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Proche-Orient

Crimes de guerre de l’armée israélienne à Gaza : «Chez nous, il n’y a pas de volonté d’humaniser l’autre»

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Guerre au Proche-Orientdossier
Si les langues des soldats israéliens passés par l’enfer de Gaza se délient peu à peu sur des crimes commis dans l’enclave palestinienne, la pression populaire pour la fin de la guerre, elle, n’émerge toujours pas.
Des Israéliens observent la bande de Gaza au loin, sur une colline dans le sud de Sderot, le 5 janvier 2025. (Menahem Kahana /AFP)
par Nicolas Rouger, correspondant à Tel-Aviv
publié le 11 janvier 2025 à 18h12

Il est jeune, très jeune, la vingtaine encore naissante, une timidité naturelle dans la voix, le regard fuyant parfois. Ce que décrit cet officier israélien dans une unité d’infanterie, déployée dans Gaza dès le début de la guerre, pourrait le mettre en danger. C’était le milieu de mars 2024. «Nous étions au sud de l’hôpital Al-Shifa, raconte le jeune soldat. Un officier du renseignement militaire est venu avec deux Palestiniens. L’un d’entre eux avait 16 ans, l’autre dans la vingtaine. Ils ne ressemblaient pas à des terroristes, mais l’officier m’a dit qu’ils étaient liés au 7 Octobre. Il m’a dit d’utiliser la procédure du moustique. J’ai tout de suite su ce qu’il voulait dire.»

Le principe, celui du bouclier humain, est aussi simple qu’illégal aux yeux du droit, international comme israélien. Lorsque le soldat demande à son commandant pourquoi envoyer ces deux Palestiniens vers une mort probable, celui-ci répond «que la vie de nos soldats est plus importante que la leur». «Ils ont ouvert des portes, des fenêtres, le chemin. L’opération, pendant laquelle nous avons nettoyé quatre ou cinq bâtiments, a duré plusieurs heures, témoigne le jeune officier. L’adolescent était tétanisé, il ne parlait pas la plupart du temps. L’autre essayait de l