laissé ouvert le poste-frontière de Rafah, unique ouverture sur le monde des Gazaouis qui ne soit pas aux mains d’Israël, après des années de fermeture quasi permanente.
Une guerre «longue et difficile», avertit Nétanyahou
Depuis 2008, le territoire de Gaza a été la cible de nombreuses – et très meurtrières – opérations militaires israéliennes en représailles d’actions militaires du Hamas. Notamment en juillet 2014, quand Israël lance l’opération «Bordure protectrice» pour faire cesser les tirs de roquette et détruire les tunnels creusés depuis l’enclave. La guerre fera 2 251 morts côté palestinien, en grande majorité des civils, et 74 morts côté israélien, quasiment tous des soldats.
Dès samedi, le Premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou a préparé les esprits à une guerre «longue et difficile», appelant les habitants de certaines zones de Gaza à les quitter avant les frappes israéliennes voire à une opération terrestre pour libérer les otages israéliens détenus par le Hamas.
Depuis samedi la guerre a d’ores et déjà fait plus de 123 000 déplacés dans la bande de Gaza, a annoncé ce lundi le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA).
Après avoir franchi la barrière frontalière qu’Israël considérait imprenable tôt samedi, des combattants du Hamas se sont engouffrés depuis la bande de Gaza dans des localités juives du sud du pays. L’offensive du Hamas a été lancée 50 ans et un jour après cette guerre qui avait pris Israël par surprise et fait 2 600 morts côté israélien, en trois semaines de combats.