«On est près d’un grand feu. Et là, les gens sont en morceaux à cause du missile.» Avec la candeur naïve de ses 6 ans, Ali raconte au téléphone à son cousin du même âge ce qui vient de se passer sur le pas de la porte. «Ils emmènent les gens à l’hôpital… J’espère qu’ils vont pouvoir les recoller.» Quelques minutes plus tôt, l’un des drones israéliens qui survole quotidiennement le village d’Ain Baal au Sud-Liban, a fendu le ciel pour frapper une voiture, tuant un civil et un haut gradé du Hezbollah. Depuis huit mois, plus de 450 Libanais, dont 90 civils, sont morts sous le feu de Tsahal, selon l’AFP.
«J’ai l’impression que notre vie dépend du hasard», formule Siham, la grand-mère d’Ali. Le petit, lui, s’inquiète de savoir si le missile n’a pas arraché les semis de fraises qu’ils venaient de planter ensemble dans le jardin. L’attaque a ravivé pour Siham le traumatisme des guerres passées et de l’occupation israélienne. Elle, qui soutient les mouvements laïques, a l’impression d’être coincée dans un entre-deux que lui impose le conflit. «Je sais que dans l’idéal, l’armée devrait être aux commandes ici. Mais qui va nous protéger dans l’immédiat ? s’interroge-t-elle. Doit-on dire au Hezbollah de se retirer, d’abandonner le sud à Israël en attendant que l’Etat soit de nouveau sur pied ? Je ne soutiens pas le Hezbollah pour les affaires internes, mais ils sont la dernière digue contre Israël.» Alors qu’une nouvelle guerre plombe le pays, le