Menu
Libération
Chute de Bachar al-Assad

Dans le nord-est syrien, le «grand jeu» des influences régionales

Article réservé aux abonnés
Entre retrait russe, incertitudes américaines, appétit turc et ambitions saoudiennes, la reconfiguration en cours prend la forme d’un casse-tête. Une bataille cruciale qui déterminera le futur de la région autonome arabo-kurde.
Des membres des forces de sécurité arabo-kurdes patrouillent dans les rues de Raqqa, en Syrie, peu avant le couvre-feu, le 14 janvier 2025. (Laurent Perpigna Iban/Hans Lucas pour Libération)
par Laurent Perpigna Iban, Envoyé spécial dans le nord-est syrien
publié le 25 janvier 2025 à 14h26

C’est une forteresse déchue qui se tient, nue, en contrebas de la voie rapide reliant les villes de Raqqa et de Kobané. A hauteur de la localité de Aïn Issa, un bâtiment militaire aux couleurs incertaines retranché derrière un épais mur de béton et des sacs de sable, fend l’horizon. Il hissait encore pavillon russe il y a un mois et demi.

Déployées à la faveur de la guerre syrienne, les forces du Kremlin ont quitté le site peu après la chute de Bachar al-Assad, le 8 décembre. A quelques mètres de la base désormais déserte, Abdelkrim Hamoud el-Ali, un commerçant de 49 ans, raconte : «Nous avons vu leurs véhicules partir en file indienne. Nous les avons suivis quelques minutes pour savoir où ils allaient. La majeure partie a pris la route qui mène à Alep afin de rejoindre Tartous, mais d’autres ont disparu dans le sens inverse, et ont rallié Qamichli», explique-t-il.

A ses côtés, Aïssa el-Ali, lui aussi commerçant, poursuit : «Les Russes n’ont jamais eu la moindre interaction avec la population, nous ne les voyions que lorsqu’ils se déplaçaient. C’est bien qu’ils soient partis. Néanmoins, il f