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Droits de l'homme

En Arabie Saoudite, une application transforme des citoyens en police numérique

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En Arabie Saoudite, une application développée par le gouvernement permet à n’importe quel citoyen de signaler des posts critiques du régime sur les réseaux sociaux. Une pratique en essor, ayant motivé la récente condamnation de deux Saoudiennes.
Le prince héritier d'Arabie Saoudite Mohammed ben Salmane prend part au nettoyage traditionnel de la Kaaba, qui se déroule sous forme de cérémonie, à La Mecque, en Arabie Saoudite, le 16 août 2022. (AFP)
par Blandine Lavignon, correspondante à Tbilissi
publié le 7 septembre 2022 à 17h50

Quarante-cinq et trente-quatre ans de prison. Ce sont les lourdes peines qui ont été requises, il y a quelques semaines, contre les saoudiennes Salma al-Shehab et Nourah al-Qahtani pour des posts partagés sur leurs Twitter personnels. Leurs profils ne comptent pourtant qu’environ 2 000 et 600 abonnés respectivement, soit une goutte d’eau dans l’océan de ce réseau social et des milliers de posts qui y sont publiés chaque jour.

Alors comment le gouvernement saoudien a-t-il pu repérer dans son viseur les comptes de ces deux femmes saoudiennes pourtant peu populaires sur les réseaux ? De telles publications remontent jusqu’aux services de sécurité du pays grâce à des signalements sur «Kollona Amn», («nous sommes tous Sécurité»), une application du gouvernement saoudien sur laquelle chaque citoyen peut signaler des propos en ligne qui vont à l’encontre du régime.

Condamnées pour l’exemple

«Je suis allé sur votre compte, et je l’ai trouvé pitoyable et plein d’ordures, j’ai pris plusieurs photos et je les ai envoyées à Kollona Amn», a ainsi posté un utilisateur sous l’une des publications de Salma al-Shehab, selo