En résumé :
- Le gouvernement israélien a approuvé dans la nuit de jeudi à vendredi la première phase de l’accord sur le cessez-le-feu à Gaza et la libération d’otages israéliens et de prisonniers palestiniens.
- Vendredi, les forces de Tsahal se sont retirées des territoires définis par le texte et ont annoncé que le cessez-le-feu était désormais entré en vigueur. Dans la foulée, plus de 500 000 Gazaouis déplacés dans le sud de l’enclave ont pris la route du retour, vers le nord.
- Emmanuel Macron a annoncé son intention de se rendre lundi en Egypte pour «soutenir la mise en œuvre de l’accord» et «créer les conditions de la paix et de la coexistence régionale».
- Les émissaires américains Steve Witkoff et Jared Kushner se sont rendus ce samedi dans la bande de Gaza, avant d’assister à un rassemblement pour les otages à Tel Aviv dans la soirée.
- Retrouvez le fil des événements de la journée du 10 octobre dans notre live de vendredi.
Après s’être rendus dans Gaza, les émissaires américains Steve Witkoff et Jared Kushner ont assisté ce samedi à Tel-Aviv à un rassemblement organisé par les familles des otages retenus dans l’enclave palestinienne, alors qu’un accord entre Israël et le Hamas prévoit sous peu leur libération. Le mouvement islamiste doit libérer 48 otages − vivants et morts − dans le cadre de cet accord en vertu duquel un cessez-le-feu est entré en vigueur vendredi. «Vous rentrez à la maison», a lancé Witkoff à l’adresse des otages à Gaza. Puis s’adressant aux familles des otages, il a ajouté : «Votre courage a ému le monde.»
Profils
Steve Witkoff, émissaire spécial de Washington pour le Moyen-Orient, et Jared Kushner, gendre de Donald Trump, se sont rendus ce samedi dans la bande de Gaza, accompagnés par l’armée israélienne. Ils sont attendus dans la soirée sur la place des Otages de Tel-Aviv où ils doivent prononcer un discours.
Le Hamas a fait savoir ce samedi, auprès de l’AFP, qu’il ne participerait pas à la signature officielle de l’accord de Charm El-Cheikh, trouvé dans la nuit de mercredi à jeudi avec Israël, car il agit «par l’intermédiaire des médiateurs qataris et égyptiens». Le groupe islamiste affirme qu’il «repoussera l’agression» en cas de reprise des opérations militaires israéliennes et qualifie «d’absurde» l’idée, envisagée dans le plan Trump, d’une expulsion de l’enclave des membres du mouvement. «Les dirigeants du Hamas présents dans la bande de Gaza se trouvent sur leur terre, celle où ils ont vécu, parmi leur famille et leur peuple. Il est donc naturel qu’ils y restent», explique Hossam Badran, un responsable du Hamas.
Au sujet de la deuxième phase de l’accord, qui comprend notamment la gouvernance future de la bande de terre, le dirigeant palestinien prévient qu’elle «nécessite des discussions plus complexes et ne sera pas aussi facile que la première phase». «Il y a beaucoup de complications et de difficultés, ce qui nécessite des négociations peut-être plus longues», ajoute-t-il.
Plusieurs centaines de personnes ont manifesté ce samedi à Oslo aux cris de «Free Palestine» et contre le «blanchiment des crimes de guerre» par le football, à quelques heures du coup d’envoi de Norvège-Israël, match de qualification pour la Coupe du Monde 2026. Les manifestants se sont réunis dans le centre-ville de la capitale norvégienne avant de gagner le stade d’Ullevaal à pied, entourés de fumigènes et dans le calme. «Le message aujourd’hui, c’est de dire que nous brandissons le carton rouge contre Israël, contre l’apartheid et contre le génocide», a déclaré Line Khateeb, une des organisatrices de la mobilisation. La fédération de foot de Norvège a annoncé que les recettes de billetterie seraient reversées à l’ONG Médecins sans Frontières.
Confronté à une crise politique d’une ampleur inédite en France, Emmanuel Macron a annoncé son intention de se rendre lundi en Egypte pour «soutenir la mise en oeuvre de l’accord» entre Israël et le Hamas et «créer les conditions de la paix et de la coexistence régionale».
Selon l’agence de presse libanaise National News Agency, l’armée israélienne a effectué une frappe de drone «ciblée» à Burj Qalaouiyah, dans le sud du Liban, ce samedi après-midi. Une personne aurait été tuée.
Selon la Défense civile de Gaza, plus de 500 000 personnes sont revenues dans le nord de l’enclave palestinienne depuis l’entrée en vigueur du cessez-le-feu, vendredi matin. Cela correspond à environ un quart de la population de l’ensemble du territoire palestinien avant la guerre. Au mois de septembre, l’offensive aérienne et terrestre massive engagée par l’armée israélienne contre la capitale de l’enclave avait jeté sur les routes du sud des centaines de milliers de déplacés.
Le Hamas a rejeté ce samedi l’idée d’un désarmement. «La remise des armes proposée est hors de question et n’est pas négociable», explique à l’AFP un responsable du groupe islamiste, sous couvert d’anonymat. Le plan de paix proposé par Donald Trump fin septembre prévoyait que «les membres du Hamas qui s’engageront à coexister pacifiquement et à se désarmer bénéficieront d’une amnistie». Mais les différentes parties n’ont pas communiqué sur un éventuel accord sur le sujet à l’issue des négociations de Charm el-Cheikh, jeudi.
Les autorités israéliennes ont rassemblé ce samedi dans deux prisons les détenus palestiniens devant être libérés en échange de la libération des otages à Gaza dans le cadre du cessez-le-feu négocié avec le Hamas. Les «prisonniers relevant de la sécurité nationale ont été transférés vers les centres d’expulsion des prisons d’Ofer [en Cisjordanie occupée] et de Ktziot [sud d’Israël], en attendant les instructions des autorités politiques et la poursuite des opérations pour permettre le retour des otages en Israël», fait savoir l’administration pénitentiaire dans un communiqué.
A la faveur du cessez-le-feu entré en vigueur vendredi, des dizaines de milliers de Palestiniens ont pris la route du nord vers la ville de Gaza, dans l’espoir de retrouver leur maison, que beaucoup avaient quittée en septembre, pour fuir la nouvelle offensive terrestre de l’armée israélienne. Mais après deux années de guerre rythmées par les bombes, la capitale de l’enclave palestinienne n’est désormais que «fantôme» et désolation, selon des témoignages recueillis par l’AFP. Lorsque Raja Salmi a enfin atteint le quartier d’Al-Rimal, dans l’ouest de la ville, elle n’a pas réussi à trouver sa maison. «Elle n’existe plus, elle n’est plus qu’un tas de décombres. Tous ces souvenirs ne sont plus que poussière», décrit-elle. Et d’ajouter : Gaza «n’est plus ce qu’elle était, tout nous semble mort».
Un responsable de la Défense civile de Gaza estime à 250 000 le nombre de personnes revenues depuis vendredi matin. Sami Moussa, 28 ans, est aussi l’un d’entre eux. «J’ai eu l’impression d’entrer dans une ville fantôme, pas à Gaza, confie-t-il. Les rues sont rasées, du sable partout. Les maisons sont effondrées ou vidées. Il y a l’odeur de la mort. Une destruction si totale que je ne reconnais plus rien. Nous avons perdu la belle Gaza. Et nous avons encore peur de ce qui va arriver.».
«Je suis vraiment désolé. Je ne peux plus supporter cette douleur.» Après avoir publié un message d’adieu sur son compte Instagram, Roei Shalev a été retrouvé mort dans son véhicule carbonisé à proximité de Netanya, dans le centre d’Israël, ce vendredi. Il avait rempli un peu plus tôt un bidon d’essence, selon des images de vidéosurveillance. Roei Shalev, 33 ans, avait perdu le 7 octobre 2023 sa petite amie Mapal Adam, assassinée sur le site du festival de musique de Nova où il se trouvait également. Sa propre mère s’était suicidée quelques semaines après les attaques.
Le nouveau chef du commandement militaire américain pour le Moyen-Orient (Centcom), l’amiral Brad Cooper, a annoncé ce samedi s’être rendu dans la bande de Gaza pour discuter de la stabilisation de la situation. Il a assuré qu’aucune troupe américaine ne serait déployée sur le territoire palestinien. Un haut responsable américain avait évoqué jeudi la mobilisation de 200 militaires américains pour «superviser» et «observer» la mise en oeuvre de l’accord entre Israël et le Hamas.
Selon le quotidien israélien Haaretz, Steve Witkoff, envoyé spécial des Etats-Unis pour le Moyen-Orient, et Jared Kushner, gendre de Donald Trump, sont attendus ce samedi soir sur la place des Otages de Tel-Aviv, épicentre du du mouvement social en Israël où sont organisés des rassemblements hebdomadaires pour la libération des otages.
En Israël, tout est prêt pour le retour des otages. Sur les plus de 250 personnes enlevées et détenues dans la bande de Gaza depuis deux ans, 20 seraient toujours vivantes. Leur arrivée est attendue avant lundi midi, heure locale. Et les autorités s’appliquent à mettre en place un dispositif d’accueil extrêmement encadré, notamment sur le plan psychologique, rapporte un correspondant de la BBC à Jérusalem. Dans l’un des hôpitaux mobilisés, le personnel a organisé une répétition grandeur nature : des acteurs ont joué le rôle des otages pour passer en revue tous les scénarios possibles, selon NBC News.
Le protocole prévoit plusieurs étapes : d’abord, des retrouvailles avec les familles, puis un choix laissé aux ex-otages : celui de passer immédiatement, ou non, des examens médicaux. Cette décision, aussi simple soit-elle, vise à leur redonner un premier contrôle sur leur quotidien après plus de deux ans de captivité. Quant aux corps des otages décédés, ils seront accueillis dans une cérémonie sobre, organisée par l’armée et conduite par un rabbin militaire, selon le Times of Israel. Ils seront ensuite examinés par une équipe médico-légale.
Les autorités israéliennes ont également commencé à déplacer des prisonniers palestiniens en vue de leur libération, prévue dans le cadre de l’accord de Charm el-Cheikh avec le Hamas.
Selon le ministère de la Santé à Gaza, dont les chiffres sont jugés fiables par les organisations internationales, 151 cadavres ont été transportés ces vingt-quatre dernières heures dans les hôpitaux de l’enclave palestinienne. Parmi eux, 116 appartiennent à des personnes tuées plus tôt dans la guerre, dont le corps a été retrouvé sous les décombres à la faveur du retrait de l’armée israélienne. Les organisations internationales s’attendent à ce que le bilan total des victimes - 67 000 Palestiniens ont été tués dans la bande de Gaza depuis octobre 2023 - augmente nettement lorsque les débris (estimés à 61 millions de tonnes sur l’ensemble du territoire) auront été dégagés.
Selon les équipes de secours, 9 500 personnes environ seraient portées disparues dans la bande de Gaza. Par ailleurs, l’agence de presse palestinienne Wafa rapporte ce samedi, en citant des sources médicales, qu’un Palestinien a été tué par balles par l’armée israélienne dans la ville d’Al-Qarara, au nord de Khan Younès.
Grande ville du sud de la bande de Gaza, Khan Younès est détruite à 85%, selon des déclarations à la presse du maire de la cité palestinienne, ce samedi. Environ 400 000 tonnes de débris encombreraient actuellement les rues de Khan Younès, et les trois quarts du réseau d’égouts de la ville seraient également hors-service. Selon le dernier recensement des Nations Unies, qui date de juillet, 78% de l’ensemble des immeubles de la bande de Gaza ont été détruits ou endommagés depuis deux ans.
Dans un communiqué, l’armée israélienne a annoncé ce samedi avoir tué «un terroriste [qui avait] lancé un engin explosif en direction de soldats» dans la région de Jénine, dans le nord de la Cisjordanie occupée. Il s’agit vraisemblablement de Mohammad Adnan Salameh, 25 ans, dont la mort a été rapportée vendredi par l’agence de presse palestinienne Wafa, selon laquelle le jeune homme a été abattu au cours d’un raid israélien. Un garçon de 15 ans aurait également été blessé et transféré à l’hôpital.
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Les organisations internationales sont «prêtes» à distribuer davantage d’aide, ont indiqué des représentants du Programme alimentaire mondial (PAM), de Médecins sans frontières (MSF) et du Norwegian Refugee Council (NRC) alors qu’elles s’apprêtent à étendre massivement leurs opérations. Le Bureau des affaires humanitaires des Nations unies a également déclaré avoir le feu vert israélien pour 170 000 tonnes d’aide, et avoir un plan de réponse humanitaire pour les soixante premiers jours de trêve.
Après deux ans de guerre, les infrastructures, notamment le réseau crucial de distribution d’eau, sont largement détruites dans la bande de Gaza, dévastée par la famine. Depuis des mois, les organisations internationales font savoir qu’elles disposent des quantités d’aide humanitaire nécessaires, mais qu’elles ne peuvent pas les acheminer dans le territoire palestinien en raison des restrictions imposées par l’Etat hébreu.
A la faveur du cessez-le-feu, plus de 200 000 Palestiniens ont pris le chemin de la ville de Gaza, dans le nord de la bande de terre. Nombre d’entre eux l’avaient quittée au mois de septembre, lorsque l’armée israélienne avait engagé une opération aérienne et terrestre d’ampleur contre la capitale de l’enclave.
Interrogés par la chaîne qatarie Al-Jazeera, des Palestiniens témoignent de leur soulagement après l’entrée en vigueur du cessez-le-feu, vendredi matin. «La peur qui nous habitait a disparu, et maintenant nous pouvons revoir nos proches, nos familles, nos voisins et nos amis encore en vie. Depuis que les combats ont cessé, je suis vraiment heureuse. Aujourd’hui, je suis allée au marché rendre visite à ma sœur. Je ne l’avais pas vue depuis deux ans», explique une habitante, dont le nom n’est pas cité. «La seule chose qui plane au-dessus de Gaza cette nuit [la nuit dernière], c’est l’espoir. Pas de drones. Pas de bombes. Pas de ciel orange. Juste le silence, un son si rare ici qu’il paraît presque étrange», décrit Hind Khoudary, qui travaille comme journaliste pour Al-Jazeera.