Yaser al Rayyes est un miraculé. A 25 ans, il fait partie de la poignée de Palestiniens à avoir réussi à fuir l’enfer de la bande de Gaza, écrasée par les bombes et la faim par l’armée israélienne depuis près de deux ans. Depuis le 4 juin, le jeune homme au visage angélique, barbe de trois jours et collier en argent frappé de la carte de la Palestine, a trouvé refuge chez la famille Tinard, en Bretagne, dans la ville de Concarneau. Dans cette maison aux murs blanchis à la chaux et au toit d’ardoise, décorée de souvenirs de voyages, Yaser découvre un quotidien impensable il y a encore quelques mois : des repas joyeux autour de la grande table familiale, des expéditions en voilier sur l’océan, et surtout le silence de la nuit, sans drones ni explosions.
Dans cette cité portuaire du Finistère de 20 000 habitants, l’exilé salue les commerçants en français, s’initie aux échecs, et rit aux blagues de Linda, la fille de 4 ans de Jérôme et Emna Tinard, aux cheveux blonds ondulés et au sourire malicieux. Mais derrière cette apparente normalité, Yaser reste hanté par la guerre et rong