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Diplomatie

Conflit ukrainien: Erdogan conjure son échec économique en s’imposant comme médiateur sur la scène internationale

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A la faveur de la guerre en Ukraine, la Turquie s’impose à nouveau à l’échelle mondiale, même si sa situation économique limite sa marge de manœuvre. Le président Poutine recevra d’ailleurs vendredi 5 août à Sotchi son homologue turc.
Recep Tayyip Erdogan lors de sa rencontre avec Vladimir Poutine à Téhéran, le 19 juillet. (AP)
par Blandine Lavignon, correspondante à Tbilissi
publié le 4 août 2022 à 17h11

Comme un funambule, la Turquie avance en cherchant l’équilibre. D’un côté, Moscou, avec qui elle entretient des relations économiques et énergétiques d’importance. De l’autre, Kyiv, à qui elle a vendu des drones et interdit ses eaux aux navires moscovites. La Turquie a bien compris l’intérêt d’un jeu d’équilibriste entre l’agresseur et l’agressé, alors que la guerre en Ukraine s’est imposée depuis février comme le principal sujet sur la scène internationale. Pourparlers à Istanbul, transit du blé ukrainien dans les eaux turques… Depuis le début de la guerre, le pays est omniprésent et s’impose comme un acteur clef.

Entretenant de bonnes relations avec Moscou comme avec Kyiv, la posture du régime turc lui permet de s’imposer comme un médiateur modéré essentiel dans la crise. «Ankara pratique la diplomatie du grand écart, et ce n’est pas une nouveauté. Tout en restant dans le cadre de l’Otan, elle intensifie ces dernières années ses relations avec la Russie, par exemple en achetant du matériel militaire russe. Il y a cette idée de diplomatie de connivence : on reste dans ses axes d’appartenance tout en négociant à la marge des accords selon les intérêts», analyse Jean Marcou, spécialiste de la Turquie et titulaire de la chaire Méditerranée et Moyen-Orient à Sciences Po Grenoble.

Ankara marche sur des œufs

Des relations qui lui permet