Pas un instant la chorale pétaradante des moteurs ne se tait le long de l’avenue Bechara al-Khoury. Les voitures filent sous l’imposante statue de celui qui donna son nom à l’artère, qu’on peine à croire aussi ventripotent que le suggèrent les quatre mètres de bronze figés sur leur socle. Premier président de la République libanaise, Bechara-al-Khoury demeure une figure historique dont la libération, après son arrestation par le pouvoir mandataire français, le 11 novembre 1943 continue de marquer le jour de la fête nationale de l’indépendance du pays, cette même année. Une date qui pour d’autres pourtant, n’est que dans le droit fil d’une continuité d’ingérences, puisque le père fondateur fut porté au pouvoir par les Britanniques, inaugurant une longue tradition d’exécutifs dictés de l’extérieur. Comme souvent au pays du Cèdre, tout n’est finalement qu’affaire de lecture, si bien que de part et d’autre de l’avenue Bechara-al-Khoury, des Liban contradictoires se font toujours face.
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Le quartier de Basta s’étend au dos de la statue. Layla, sexagénaire, y a vécu toute sa vie, après que ses parents, originaires du Sud, y ont immigré pour travailler dans les industries voisines d’où montaient les «beaux et gros ronronnements des métiers à tisser». Dans le nord du quartier, les rues n’ont fait que vieillir depuis et dégorgent aujourd’hui de gros câbles électriques. Aux murs, les portraits de quelques «martyrs» de la dernière guerre, si les éboulis rocailleux des immeubles dis