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Embrasement

Cibles, victimes, riposte… Le point sur les frappes israéliennes en Iran ce vendredi soir

L’Etat hébreu a lancé très tôt ce vendredi 13 juin l’opération «Rising Lion». «Libé» résume les différents événements depuis le début de journée.

Manifestation à Téhéran après les frappes sur l'Iran, ce vendredi 13 juin. (Atta Kenare /AFP)
Publié le 13/06/2025 à 13h18, mis à jour le 13/06/2025 à 19h25

Une attaque en pleine nuit qui s’est poursuivie tout au long de la journée. Israël a lancé ce vendredi 13 juin l’opération «Rising Lion», visant à frapper de nombreux sites nucléaires iraniens et à abattre certains des dirigeants du pays. L’attaque, massive, a largement fait réagir la communauté internationale. L’Iran a de son côté commencé à riposter, en envoyant une centaine de drones vers Israël.

Que s’est-il passé ?

L’opération «Rising Lion» a été lancée en pleine nuit, après qu’Israël en a informé certains dirigeants occidentaux (Donald Trump et le chancelier allemand, Friedrich Merz, avaient notamment été mis au courant). Environ 200 avions israéliens et des drones chargés d’explosifs ont visé plusieurs cibles, essentiellement des sites nucléaires. Le site d’enrichissement d’uranium de Natanz (dans le centre du pays) a notamment été ciblé «plusieurs fois», selon la télévision d’Etat iranienne. Les frappes ont continué dans la matinée, Benyamin Nétanyahou avertissant que l’opération militaire durerait «de nombreux jours». Israël «a frappé au cœur du programme de missiles balistiques de l’Iran», a affirmé le dirigeant, saluant une opération «couronnée de succès».

Les dégâts humains ont aussi été considérables : Israël a assuré avoir tué la plupart de la chaîne de commandement de l’armée de l’air iranienne. Le général Hossein Salami, chef des Gardiens de la Révolution, le chef d’état-major iranien, le général Mohammed Bagheri, et six scientifiques du programme nucléaire iranien au moins ont été assassinés. 95 personnes, dont des femmes et enfants, ont également été blessées dans de «fortes explosions» qui ont touché des immeubles résidentiels de la capitale, selon la télévision d’Etat.

Les frappes surviennent alors que la pression ne cessait d’augmenter sur l’Iran à propos de son programme nucléaire, Israël et des Etats occidentaux soupçonnant le pays de vouloir se doter de l’arme atomique, ce que dément Téhéran. Les dirigeants iraniens avaient déclaré vouloir augmenter de manière «significative» leur production d’uranium enrichi avec la construction prochaine d’un nouveau site d’enrichissement, en réponse à l’adoption jeudi par l’AIEA d’une résolution le condamnant pour «non-respect» de ses obligations en matière nucléaire. L’Iran est le seul Etat non doté d’armes nucléaires à enrichir de l’uranium au niveau de 60 %, selon l’agence basée à Vienne. Il faut un minerai enrichi à 90 % pour fabriquer une bombe atomique.

Quelques heures plus tard, en fin de journée vendredi, plusieurs autres explosions ont retenti dans les villes de Shahriar et Malard et autour du quartier de Chitgar à Téhéran, selon l’agence de presse officielle Irna, qui précise, pour l’heure, que leur origine n’est pas encore connue.

L’Iran promet «les portes de l’enfer» à Israël

Quelques heures après le début de l’attaque, les forces armées iraniennes ont prévenu que leur riposte serait «sans limites». Quant aux Etats-Unis, allié indéfectible de l’Etat hébreu, ils seront «responsables des conséquences» de cette «déclaration de guerre», a assuré Téhéran. Le président iranien, Massoud Pezeshkian, s’est fait très menaçant. «La réponse légitime et puissante de la république islamique d’Iran fera regretter à l’ennemi son acte insensé», a-t-il dit dans une allocution vidéo diffusée à la télévision d’État. Mohammad Pakpour, le nouveau chef des Gardiens de la Révolution, n’a pas été moins menaçant : «Les portes de l’enfer s’ouvriront bientôt sur ce régime», a tonné le remplaçant de Hossein Salami, tué dans la frappe israélienne vendredi.

Environ 100 drones ont entretemps été lancés depuis l’Iran vers Israël, selon l’Etat hébreu. Ils ont été interceptés pas Tsahal avant de toucher leurs cibles. La Jordanie, voisine d’Israël, a également déclaré avoir intercepté des drones et des missiles qui avaient violé son espace aérien. La dernière attaque israélienne contre l’Iran annoncée publiquement remonte à octobre 2024 quand Israël avait dit avoir mené des raids aériens sur des cibles militaires en représailles au tir de quelque 200 missiles iraniens vers le territoire israélien. Mais elle n’avait pas l’ampleur de celle de ce vendredi.

Comment a réagi la communauté internationale ?

Sans surprise, les dirigeants étrangers ont, pour la plupart, appelé, à l’instar des Nations unies, à la retenue pour éviter un embrasement régional. Mais beaucoup ont soutenu l’Iran ou Israël en fonction de leurs intérêts propres. Aux Etats-Unis, Donald Trump a ainsi déclaré qu’il était prêt à «défendre Israël si l’Iran ripostait» et a assuré que les dirigeants iraniens qui avaient refusé de conclure un accord avec lui étaient désormais «tous morts».

Par la voix du ministre des Affaires étrangères et d’Emmanuel Macron, qui s’est entretenu avec Donald Trump puis Benyamin Nétanyahou, la France a appelé à la désescalade tout en martelant qu’Israël a le droit de «se défendre contre toute attaque» et que le «programme nucléaire iranien» est préoccupant. Une déclaration reprise presque mot pour mot par le chancelier allemand, Friedrich Merz, qui s’est entretenu avec les dirigeants français et britanniques.

Prévue le 17 juin à New York, la conférence des Nations-Unies sur la reconnaissance d’un Etat palestinien a été reportée. Le Conseil de sécurité de l’ONU doit par ailleurs se réunir en urgence ce vendredi à 21 heures heure de Paris.

Des espaces aériens et ambassades fermés, des Français de la Flottille pour Gaza bloqués

L’escalade a entraîné des annulations en cascade. Air France, Air India, Emirates, Lufthansa ou Qatar Airways ont annoncé ce vendredi la suspension de dizaines de vols vers et depuis le Moyen-Orient, ou prévoyant un survol de la région. Air France a notamment prévu de suspendre ses vols entre Paris et Tel-Aviv jusqu’au 17 juin, tout en maintenant ses liaisons vers le Liban et les autres aéroports de la région. Israël, l’Iran, mais aussi l’Irak et la Jordanie ont par ailleurs fermé leur espace aérien vendredi matin.

Les unes après les autres, plusieurs ambassades d’Israël à travers le globe ont annoncé leur fermeture au public.«A la lumière des récents développements, les missions israéliennes dans le monde seront fermées et les services consulaires ne seront pas fournis», annonce un message publié sur les sites d’ambassades dans plusieurs pays, dont la France, les Etats-Unis, le Royaume-Uni, l’Allemagne, la Russie, l’Ukraine, les Pays-Bas, la Suède, la Norvège, le Nigeria et le Ghana.

Par effet domino, les deux derniers Français de la «Flotille de la Liberté» encore en Israël, le journaliste Yanis Mhamdi et l’ingénieur et marin amateur Pascal Maurieras, n’ont pas pu être expulsés. Ils devaient rentrer en France ce vendredi. Mais «en raison de l’escalade actuelle entre Israël et l’Iran, les autorités israéliennes ont fermé l’espace aérien et les vols d’expulsion prévus aujourd’hui ont été brusquement annulés», explique Blast, l’employeur de Yanis Mhamdi, sur son site internet. Ils sont donc toujours détenus, avec un Néerlandais qui était également sur le bateau, dans la prison de Givon.

Mise à jour à 19 h 25 avec les informations de la journée.