Enquêtrice senior pour Amnesty international, Donatella Rovera travaille depuis une trentaine d’années sur la documentation des crimes de guerre et des abus des droits humains. Elle a exercé sur nombre de conflits au Moyen-Orient en se rendant habituellement sur le terrain pour mener ses enquêtes auprès des populations et des témoins, aidée par sa maîtrise de la langue arabe. Elle a séjourné à plusieurs reprises à Gaza dans le passé, mais ne peut se rendre aujourd’hui sur place dans l’enclave bouclée de toutes parts. Elle a pu toutefois réunir des éléments sur le conflit en cours qui ont donné lieu à un premier rapport publié par Amnesty International sur cinq attaques israéliennes contre la bande de Gaza, qui ont eu lieu entre le 7 et le 12 octobre.
Comment parvenez-vous à enquêter à distance aujourd’hui sur ce qu’il se passe à Gaza ?
C’est évidemment compliqué pour différentes raisons. D’abord, les contacts sur place sont difficiles à cause du manque d’électricité et de réseau internet. D’autant que les gens quittent leur résidence habituelle pour fuir les bombardements et on ne peut donc pas toujours identifier les lieux et les identités des victimes et des témoins. Mais j’ai recours à plusieurs ressources pour vérifier les informations.
Lesquelles ? Des photos ou vidéos ?
Oui, on analyse des images satellites, on vérifie des photos et des vidéos et, aussi, j’essaie de parler directement et le plus possible avec des survivants ou des témoins oculaires. Mais je s