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Reportage

Dans les collines au sud de Hébron, «les colons profitent de la guerre»

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Guerre au Proche-Orientdossier
En Cisjordanie, la violence liée à la colonisation, dénoncée de longue date par les associations de défense des droits de l’homme, s’est amplifiée depuis l’attaque du Hamas.
Des drapeaux israéliens le long d’une route de Cisjordanie, lundi 30 octobre. (Rafael Yaghobzadeh/Libération)
par Nicolas Rouger, Envoyé spécial à Tuwani et Susya (Cisjordanie)
publié le 31 octobre 2023 à 7h12

Dimanche 29 octobre, dans la nuit, des colons armés sont entrés dans la petite communauté bédouine d’Umm al-Khair, surplombée par la colonie proprette de Carmel, à 15 kilomètres au sud de Hébron. «Ils ont confisqué les téléphones. Et, le fusil en joue, ils ont ordonné à un militant palestinien de chanter des slogans contre le Hamas, à la gloire d’Israël», raconte Nasser Nawajah. Avant de partir, ils ont pris les drapeaux palestiniens et menacé les habitants du pire s’ils ne hissaient pas un drapeau israélien avant 19 heures, lundi.

Cela fait des années que ce militant des droits de l’homme répertorie ces violations dans cette région aride au sud de Hébron. Nasser Nawajah, employé par l’association israélienne B’tselem, connaît le problème de première main. Son village de Susya, à quelques kilomètres au sud d’Umm al-Khair, est entouré de colonies. «Pendant des années, l’Etat a soutenu les colons pour qu’ils se débarrassent des Palestiniens en zone C, juge-t-il en parlant des deux tiers de la Cisjordanie sous le contrôle total d’Israël. Mais maintenant, ils profitent de la guerre pour prendre cela entre leurs mains.»

Depuis le début de la guerre, les colons ont troqué leurs habits de cow-boys messianiques pour les treillis de Tsahal. Des Palestiniens sont régulièrement arrêtés, harcelés. A Susya, cinq colons armés et masqués sont arrivés dans la nuit de samedi. «Ils m’ont menacé, moi, ma femme et mes deux filles de 7 et 9 ans, explique Ahmed, la trent