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Libération
Reportage

Dans la manifestation pour Rafah à Paris, «quand on voit les images de ce qui s’est passé, on ne peut pas ne pas réagir»

Environ 10 000 personnes ont manifesté dans la capitale, comme dans d’autres villes de France ce lundi 27 mai, en soutien aux Palestiniens après la frappe israélienne qui a tué au moins 45 personnes dans un camp de réfugiés du sud de la bande de Gaza, la veille.
Des manifestants rassemblés à Paris en solidarité aux Palestiniens, ce lundi 27 mai 2024. (Geoffroy Van Der Hasselt/AFP)
publié le 27 mai 2024 à 21h53

Pour un rassemblement organisé en quelques heures à peine, la mobilisation est impressionnante, en écho à l’horreur du nouveau drame qui a frappé les Gazaouis. A quelques pas de la gare Saint-Lazare à Paris, la place Saint-Augustin est noire de monde, ce lundi 27 mai en fin d’après-midi, et il faut jouer des coudes pour s’y frayer un passage. 10 000 personnes, selon la préfecture de police, se sont rassemblées pour manifester leur colère et leur indignation au lendemain de l’attaque perpétrée par Israël contre le camp de déplacés de Barkasat à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza. La frappe, que le Premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou lui-même a décrite comme un «incident tragique», a tué au moins 45 personnes, dont une majorité de femmes et d’enfants, selon les autorités gazaouies, et choqué le monde entier.

«Gaza ! Gaza ! Paris est avec toi !» «Enfants de Gaza, enfants de Palestine ! C’est l’humanité qu’on assassine !» Au son des slogans maintenant scandés depuis plus de sept mois de guerre entre le Hamas et Israël, la foule déborde sur le boulevard Haussmann, où un autobus est bloqué, noyé parmi les drapeaux palestiniens.

«Quand on voit les images de ce qui s’est passé hier, on ne peut pas ne pas réagir. L’humanité ne peut pas tolérer ça», s’étrangle Mouna, employée quinquagénaire de l’hôpital public, qui assiste à sa troisième manifestation en soutien à la bande de Gaza, depuis le début de la guerre le 7 octobre. Dans le cortège, beaucoup de lycéens et d’étudiants, parfois membres des comités Palestine qui organisent ces dernières semaines, tant bien que mal, la mobilisation des jeunes contre la guerre dans l’enclave. Ameur, 24 ans, raconte sa «consternation» et son sentiment qu’un «palier dans l’horreur a été franchi» avec l’attaque du camp de déplacés de Barkasat.

«Transmettre leurs voix»

«Tout le monde, même la Cour internationale de justice, avait averti que si Israël attaquait Rafah, ce serait un carnage. Là, on atteint un point de non-retour», énonce le député La France insoumise (LFI) de Seine-Saint-Denis Thomas Portes, présent avec une dizaine de ses collègues. Le parti de gauche, qui a placé la question palestinienne au cœur de sa campagne pour les élections européennes, avait appelé au rassemblement, de même que les Verts et que les sections franciliennes des syndicats CGT ou Solidaires. «Mais même si nous n’avions pas convoqué ce rassemblement, il aurait eu lieu quand même, tellement l’émotion est forte», assure Thomas Portes, qui exhorte Emmanuel Macron à «agir enfin et arrêter de tweeter». Sur le réseau social X, le président de la République s’est dit «indigné», appelant l’Etat hébreu «au plein respect du droit international et au cessez-le-feu immédiat».

De Lyon à Strasbourg en passant par Montpellier, Lille et Rouen, des manifestations de solidarité avec la cause palestinienne et en faveur d’un cessez-le-feu se sont aussi déroulées dans toute la France ce lundi. A Paris, Clara, étudiante en lettres, porte une casquette et une pancarte «Nous sommes vos voix» écrite en lettres rouges, noires et vertes, aux couleurs du drapeau palestinien. La jeune fille raconte avoir assisté la semaine dernière au concert de soutien à la Palestine, au Zénith de Paris, où elle a entendu le récit d’Imane, une infirmière de retour de l’enclave palestinienne. «Elle nous a expliqué que s’il y avait une chose dont les Palestiniens avaient besoin, c’était qu’on relaie leur souffrance. Que le monde sache ce qui se passe là-bas. C’est pour ça qu’on est là, pour transmettre leur voix», souffle-t-elle.