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Libération
Reportage

D’un 7 octobre à l’autre, le long de la route 232 entre la bande de Gaza et Israël

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Attaques terroristes du 7 octobredossier
Notre correspondant en Israël était sur les lieux des massacres en 2023. En y retournant un an plus tard, il a trouvé dans les traces des combats les stigmates de deux sociétés brisées. Et un peu de ses illusions perdues.
Des victimes du Hamas sur une route de Sderot, dans le sud d'Israël, le 7 octobre 2023. (Ammar Awad /Reuters)
par Nicolas Rouger, correspondant à Tel-Aviv
publié le 6 octobre 2024 à 21h03

Un cadavre boursouflé au milieu de la route. La couverture de survie qui avait été jetée sur lui a glissé peu à peu, révélant son torse nu. Il est resté là plusieurs jours, au carrefour des routes 4 et 34, à Yad Mordechai, à quelques kilomètres de Gaza. Autour de lui, les télévisions du monde entier essayaient de voler une image de l’enclave en arrière-plan, pour faire leurs duplex sans montrer les soldats israéliens qui bloquent la route. Au bout d’un moment, ses yeux ont commencé à sortir de leurs orbites, et même les jeunes Israéliens qui se moquaient régulièrement de lui l’ont abandonné. Un jour, le corps a disparu. C’était sans doute celui d’un terroriste du Hamas. C’était au carrefour de Yad Mordechai. C’était le 7 Octobre et les jours d’après. C’était la guerre, la vraie.

Je suis correspondant en Israël et en Palestine depuis six ans. Il y a eu le Covid, des élections à n’en plus finir, un soulèvement populaire des Palestiniens en 2021 et au moins deux escalades mortelles avec Gaza. Il y avait le jour sans fin de la violence idéologique, de l’accaparement des terres palestiniennes en