Tout s’accélère. Alors que Cécile Kohler et Jacques Paris sont sortis de prison mardi 4 novembre et désormais réfugiés à l’ambassade de France à Téhéran, l’Iran a annoncé ce mercredi 5 novembre que l’Iranienne Mahdieh Esfandiari, accusée d’apologie du terrorisme par la justice française et que Téhéran a proposé comme monnaie d’échange contre la libération des deux Français, se trouvait dans son ambassade à Paris.
Arrêtée en février et accusée d’apologie du terrorisme, Mahdieh Esfandiari avait obtenu le 22 octobre, contre l’avis du parquet, sa libération assortie d’un contrôle judiciaire lui interdisant de quitter la France, jusqu’à son procès prévu en janvier. «Notre citoyenne en France, Mme Esfandiari, est à présent libre, elle se trouve dans notre ambassade et nous espérons qu’elle rentrera quand son procès sera achevé», a déclaré ce mercredi le chef de la diplomatie iranienne Abbas Araghchi. Sollicité ce mercredi, après l’annonce de Téhéran, pour savoir si Mahdieh Esfandiari restait bien soumise à ce contrôle judiciaire, le parquet de Paris n’a pas répondu dans l’immédiat.
Une cellule de diffusion de propagande
Mahdieh Esfandiari est née en Iran il y a 39 ans. Diplômée en langue française, elle est arrivée en France après ses 20 ans, et a vécu à Lyon ces huit dernières années. Elle a ensuite développé un certain nombre d’activités sur le territoire français, dont la garde d’enfants et une entreprise de traduction, d’interprétariat et d’enseignement.
Le 28 février, alors qu’elle s’apprêtait à rentrer en Iran, elle a été interpellée à Villeurbanne, près de Lyon, puis placée en détention provisoire et mise en cause en même temps que deux ressortissants français. Les faits qui lui sont reprochés ? La trentenaire est soupçonnée d’avoir établi en France une cellule de diffusion de contenus de propagande sur les réseaux sociaux baptisée «Axe de la résistance», dont un certain nombre relevaient pour la justice de «l’apologie d’un acte de terrorisme, provocation directe en ligne à un acte de terrorisme ainsi qu’injures racistes et associations de malfaiteurs».
Lors de la perquisition de son domicile, des livres sur le régime iranien et plus de 2 000 euros en liquide avaient notamment été retrouvés.
Apologie du 7 Octobre
L’affaire a débuté le 30 octobre 2023, date à laquelle le Pôle national de lutte contre la haine en ligne (PNLH) a été saisi d’un signalement du ministère français de l’Intérieur relatif aux publications d’un compte public Telegram. Selon le parquet de Paris, ce compte faisait l’apologie de l’attaque terroriste menée par le Hamas le 7 octobre 2023 en Israël. «Une attaque qui fait le bonheur de milliards de gens dans le monde», avait notamment écrit Mahdieh Esfandiari, qui incitait à «sortir avec des fusils» et, pour ceux qui n’en auraient pas, avec «des couteaux et des hachoirs».
Quatre autres personnes doivent être jugées aux côtés de Mme Esfandiari en janvier. Parmi elles, Maurizio B. – qui s’est présenté comme son compagnon selon le Monde –, chez qui ont été retrouvés un exemplaire de Mein Kampf d’Adolf Hitler et une arme de poing, ainsi qu’Alain Soral, le polémiste d’extrême droite, qui devra répondre d’apologie du terrorisme en ligne et association de malfaiteurs. Résident en Suisse, il n’a jamais répondu aux convocations du juge d’instruction.
Monnaie d’échange
Le 11 septembre, le chef de la diplomatie iranienne avait annoncé à la surprise générale qu’un «accord» visant à échanger des «prisonniers» français en Iran contre une femme iranienne détenue en France approchait de sa «phase finale». L’Iran estimait que sa ressortissante était injustement détenue en France et demandait sa libération en échange de celle de Cécile Kohler et Jacques Paris.
«La libération de nos deux compatriotes Cécile Kohler et Jacques Paris intervient quelques jours après la remise en liberté de ma cliente», a commenté l’avocat de Mahdieh Esfandiari, Me Nabil Boudi. «Nous apprenons leur libération avec évidemment beaucoup de soulagement tout en rappelant que ma cliente a été détenue injustement», a-t-il ajouté.
Outre l’interdiction de quitter le territoire français, le contrôle judiciaire de Mahdieh Esfandiari, présumée innocente jusqu’à son procès, prévoyait également une «obligation de pointer au commissariat» et une «interdiction des réseaux sociaux». En octobre, son avocat expliquait qu’elle «attendait avec impatience» de «pouvoir s’expliquer» devant le tribunal lors du procès programmé du 13 au 16 janvier 2026 devant le tribunal correctionnel de Paris.
Mis à jour le 05/11/2025 à 12 h 25 avec éléments biographiques