Gros coup de pression. Face au «déni de réalité» des responsables politiques libanais, cinq pays alliés de Beyrouth – la France, les Etats-Unis, l’Arabie Saoudite, le Qatar et l’Egypte – perdent patience et menacent de revoir leur soutien financier à Beyrouth, a indiqué mardi 26 septembre l’envoyé spécial français pour le Liban et ancien ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian. Ce dernier a par ailleurs proposé aux deux camps politiques de trouver une «troisième voie» pour élire un président, faute de quoi le pays, plongé dans la crise politique, sera menacé dans son «existence même».
«Jeux tactiques aux dépens de l’intérêt du pays»
Pour Le Drian, la situation est sans appel. «Le pronostic vital de l’Etat libanais lui-même est engagé. Il y va de la survie du Liban», alerte-t-il dans un entretien accordé à l’AFP, trois mois après le début de sa mission. Avec la faillite économique du pays, accompagnée d’une inflation «de plus de 200 %» et d’un chômage endémique, «les responsables politiques sont dans un déni qui les amène à poursuivre des jeux tactiques aux dépens de l’intérêt du pays», accuse-t-il.
La France, les Etats-Unis, l’Arabie Saoudite, le Qatar et l’Egypte avaient tenu une réunion le 19 septembre en marge de l’Assemblée générale de l’ONU à New York sans publier de communiqué final. «Les cinq sont totalement unis, profondément irrités et s’interrogent sur la pérennité de leurs financements au Liban alors que les responsables politiques se complaisent dans l’irresponsabilité», pointe Jean-Yves Le Drian. Les sanctions envers ceux qui bloquent tout compromis restent aussi une arme possible. «C’est évidemment une hypothèse», fait-il observer, même s’il reste convaincu qu’un «sursaut est possible».
Douze tentatives infructueuses
Depuis la fin du mandat du président Michel Aoun le 31 octobre 2022, les deux camps en présence, le puissant Hezbollah pro-iranien et ses alliés d’un côté, leurs adversaires de l’autre, s’acharnent à vouloir faire élire leur candidat au Parlement alors qu’aucun des deux n’y détient la majorité. «Ni l’un ni l’autre ne peut l’emporter. Aucune des deux solutions ne peut marcher», martèle l’envoyé spécial, au retour d’un troisième voyage à Beyrouth. Depuis un an, le Parlement s’est réuni douze fois, sans succès, pour élire le président.
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Le Hezbollah soutient l’ancien ministre Sleiman Frangié, proche de Damas, et ses adversaires Jihad Azour, un responsable du Fonds monétaire international. Parmi les alternatives possibles, le nom du chef d’état-major de l’armée, Joseph Aoun, a commencé à circuler. En vertu du système confessionnel de partage du pouvoir, la présidence du Liban est réservée à un chrétien maronite.