Depuis sa création, Libération défend les droits des Palestiniens et la «solution à deux Etats». La précision est importante : Libération n’a jamais remis en cause l’existence d’Israël mais le journal n’a eu de cesse de dénoncer l’occupation des territoires palestiniens – contraire aux lois internationales. En fonction des périodes et des tragédies, le ton a varié mais le journal ne s’est jamais éloigné de cette ligne. Le 8 octobre 1973, l’offensive des armées arabes contre Israël bouleverse ainsi l’équipe. Le 12, paraît un éditorial non signé (mais à coup sûr rédigé par Serge July) et titré «Libération et la guerre» : «La guerre israélo-arabe divise profondément les progressistes en France.[…] A la rédaction de Libé, les choses ne sont pas non plus très simples. Certains d’entre nous sont d’origine juive. Certains soutiennent les armées arabes, d’autres ont peur que la victoire arabe ne signifie un nouveau malheur pour le peuple juif. […] Il nous apparaît comme une nécessité absolue que ces points de vue, ces craintes s’expriment aussi dans le journal. […] En fin de compte, notre orientation, c’est le droit des peuples, de tous les peuples à disposer d’eux-mêmes. Le peuple israélien comme le peuple palestinien.»
Le 23 août 1982, alors que les forces de l’OLP (Organisation de libération de la Palestine) viennent d’être défaites après un siège de deux mois à Beyrouth et se réfugient en Tunisie, le cofondateur de Libé s’inquiète des