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Libération
«Otages»

Cécile Kohler et Jacques Paris détenus en Iran sont «en train de mourir à petit feu», alertent leurs proches

Auditionnés au Sénat ce mercredi 5 mars, les proches des Français emprisonnés en Iran depuis 2022 ont livré leurs inquiétudes face à une situation de plus en plus délétère et ont déploré l’impuissance des autorités.
Mireille Kohler (tout à gauche), mère de Cécile Kohler, Alain Grondeau, père d'Olivier Grondeau (3e à gauche), Sylvie Arnaud et son fils, Louis, ancien détenu en Iran, et Thérèse Grondeau (2e à droite), père d'Olivier Grondeau, lors d'un rassemblement pour les Français détenus en Iran devant le Panthéon, le 1er février 2025 à Paris. (Sébastien Dupuy /AFP)
publié le 5 mars 2025 à 15h16
(mis à jour le 5 mars 2025 à 16h13)

Les Français détenus en Iran, que Paris qualifie d’«otages», sont en train de «mourir à petit feu», a alerté Noémie Kohler ce mercredi 5 mars, la sœur de l’une des détenues, lors d’une commission des Affaires étrangères du Sénat. Celle-ci a une nouvelle fois déploré les «conditions inhumaines» de leur détention.

Officiellement, trois Français sont toujours détenus en Iran, Cécile Kohler, 40 ans, Jacques Paris, 71 ans, et Olivier Grondeau, 34 ans, emprisonnés depuis 2022. Lors de son audition, Noémie Kohler s’est dite particulièrement inquiète pour Jacques Paris, le compagnon de sa sœur. Le couple, arrêté en mai 2022, est accusé d’«espionnage» et incarcéré dans la sinistre «section 209» de la prison d’Evin, où les détenus sont à l’isolement. «Jacques Paris est sans doute celui des trois otages sur lequel s’abat l’acharnement le plus dur. Il a 71 ans, dort sur des couvertures, n’a reçu que huit livres depuis le début de sa détention», a raconté Noémie Kohler, qui a pu le voir, ainsi que sa sœur, lors d’un appel en visio le 19 février.

«Démoli psychologiquement»

«J’ai été particulièrement choquée par son visage creusé. Ça me hante», a livré la jeune femme, expliquant que les geôliers faisaient miroiter des négociations et une prochaine libération aux détenus, exerçant ainsi une «véritable torture psychologique». «Quant à ma sœur, elle s’est autorisée pour la première fois à exprimer son désespoir. Elle nous a dit : “Je me suis battue, mais je n’ai plus la force, c’est trop dur, c’est trop long, on ne sortira jamais”», a-t-elle ajouté. «Ils sont en train de mourir à petit feu» et «nous sommes impuissants, les autorités françaises sont impuissantes».

Egalement auditionnée, Thérèse Grondeau, la mère d’Olivier Grondeau, dont le nom a récemment été médiatisé, a assuré que son fils était sorti «démoli psychologiquement» de ses dix semaines de garde à vue après son arrestation. Celui-ci est détenu à Evin dans des conditions «normales», mais «ce qui le hante, c’est combien de ses amis prisonniers il va retrouver le matin, car certains disparaissent et on sait qu’ils vont être exécutés. C’est terrible à vivre», a déploré la mère du détenu.

Un ancien otage, Louis Arnaud, libéré en juin après près de deux ans d’emprisonnement, a appelé à une «réponse forte et coordonnée au niveau européen» face à la «diplomatie des otages» pratiquée par Téhéran. L’Iran détient plusieurs Européens ou binationaux, qualifiés d’«otages d’Etat» par les chancelleries occidentales.