Dernier otage israélo-américain détenu par le Hamas, Edan Alexander est le premier à être relâché dans le cadre de la visite de Donald Trump au Moyen-Orient, débutée lundi 12 mai. Il aura passé plus de 19 mois de captivité. Sa libération, en amont de l’arrivée du milliardaire américain, avait été présentée par Israël comme «un geste [du mouvement islamiste] envers les Américains, sans condition». Elle a permis une suspension temporaire des bombardements à Gaza, offrant un rare répit à ses habitants.
L’armée israélienne a confirmé dans la soirée de lundi que l’ex-otage lui avait bien été remis dans la bande de Gaza, avant de franchir la frontière pour entrer en territoire israélien. Il sera soumis à des examens médicaux avant de retrouver sa famille, selon l’armée.
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Lors de son enlèvement le 7 octobre, cela faisait moins d’un an qu’Edan Alexander, 21 ans, s’est enrôlé dans l’armée israélienne. «Notre fils Edan a tout quitté, ses amis, ses études potentielles, sa vie confortable aux Etats-Unis et nous, sa famille, pour immigrer seul en Israël et s’engager dans la brigade Golani, afin de défendre le pays qu’il aime tant», racontaient ses parents.
Lorsque l’assaut terroriste est lancé, le jeune homme − qui a alors 19 ans − est de garde en bordure de la bande de Gaza, dans le poste militaire où il est stationné, près du kibboutz Nirim. Son dernier appel est pour sa mère : «Maman, ne demande pas ce qui se passe ici. Je vois des choses terribles, comme la Seconde Guerre mondiale. J’ai reçu un éclat d’obus dans mon casque, mais je vais bien.»
Le jeune soldat aura passé plus de 500 jours dans les tunnels gazaouis, et sa famille a reçu plusieurs signes de vie. Une première fois en novembre 2023, lors de la libération d’otages : certains d’entre eux ont assuré l’avoir vu, menotté dans les souterrains. Un an plus tard, en novembre 2024, Idan Alexander apparaît dans une vidéo de propagande du Hamas, le visage pâle, des cernes sous les yeux.
Une vidéo puis une perte de contact
La dernière preuve de vie est toute récente, le 12 avril dernier. Dans cette nouvelle vidéo, le jeune homme semble baisser les bras, s’exprimant manifestement sous la contrainte : «Il n‘y a plus d’espoir». «Je vois que Nétanyahou contrôle l’Etat comme un dictateur… j’ai entendu il y a quelques semaines que le Hamas était prêt à me libérer mais vous avez refusé et vous m’avez abandonné», déplorait-il.
Il disait vouloir rentrer chez lui pour célébrer les fêtes, alors qu’Israël célébrait Pessah, la Pâque juive. «Tous, le gouvernement israélien, l’administration américaine et l’armée, ont menti à mon peuple», lançait-il, avant de s’adresser à Donald Trump : «J’ai cru que tu réussirais à me faire sortir d’ici vivant».
Le 15 avril, le Hamas avait affirmé avoir «perdu le contact» avec le groupe détenant Edan Alexander, après une frappe israélienne à Gaza, accentuant les inquiétudes sur son sort. Cinq jours plus tard, sa grand-mère israélienne Varda Ben Baruch s’était rendue à la lisière de la bande de Gaza, avec les proches d’autres otages, et lui avait lancé un appel, selon une vidéo transmise par le Forum des familles d’otages : «Edanile (diminutif affectueux de Edan en hébreu), c’est grand-mère qui te parle […] Nous avons reçu un signe de vie de ta part la nuit de Pâque […] Reste fort. Nous t’aimons et nous faisons tout notre possible pour que tu sois libéré et que tous les otages rentrent chez eux. Edanile, je suis peut-être fatiguée, mais je n‘abandonne pas. Grand-mère n‘abandonne pas son petit-fils !»
Un «jeune Américain typique»
Selon un journal local d’un comté du New Jersey où il a grandi, ses amis et ses proches décrivent Edan Alexander comme un adolescent chaleureux, drôle et athlétique. Dans une interview au journal, son père, Adi Alexander, le présente comme un «jeune Américain typique», fan de l’équipe de basket New York Knicks, aimant la natation et passer du temps avec ses amis.
Né à Tel-Aviv de parents israéliens, Adi et Yael, Edan avait déménagé avec sa famille a déménagé aux Etats-Unis alors qu’il était encore bébé, d’abord dans le Maryland, avant de s’installer en 2008 à Tenafly, dans le New Jersey. Le jeune homme, très sportif, se rendait souvent en Israël pour rendre visite à ses grands-parents et y avait célébré sa bar mitzvah (rite de passage à l’âge adulte dans le judaïsme), selon le journal NorthJersey. Sur les 251 personnes enlevées en Israël le 7 Octobre, 57 sont encore retenues à Gaza, dont 34 déclarées mortes par l’armée israélienne.