De nouvelles violences, alors même qu’une rencontre «politico-sécuritaire» entre Israéliens et Palestiniens était en cours ce dimanche. Deux jeunes Israéliens ont été tués par balles, dans une attaque contre leur voiture, dans le nord de la Cisjordanie occupée, sur la route principale à Huwara, près de Naplouse. «Deux Israéliens ont été tués dans un attentat terroriste palestinien», peut-on lire dans un communiqué conjoint de Benyamin Nétanyahou et de son ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir. «Notre réponse au terrorisme est de le combattre avec force et de renforcer nos racines sur notre terre.»

Ces violences interviennent alors que se tenait dimanche en Jordanie une rencontre entre responsables palestiniens et israéliens pour tenter de mettre un terme à la spirale de violences observées depuis le début de l’année, après l’entrée en fonction fin décembre du gouvernement formé par le Premier ministre Benyamin Nétanyahou (droite) avec des alliés d’extrême droite et de formations juives ultraorthodoxes.

Dans un communiqué conjoint publié à l’issue de cette réunion, la première du genre depuis des années, et à laquelle participaient également des représentants jordaniens, américains et égyptiens, les deux camps se sont engagés à «prévenir toute nouvelle violence» et à œuvrer en vue d’une «désescalade». Ils ont prévu de se retrouver à nouveau le mois prochain dans la ville de Charm el-Cheikh, en Egypte.

L’attaque de dimanche confirme toutefois que le fil du dialogue, tout juste renoué, demeure extrêmement ténu. L’armée israélienne a indiqué qu’un «terroriste [avait] ouvert le feu sur un véhicule israélien» et que des soldats avaient ensuite bouclé le secteur pour des opérations de recherche. Le Conseil régional Shomron, qui gère les colonies juives dans cette zone, a identifié les deux victimes comme étant deux frères, Hillel et Yagel Yaniv, habitants de la colonie de Har Bracha, proche du lieu de l’attaque, âgés respectivement de 22 et 20 ans.

Dans la soirée, des colons appelant à la vengeance ont incendié des dizaines de maison à Huwara, selon l’agence palestinienne wafa. L’armée israélienne a annoncé avoir évacué des dizaines de Palestiniens de leurs maisons menacées par des incendies.

La Croix-Rouge palestinienne a annoncé de son côté que 98 personnes avaient été soignées dans les incidents dans la zone, la majorité de suffocation à la suite d’inhalation de gaz lacrymogène, alors que les services de secours israéliens faisaient état de trois blessés israéliens après des jets de pierres.

Un Palestinien de 37 ans, Sameh Aqtash, a en outre été tué par balles dans la soirée à Zaatara, un village près de Naplouse, a indiqué le ministère de la Santé palestinien.

Dans une vidéo diffusée par ses services, le Premier ministre israélien a appelé au calme. «Je vous demande même si le sang est encore chaud et les esprits échauffés de ne pas faire justice soi-même mais de laisser les forces de sécurité accomplir leur mission», a déclaré Benyamin Nétanyahou.

Dans son communiqué conjoint avec son ministre de la Sécurité nationale, le chef du gouvernement avait annoncé qu’un comité ministériel avait voté en faveur d’une «proposition de loi ouvrant la possibilité pour un tribunal d’infliger la peine de mort aux terroristes». Un texte très controversé, et pour cause : la peine de mort n’a été appliquée qu’une fois par la justice civile en Israël, à l’encontre du criminel de guerre nazi Adolf Eichmann, en 1962.

Les tensions de ce dimanche surviennent quelques jours après un raid extrêmement violent mené, mercredi, par l’armée israélienne, dans la Vieille ville de Naplouse, à la recherche, selon Tsahal, de suspects impliqués dans des attaques anti-israéliennes, passées ou à venir. Selon le ministère palestinien de la Santé, onze Palestiniens ont été tués et plus de 80 blessés par balle au cours de cette opération, la plus meurtrière depuis 2005 en Cisjordanie.

Depuis le début de l’année, le conflit israélo-palestinien a coûté la vie à 62 Palestiniens (parmi lesquels des membres de groupes armés et des civils incluant des mineurs) et à 11 civils (dont trois mineurs) et un policier israélien ainsi qu’une Ukrainienne, selon un décompte de l’AFP réalisé à partir de sources officielles israéliennes et palestiniennes.

Mis à jour à 21h55 avec représailles de colons et mort d’un Palestinien