Les sirènes ont sonné vers 6h30 à Kiryat Bialik, une banlieue prolétaire d’Haïfa, le grand port de Galilée. «Nous sommes descendus dans l’abri. J’ai juste eu le temps de fermer la porte, et il y a eu un boum, puis un autre plus intense, suivi d’une pluie de débris», décrit Abraham, 57 ans. La roquette du Hezbollah a frappé la ruelle d’en face. Cassée en deux, elle a ricoché contre deux maisons, en détruisant une par le souffle et l’autre par le feu. Trois personnes ont été blessées. L’abri, qui dessert quatre appartements, est encore bordélique, entre cagibi et dépotoir. «Maintenant qu’il y a une guerre, peut-être qu’on commencera à en prendre soin», lâche un voisin, en virant quelques curieux. Non loin de là, un jeune de 17 ans est mort dans un accident de voiture après que le conducteur ait paniqué à cause des sirènes.
Sur les 150 projectiles envoyés par le Hezbollah sur Israël dans la nuit de samedi à dimanche, seule une poignée a percé le Dôme de fer, le bouclier antimissiles qui protège les communautés habitées. Le barrage de tirs visait, selon le mouvement libanais, la base aérienne de Ramat David, et le quartier général de l’entreprise Rafael, constructeur du Dôme de fer, qui occupe un grand complexe à Kiryat Bialik. Cette réponse initiale aux attaques catastrophiques de Tsahal de la dernière semaine a montré une certaine retenue du Hezbollah ; mais les Israéliens craignent maintenant que la guerre s’étende, que le statu quo quitte la zone frontalière pou