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Libération
Reportage

Dans le sud du Liban, on se prépare, seul, à la guerre

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Guerre au Proche-Orientdossier
Alors que le spectre d’une guerre n’a jamais été aussi menaçant dans la région, la majorité des habitants ont fui les villages de la frontière libano-israélienne. Ceux qui restent s’attendent au pire… ou s’apprêtent à se battre.
Le cortège organisé par le Hezbollah après la mort de trois hommes deux jours plutôt, à Nabatieh, ce vendredi. (Aline Deschamps/Libération)
par Arthur Sarradin, Envoyé spécial à la frontière libano-israélienne
publié le 28 octobre 2023 à 19h43

C’est un spectacle de mort méticuleusement orchestré. A Nabatieh, fief du Hezbollah dans le sud du Liban, un cortège est organisé après la mort de trois hommes mercredi 25 octobre, à la frontière avec Israël. Depuis le début de la guerre entre le Hamas et l’Etat hébreux, les tensions n’ont jamais été aussi intenses dans la région. Les échanges de tirs sont quotidiens et la milice chiite alliée du Hamas menace d’ouvrir un nouveau front. Dans une foule de milliers de partisans, trois cercueils sont portés à bout de bras. Les hommes jouent des coudes pour caresser le linceul aux couleurs du Hezbollah qui recouvre le corps d’un shahid, un «martyr». Ali, un peu du poids d’un corps sur l’épaule, a le visage écarlate. «Chaque mort est un pas de plus vers Jérusalem ! hurle-t-il à en perdre la voix. La victoire arrive, nous sommes prêts à la guerre, nous avons les armes ! Qu’ils entrent à Gaza, ou au Liban, nous allons les détruire !» Les hommes en noirs autour de lui psalmodient, puis grondent, poing en l’air : «Morts à Israël ! Mort à l’Amérique !»

«J’espère que lui aussi sera un martyr»

Hassan n’a pas l’air intéressé par la foule. Il n’a que deux ans après tout. Il regarde ahuri la procession en boulottant quelques chips, perché sur les épaules de sa mère qui sanglote. Elle ne connaissait aucun des trois morts mais «p