La scène est désolante. Du village de Khallet al-Dabaa, accroché à une colline de Masafer Yatta, dans le sud de la Cisjordanie, il ne reste presque rien. Le sol est jonché de fragments de béton et de tôles tordues, vestiges de dizaines de maisons palestiniennes. Quelques appareils électroménagers en mauvais état traînent à l’abandon, ainsi que des panneaux solaires, principale source d’électricité de cette région semi-désertique. Ils sont à présent hors d’usage. Assis sur un matelas en mousse à l’ombre d’un olivier, Sou’oud Dababsa, 63 ans, égrène entre ses doigts les perles de son chapelet. Ses yeux trahissent l’inquiétude et le manque de sommeil, mais il raconte d’une voix forte et profonde la destruction de sa maison, lundi 2 juin, par l’armée israélienne et ses bulldozers. «J’ai des documents fonciers en arabe qui prouvent que cette maison appartenait à ma famille, ils datent de bien avant l’occupation israélienne, s’indigne le Palestinien. J’ai même fait des procédures auprès d’Israël pour obtenir des documents équivalents que j’ai montrés aux soldats qui sont venus détruire. Ils ne les ont même pas regardés.»
Dix-huit familles, soit plus de 120 personnes, vivent à Khallet al-Dabaa depuis plusieurs générations. Elles ont été informées par l’armée au mois de février de la destruction prochaine du village, au prétexte qu’il est situé au cœur d’une zone d’exercices militaires établie par Israël dans les années 80 à Masafer Yatta. Depuis, Khallet al-Dabaa et di