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Libération
Reportage

Des Beyrouthins toujours blessés et effondrés par le traumatisme de l’explosion

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Explosions à Beyrouth: la colère des Libanaisdossier
Les habitants de la capitale libanaise tentent de se relever un an après l’explosion, dans une ville en réparation et malgré les pénuries et l’incurie de la classe politique.
Un motocycliste s'arrête devant le port de Beyrouth, sur la route Charles-Helou, la semaine dernière. Une fresque citoyenne rend hommage aux victimes de l'explosion du 4 août 2020. (ALINE DESCHAMPS/Libération)
par Clotilde Bigot, correspondance à Beyrouth et photo Aline Deschamps
publié le 2 août 2021 à 19h57

Ils sont là, encore debout, presque à nous narguer. Quasiment intacts lorsqu’on les dépasse en venant de la place des Martyrs, haut lieu de la révolution, mais en lambeaux lorsqu’on arrive depuis le quartier animé de Mar Mikhael. Ils sont déchirés mais gardent la tête haute, trônant au milieu du chaos. Ce sont les silos du port de Beyrouth, le symbole même de l’explosion du 4 août 2020, qui a arraché plus de 200 vies et en a blessé 6 500 autres. Ils ont protégé une partie de la ville grâce à leur structure solide, remarqués et placés sur la carte par de nombreux Beyrouthins, ne les ayant jamais vraiment regardés.

Le Liban est aujourd’hui à l’image de ces silos. D’un côté, une image policée d’un pays qui «fait la fête malgré tout», dont la résilience et une certaine modernité séduisent les Occidentaux. De l’autre, un pays en phase d’écroulement, qui ne peut fournir à son peuple ni essence, ni électricité, ni médicaments depuis des mois. Un an après la plus violente explosion qu’elle ait connue, Beyrouth est une capitale qui tente de se relever mais ne cesse de trébucher. On y croise des bâtiments anciens qui ne tiennent plus qu’avec des échafaudages en guise de cannes, dans un pays qui reste sous perfusion internationale, où ses responsables politiques n’essaient même pas de faire changer les choses.