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Libération
Reportage

Dans le Golan occupé, les Israéliens face à un choix existentiel

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Guerre au Proche-Orientdossier
Le territoire, annexé illégalement par l’Etat hébreu en 1981, sera au centre des relations entre Israël et le nouveau gouvernement syrien.
Un tank israélien en Syrie, après la chute de Bachar al-Assad, vu depuis les hauteurs du Golan, le 23 décembre 2024. (Ronen Zvulun/REUTERS)
par Nicolas Rouger, envoyé spécial dans le Golan occupé
publié le 26 décembre 2024 à 8h34

Le lieu-dit de Kafr Fiq, sur le plateau du Golan annexé par Israël en 1981, a une vue imprenable sur le lac de Tibériade. Des ruines de pierre noire grossièrement retapées longent un chemin agréable qui mène à une source. On s’y baigne l’été. Un oued le sépare du kibboutz propret d’Afik, établi en 1972 : une pancarte explique que le nom préserve celui d’un village antique et d’une ville biblique. Une victoire plurimillénaire des Israélites sur les Araméens, deux gravures anciennes de ménorah ; à le lire, tout démontre son patrimoine juif.

Une phrase étonne : «Le village, dont le nom arabe est aussi Fik, a été abandonné en 1967.» C’est une formulation que contesterait sans doute l’économiste syrien Hussein al-Charaa, qui y est né. Il avait 21 ans quand la guerre de 1967 a forcé sa famille, et les 2 812 habitants du village, à se réfugier derrière les lignes syriennes. Lui s’était enfui quatre ans plus tôt, essayant d’échapper à la répression du gouvernement syrien qu’il contestait déjà. Nassériste, emprisonné à plusieurs reprises, il n’est revenu en Syrie qu’en 1989, avec deux fils, dont le cadet, Ahmed, aura choisi de rendre hommage à sa lignée en se rebellant contre Bachar al-Assad sous le nom