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Témoignage

De Gaza à Paris, récit d’une évacuation inespérée : «En partant, nous avons fui la mort»

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Gaza, l'engrenagedossier
Ahmad A., 75 ans, est sorti de l’enclave palestinienne le 16 avril avec son épouse et un groupe d’une soixantaine de personnes «ayant un lien avec la France». Il raconte à «Libé» les conditions de son évacuation.
Ahmad A, Palestinien de 75 ans, dans le XVIIe arrondissement à Paris, mardi 29 avril 2025, une dizaine de jours après son évacuation de la bande de Gaza. (Louisa Ben /Libération)
publié le 1er mai 2025 à 12h00

Une terrasse bruyante et ensoleillée de l’Ouest parisien, ce mardi après-midi. Ahmad A. est assis là, devant un citron pressé, avec ses fils Akram, venu du nord de l’Europe pour le voir, et Mohamed (1), qui héberge son paternel à son domicile, dans une commune des Hauts-de-Seine. Le père de famille, âgé de 75 ans, vient tout juste d’arriver en France. De quitter avec son épouse, Kamilah, sa bande de Gaza natale, après avoir subi pendant dix-neuf mois l’horreur de la guerre menée par Israël dans l’enclave palestinienne en représailles aux attaques terroristes du Hamas du 7 octobre 2023. «J’avais l’impression d’être dans un cauchemar, dit-il. Ici, je suis en sécurité.»

Les deux septuagénaires ont atterri à l’aéroport d’Orly vendredi 18 avril, dans le cadre d’une opération d’évacuation qui concernait au total 59 personnes «ayant un lien avec la France», selon une source diplomatique - des ayants droit de ressortissants français ou d’agents de l’Institut français de Gaza, ou des agents eux-mêmes. Parce que leur fils Mohamed, qui vit dans l’Hexagone depuis plus de vingt ans, dispose de la nationalité française, Ahmad et Kamilah ont été inscrits tôt sur les listes consulaires de personnes autorisées à quitter l’enclave. Mais les autorités israéliennes n’avaient pas donné leur aval, jusque-là, à leur évacuation.

«Je n’y croyais plus»

Aux premiers mois de la guerre, de toute façon, Ahmad ne voulait pas vraiment partir. Pas question d’abandonner sur place ses six autres enfants qui vive