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Libération
Le portrait

Céline Lebrun et Ramy Shaath, Le Caire nid d’amour

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L’enseignante et militante française s’est démenée pour faire libérer son époux, informaticien égypto-palestinien, incarcéré pour son opposition au général Al-Sissi.
Ramy Shaath et Céline Lebrun à Paris, le 24 janvier. (Emma Burlet/Libération)
publié le 1er mars 2022 à 18h53

Sans le quitter du regard pendant qu’il parle, elle sourit autant des lèvres que de ses petits yeux noirs bridés. Un regard de fierté et d’incrédulité. Céline Lebrun est encore sur un nuage quinze jours après avoir retrouvé à Paris son mari, Ramy Shaath, libéré de sa prison égyptienne. Le militant palestino-égyptien de 51 ans a passé neuf cents jours dans le redoutable centre pénitentiaire géant de Tora, dans la banlieue du Caire, sans jamais savoir «vraiment de quoi [il] était accusé», dit celui qui était l’une des figures de la révolution égyptienne en 2011 et de l’opposition à la dictature du général Abdel Fatah al-Sissi. Et qui dirigeait dans le même temps la campagne BDS («boycott-désinvestissement-sanctions») contre Israël.

Il était l’un des 60 000 prisonniers d’opinion en Egypte. Mais sa chance est d’avoir une épouse française qui, pendant neuf cents jours, «[se] demandait tous les matins ce qu’[elle] allait faire pour sortir Ramy de là», comme elle le raconte. La trentenaire a mené pendant plus de deux ans une campagne internationale et a réussi à mobiliser la diplomatie française jusqu’à l’intervention personnelle d’Emmanuel Macron. Le chef de l’Etat a nommément demandé à Abdel Fatah al-Sissi, en visite officielle en France en décembre 2020, la libération de Ramy Shaath.

Le sentiment de victoire domine clairement le traum