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Libération
Arrestation

Emirats arabes unis : détention d’un activiste politique et intellectuel égypto-turc

L’activiste politique et poète égypto-turc, Abdul Rahman al-Qaradawi est en détention aux Emirats arabes unis depuis le 8 janvier. Une arrestation injustifiée, selon son avocat Rodney Dixon KC.
Abdul Rahman al-Qaradawi, en octobre 2018 à Istanbul (Turquie). (Ozan Kose /AFP)
publié le 22 mai 2025 à 18h31

«Nous vous demandons, en tant que nouveau Premier ministre du Liban, d’enquêter sur les circonstances du transfert de Monsieur al-Qaradawi aux Emirats arabes unis et de prendre toutes les mesures nécessaires pour assurer son retour.» Dans une lettre adressée début mai au Premier ministre libanais, Nawaf Salam, l’avocat britannique Rodney Dixon KC condamne l’extradition en janvier depuis le Liban de son client, Abdul Rahman al-Qaradawi, figure de la révolution égyptienne de 2011 et les conditions de détention dans lesquelles il est maintenu aux Emirats arabes unis (EAU).

Il dénonce un non-respect des droits humains car l’activiste politique n’est pas un ressortissant émirati et qu’il n’a commis aucun crime sur le territoire. «Abdul Rahman a été enlevé à sa famille, expulsé de force au-delà des frontières et jeté à l’isolement dans un pays où il n’est pas citoyen, et où il n’y a aucune preuve qu’il ait commis un crime, explique l’avocat. Ce n’est pas une extradition, c’est un enlèvement à la vue de tous. Cela équivaut à de la torture au regard du droit international.»

Vive critique

L’ONU s’est également positionnée sur le dossier. Avant l’extradition, elle avait appelé le Liban à ne pas livrer le poète aux EAU, connaissant les risques de torture et le caractère politique de la procédure engagée.

Les Emirats arabes unis lui reprochent de «s’être livré à des activités visant à troubler et à compromettre la sécurité publique». En décembre, il avait tourné une vidéo diffusée devant la mosquée des Omeyyades, à Damas, où il critique vivement les autorités de certains pays arabes, dont l’Egypte et les Emirats arabes unis. Abdul Rahman al-Qaradawi y aborde notamment le triste bilan en matière de droits humains.

Des critiques envers les autorités émirats

L’arrestation du poète et activiste remonte au 28 décembre, au poste-frontière de Masnaa, principal passage entre la Syrie et le Liban. Les forces de sécurité libanaises l’y avaient interpellé alors qu’il revenait de Damas, où il avait célébré la chute de Bachar al-Assad. Un premier mandat d’arrêt avait été émis par l’Egypte, et diffusé par le secrétariat général du Conseil des ministres arabes de l’Intérieur. Cet ordre faisait suite à une décision par contumace rendue par le tribunal pénal du Caire en 2014. Abdul Rahman al-Qaradawi avait été condamné à trois ans de prison pour insulte à la justice après avoir critiqué le gouvernement égyptien.

Le 8 janvier, le cabinet de l’ancien Premier ministre libanais, Najib Mikati, a approuvé son extradition et, malgré les appels de l’ONU et de nombreuses ONG, Abdul Rahman al-Qaradawi a été livré aux Emirats arabes unis, où il a été incarcéré. Selon le bureau de son avocat, l’activiste politique subirait des pressions psychologiques.