C’est à la lumière des pleins phares que Farah découvre les ruines de sa maison. Au premier jour du cessez-le-feu entre Israël et le Liban, elle vient de faire huit heures d’un trajet épuisant depuis Beyrouth, prise dans le cortège de ceux qui, depuis deux mois, avaient dû fuir la cité côtière de Tyr au Sud-Liban. En clair-obscur, sa voiture éclaire les restes d’un immeuble de la vieille ville qui avait pourtant survécu à toutes les guerres précédentes. Devant elle, la façade d’un autre semble prête à s’effondrer, et un immense cratère dévore le quartier près de la rue Rachid-Karamé. «Où est-ce que l’on va dormir ? interroge-t-elle. La maison de ma sœur a les vitres brisées et les portes arrachées. Elle est infestée de rats. Je vais peut-être devoir retourner à Beyrouth.»
Ce soir-là, ils sont des milliers comme elle, à découvrir