La crise n’a pas de visage, la crise en a des millions. Etouffée sous le fardeau d’un marasme financier interminable, la classe moyenne de Turquie suffoque. Alors que la livre turque a atteint lundi son plus bas niveau historique, dévissant à 9,34 livres pour un dollar américain, la population fait les frais du plongeon de la devise ayant perdu près d’un cinquième de sa valeur face à la monnaie verte. Depuis 2018, le pays s’enfonce dans une crise monétaire et financière entraînant une inflation estimée à 20 % – soit l’un des taux les plus élevés du monde. Partisan de la croissance à tout prix, le Président, Recep Tayyip Erdogan, est adepte de thèses à rebours de la pensée économique classique. Il soutient par exemple que la baisse des taux d’intérêt entraîne une baisse de l’inflation, contrairement à ce qu’affirment la plupart des économistes.
Sa pression sur la banque centrale de Turquie, censée être indépendante, est également une source d’inquiétude pour les marchés. Dans la nuit du 13 octobre, Erdogan a ainsi limogé par décret trois membres du Comité de politique monétaire de l’institution qui n’étaient pas favorables au maintien de la baisse des taux d’intérêt. Point d’orgue de cette semaine noire pour l’économie turque, le pays devrait bientôt figurer sur la «liste grise» d’un organisme mondial de surveillance financière pour ses manquements dans la lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme, selon le