Depuis dix mois, Ali a pris l’habitude d’entendre les frappes israéliennes. Alors que la nuit tombe sur Nabatieh, au Sud-Liban, huit d’entre elles rompent le silence qui enveloppe la ville. Leur écho paraît lointain… c’en est presque rassurant. Avant de descendre au centre-ville, le jeune homme, la vingtaine, a pris avec lui un portrait de son meilleur ami. Lui aussi s’appelait Ali. «Ali-Lotfi Farran, mort en martyr sur la route de Jérusalem.» C’est par cette épitaphe apposée sous leur effigie que le Hezbollah désigne ses combattants morts dans la guerre en cours à la frontière depuis le 8 octobre.
Reportage
«Il s’est sacrifié pour notre nation», argue Ali, plongé dans le regard figé de feu son ami. Quand il parle de lui, il ne prononce presque jamais le nom du Hezbollah, qu’il nomme toujours «al-Muqawama», la résistance en arabe. «Parce que pour moi, le Hezbollah, c’est avant tout ce qui nous a libérés de l’occupation»,<