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Conflit

Cessez-le-feu au Liban : Israël bombarde la banlieue sud de Beyrouth, Macron va parler à Trump

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Après quatre mois de trêve, l’armée israélienne a bombardé ce vendredi 28 mars la banlieue sud de Beyrouth, la capitale libanaise. Une réponse militaire à des tirs de roquettes sur l’Etat hébreu.
De la fumée s'élève du site d'une frappe israélienne dans le sud de Beyrouth le 28 mars 2025. (Fadel Itani /AFP)
publié le 28 mars 2025 à 13h55
(mis à jour le 28 mars 2025 à 16h23)

Une première après quatre mois de trêve. L’armée israélienne a lancé vendredi 28 mars une nouvelle offensive aérienne, ciblant la banlieue sud de Beyrouth, un bastion du Hezbollah. Plus tôt ce vendredi, Tsahal avait fait part de sa volonté de mener des frappes contre des cibles de la milice chiite dans le sud du Liban, frontalier d’Israël après avoir essuyé le tir de deux «projectiles» dont l’un a été intercepté et l’autre est tombé sur le sol libanais. C’est la deuxième fois depuis le début du cessez-le-feu que des roquettes sont tirées depuis le Liban vers Israël. La précédente attaque de roquettes remontait au 22 mars.

La frappe israélienne a visé le quartier de Hadath, densément peuplé et abritant des écoles. Le porte-parole arabophone de l’armée israélienne, Avichay Adraee, avait appelé peu avant les habitants de ce quartier à évacuer une zone située autour «d’installations du Hezbollah», en pointant un bâtiment marqué en rouge sur une carte. L’agence de presse libanaise Ani a fait état d’une «opération de ratissage» dans une localité libanaise proche de la frontière. Elle a signalé des tirs d’artillerie aux abords de Naqoura, qui abrite le quartier général de la Finul, la force de paix de l’ONU, ainsi que des raids aériens dans la région montagneuse de Jezzine, au nord du fleuve Litani, où le Hezbollah était censé se retirer. Un premier bilan des frappes israéliennes du jour fait état d’un mort et 18 blessés parmi lesquels dont trois enfants, dans le village de Kfar Tebnit.

«Nous agirons avec force face à toute menace», prévient Israël

Ce n’est pas la première fois que Tsahal bombarde cette zone territoriale du sud du Liban. La région a été la cible de bombardements intenses durant les deux mois de guerre ouverte qui ont opposé Israël au mouvement libanais soutenu par l’Iran. Avant la mise en vigueur d’un fragile cessez-le-feu le 27 novembre.

Israël frappera «partout au Liban contre toute menace», a mis en garde le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou ce vendredi après-midi : «Quiconque n’a pas encore compris la nouvelle situation au Liban a reçu aujourd’hui un nouvel exemple de notre détermination». Avant d’ajouter : «L’équation a changé (...) Nous ne permettrons pas le plus petit tir sur nos localités» et «nous continuerons (...) de frapper partout au Liban contre toute menace envers l’Etat d’Israël».

Plus tôt dans la journée, Israël Katz, ministre israélien de la Défense, avait prévenu : «S’il n’y a pas de calme à Kiryat Shmona et dans les localités de Galilée», dans le nord d’Israël, «il n’y aura pas de calme à Beyrouth». Et de souligner : «Le gouvernement libanais porte une responsabilité directe pour tout tir vers la Galilée. Nous ne permettrons pas un retour à la réalité du 7 octobre. Nous garantirons la sécurité des habitants de la Galilée et agirons avec force face à toute menace.»

De son côté, le Hezbollah a nié être à l’origine de ces tirs, soutenu en cela par le président libanais, pour qui «tout indique» que la milice «n’est pas responsable» des frappes. Face au risque d’une escalade, le Premier ministre libanais, Nawaf Salam, qui dénonce une «dangereuse escalade», a ordonné au commandant en chef de l’armée, Rodolphe Haykal, «d’agir rapidement pour […] identifier les auteurs de l’acte irresponsable que constituent les tirs de roquettes et qui menace la sécurité et la stabilité du Liban». Il a en outre réaffirmé «l’engagement total du Liban à appliquer la résolution 1701 et […] à faire en sorte que seule l’armée libanaise soit chargée de protéger les frontières […] et que seul l’Etat libanais décide de la guerre et de la paix».

Emmanuel Macron a de son côté jugé que les frappes israéliennes étaient «inacceptables» et qu’elles faisaient «le jeu du Hezbollah». Il a par ailleurs indiqué qu’il s’entretiendrait avec Donald Trump «dans les prochaines heures» et avec Benyamin Nétanyahou «dans les deux jours». «Il est absolument nécessaire que le cadre (de cessez-le-feu) que nous avons défini, qui a été agréé par le Liban et par Israël, soit dûment respecté, a précisé Emmanuel Macron. Il n’a pas été respecté aujourd’hui par Israël de manière unilatérale et sans que nous ayons eu ni informations ni preuve de faits générateurs»

Depuis le retrait incomplet des soldats israéliens du sud du Liban le 15 février, Israël continue de mener des frappes en territoire libanais et les deux parties s’accusent régulièrement de violer la trêve. Ces hostilités, qui ont dégénéré en guerre ouverte en septembre 2024, ont fait plus de 4 000 morts au Liban et contraint plus d’un million de personnes à fuir.

Du côté israélien, le bilan se monte à 78 morts, parmi lesquels 48 soldats en plus des 56 soldats tombés lors d’une offensive au sol déclenchée au Liban à la fin du mois de septembre, selon des données officielles.

Mis à jour : à 16 h 19 avec les déclarations du Premier ministre israélien.