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Libération
Provocation

«Croisade contre l’Etat juif» : après ses déclarations de Singapour, Emmanuel Macron de nouveau attaqué par des ministres israéliens

Les déclarations du Président appelant à ne pas «laisser faire» Israël ont suscité de violentes réponses des ministères de la Défense et des Affaires étrangères.
Le ministre israélien des Affaires étrangères, Israël Katz, à Jérusalem le 10 novembre 2024. (Menahem Kahana/AFP)
publié le 30 mai 2025 à 16h46

Les amabilités se poursuivent entre la France et Israël. Aux déclarations d’Emmanuel Macron assurant depuis Singapour que la reconnaissance d’un Etat palestinien n’était «pas simplement un devoir moral, mais une exigence politique», le ministre de la Défense Israël Katz a répondu par la défiance : «Aujourd’hui nous revenons ici avec la décision de rétablir la communauté», a-t-il déclaré depuis l’avant-poste de colonisation de Sa-Nur, au nord de la Cisjordanie.

«C’est […] un message clair [au président français Emmanuel] Macron et à ses amis : ils reconnaîtront un Etat palestinien sur le papier, et nous construirons ici l’Etat juif israélien sur le terrain», a-t-il appuyé. «Le papier sera jeté à la poubelle de l’histoire et l’Etat d’Israël prospérera et fleurira.»

Ancienne colonie démantelée par Israël dans le cadre du plan de retrait unilatéral de la bande de Gaza décidé par Ariel Sharon en 2005, Sa-Nur fait partie des 22 colonies qu’Israël a annoncé jeudi 29 mai installer en Cisjordanie. Un plan vivement contesté à l’international, et notamment par Emmanuel Macron qui, depuis Singapour, a mis en garde ses alliés : si les Occidentaux «abandonnent Gaza» et «laissent faire Israël», ils risquent de «perdre toute crédibilité à l’égard du reste du monde».

Israël nie encore le blocus humanitaire

Pas de quoi inciter Israël à retenir ses coups, le ministère des Affaires étrangères répliquant en accusant le chef de l’Etat français d’être «en croisade contre l’Etat juif». «Il n’y a pas de blocus humanitaire. C’est un mensonge flagrant», a poursuivi la diplomatie israélienne en mentionnant l’acheminement – contesté – de l’aide dans le territoire palestinien.

«Au lieu de faire pression sur les terroristes jihadistes, Macron veut les récompenser en leur donnant un Etat palestinien», a poursuivi le ministère, alors que la France se prépare à reconnaitre l’Etat palestinien, le 18 juin, là où Israël entend au contraire y «construire l’Etat juif». Et de prolonger l’outrance à destination du président français : «Il ne fait aucun doute que sa fête nationale sera le 7 Octobre», en référence à l’attaque sans précédent du Hamas en Israël.