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Crise économique

Chute de la livre  turque: à Edirne, les touristes étrangers en font leurs affaires

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La ville à la frontière entre la Bulgarie et la Grèce attire des consommateurs venus profiter de la crise en Turquie pour acheter objets et vêtements à bas prix.
Le supermarché Ulus, à Edirne, dans le nord de la Turquie. (Suzan Pektas/Libération)
par Anne-Sophie Faivre Le Cadre, envoyée spéciale à Edirne
publié le 23 janvier 2022 à 22h46

Ils sont venus par milliers, à grand renfort de cars immatriculés en Grèce ou en Bulgarie, traînant des chariots débordant de vêtements, attirés par la promesse d’achats bradés à la faveur de la chute de la livre turque. Edirne, autrefois capitale de l’empire ottoman, est aujourd’hui une destination prisée pour un tourisme d’un genre nouveau. Au cœur de cette province limitrophe de trois pays, Bulgares, Grecs et Turcs s’efforcent de naviguer entre les vents changeants de l’économie et de la géopolitique pour améliorer leurs vies.

Dans les allées du grand marché du vendredi – où un panneau souhaite la bienvenue aux visiteurs dans trois alphabets différents –, on trouve des culottes à 10 centimes, d’étranges peluches jouant du saxophone en plastique, des bas de contention jaune fluo et une kyrielle de vêtements contrefaits. Une aubaine pour les touristes bulgares confrontés à une forte poussée inflationniste. «Des produits d’entretien, des affaires pour les enfants… Tout ce qui est devenu cher chez nous, on peut se le permettre ici», se réjouit Fikret, un homme aux mains tatouées, venu avec ses deux petits-fils. Le sexagénaire s’offre une virée turque tous les trois mois, pour faire le plein de denrées consommables à bas prix. «Evidemment, dès que les vendeurs voient qu’on descend des bus, ils montent les prix. Mais ça reste une aubaine pour nous. On dépense environ 400 euros par voyage.» Comme de nombreux voyageurs, Fikret doit son séjour à une agence spécialisée