Dans les ruelles de Girê, petite bourgade de 500 habitants, un soleil de plomb frappe les habitations. Le village kurde, adossé à la frontière turque, est fait de murs approximatifs en terre crue, de sols craquelés par la chaleur, de venelles silencieuses et d’ombres bien trop rares. Il est également fait de manques : pas d’électricité depuis quinze jours, sécheresse depuis des semaines, absence de soutien financier étatique depuis des décennies.
Aussi rural que pauvre, Girê s’inscrit dans cette Syrie laissée pour compte et affectée de longue date par tous les maux : la brutalité du régime déchu des Assad, une économie extrêmement dégradée par les sanctions internationales, ainsi que les incessantes frappes turques, qui font régner la terreur jusque dans les bergeries.
Assis en tailleur dans son salon, Said Ali, 57 ans, essuie patiemment les gouttes de sueur qui ruissellent de son crâne. «Nous n’avons plus d’électricité depuis deux semaines, le générateur du village est tombé en panne. Notre quotidien est terriblement difficile, cela ne date pas d’hier. Les sanctions nous ont rendu la vie impossible et