Hasni est nerveux, agité. Il cligne des yeux, caresse sa barbe, juste assez longue pour être broussailleuse. Hasni est étudiant, mais les universités palestiniennes fonctionnent mal depuis le début de la guerre à Gaza, entre blocage des routes par les Israéliens, et grèves des étudiants. Alors il lit, pour meubler le temps. «Je reste éveillé jusqu’à 3-4 heures du matin, explique le jeune homme. Jusqu’à ce qu’on sache qu’ils ne viendront pas cette nuit.»
«Ils», ce sont les soldats israéliens, qui, depuis le 7 octobre, conduisent des raids quotidiens dans les villes palestiniennes, en Cisjordanie et à Jérusalem. Il y a les opérations de grande envergure, contre des groupes armés à Jénine, Naplouse, Tulkarem. Mais chaque jour, des soldats ratissent aussi le territoire pour procéder à des arrestations de civils, et ce sont de 50 à 100 personnes qui se retrouvent quotidiennement dans des prisons de plus en plus surpeuplées.
Hasni ne s’appelle pas Hasni. Normalement, il dit ce qu’il pense et se fiche des conséquences, mais «aujourd’hui on ne sait jamais». Dans son village natal, Kaubar, plusieurs dizaines de personnes ont déjà été interpellées, 21 membres d’une même famille, en une seule nuit. Ils sont allés retrouver leur cousin, Marwan Barghouti, seul leader à faire à peu près consensus auprès des Palestiniens, qui a grandi à Kaubar et qui purge plusieurs peines à perpétuité. Mais le village n’est plus le fief de la lutte armée qu’il a été.
Un vestige du colonialisme britannique
Dans beaucou