Atef, le jeune bédouin, et Abou Mazen, l’officier druze à la retraite, appartiennent à deux camps adverses. Mi-juillet, ils ont tous les deux échappé à la mort in extremis en Syrie, dans la province de Soueïda, dans le sud-ouest, théâtre d’une nouvelle flambée de violences entre leurs deux communautés mi-juillet.
Depuis plusieurs semaines, Abou Mazen est réfugié avec sa femme dans l’appartement d’un proche à Jaramana, dans la banlieue de Damas, après avoir quitté Qarassa, dans le nord-ouest de la province de Soueïda. Le couple de sexagénaires vivait dans la maison qu’il s’était fait construire au sommet du village montagneux quand il a été attaqué.
«Ils nous ont alignés contre le mur extérieur de notre maison et quatre tireurs s’apprêtaient à nous exécuter», raconte l’ancien membre de l’armée syrienne au sein de laquelle il a passé près d’une trentaine d’années. «Quand les musulmans sunnites ont commencé à attaquer, je pouvais tout observer depuis ma terrasse qui surplombe le village», se remémore-t-il, évoquant douze heures de bombardements non-stop, de 9 heures du matin à 9 heures du soir pendant les premiers jours de l’offensive. «Je voyais les fumées se dégager des maisons tandis que les gens fuyaient comme ils pouvaient dans les voitures, poursuit l’homme. Une fois le village quasiment vidé de ses habitants, de nouveaux groupes d’assaillants l’ont investi, des centaines d’hommes ont saccagé, pillé, puis brûlé les maisons.»
«Pas le temps de nous retourner»
Large carrure et voix