En résumé :
- L’accord trouvé entre Israël et le Hamas dans la nuit du mercredi 8 au jeudi 9 octobre, qui prévoit la libération de tous les otages et de 2 000 détenus palestiniens, a été ratifié par le gouvernement israélien dans la nuit suivante.
- Jeudi soir, le Hamas a affirmé avoir reçu des médiateurs américains et arabes des garanties confirmant toutes «que la guerre est complètement terminée».
- Donald Trump a déclaré que les otages devraient retrouver la liberté «probablement lundi ou mardi», et que «personne ne sera contraint à partir» de Gaza. Il devrait se rendre au Moyen-Orient dimanche.
- Revivez les événements de la journée du 9 octobre dans notre direct.
La Défense civile de Gaza a indiqué ce vendredi que près de 200 000 personnes étaient revenues dans le nord du territoire palestinien depuis l’entrée en vigueur du cessez-le-feu, à 9 heures GMT (11 heures à Paris). Des images de l’AFP avait plus tôt dans la journée montré une file ininterrompue de personnes se dirigeant vers le nord du territoire, où l’armée israélienne a averti que plusieurs zones restaient «extrêmement dangereuses» pour la population civile.
«En trente ans de carrière, c’est la première fois que je fais face à une violence de cette sorte», a déploré Jaafar Ashtiyeh, photographe palestinien basé à Naplouse, dans le nord de la Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967. Ce photographe, qui travaille notamment pour l’AFP, a été blessé vendredi dans une attaque de colons israéliens dans le nord de la Cisjordanie alors qu’il couvrait la cueillette des olives. «Si je n’étais pas parvenu à m’échapper, ils m’auraient tué», a-t-il ajouté.
Le président américain prévoit de réunir les dirigeants mondiaux pour un sommet sur Gaza lors de sa visite en Égypte la semaine prochaine, a rapporté ce vendredi Axios, citant quatre sources proches du dossier. Parmi les participants attendus figurent des représentants de l’Allemagne, de la France, du Royaume-Uni, de l’Italie, du Qatar, des Émirats arabes unis, de la Jordanie, de la Turquie, de l’Arabie saoudite, du Pakistan et de l’Indonésie, rapporte la même source.
Dans un communiqué commun, Berlin, Londres et Paris rendent «hommage au leadership du président Trump sur ce dossier et aux efforts diplomatiques des médiateurs», l’Egypte, le Qatar et la Turquie, tout en estimant que le Conseil de sécurité des Nations unies devait «apporter son plein appui au plan» pour Gaza. Les dirigeants des trois pays européens se disent également «prêts à soutenir de nouvelles discussions» pour la paix à Gaza et s’engagent «à soutenir un paquet d’aide humanitaire substantielle, via les agences des Nations unies».
Selon l’agence Reuters, les services médicaux de la bande de Gaza ont retrouvé 81 corps dans les décombres du territoire depuis vendredi matin. Selon le porte-parole de la Défense civile sui s’exprimait auprès de la chaîne qatarie al-Arabi, plus de 350 corps demeurent piégés dans les ruines de l’enclave.
Il n’y a désormais aucune «excuse» pour interdire l’accès indépendant des journalistes à Gaza, a déclaré vendredi l’Association de la presse étrangère à Jérusalem (FPA), qui a exhorté les autorités israéliennes à lever le blocus après l’entrée en vigueur du cessez-le-feu. Depuis le 7 Octobre, le gouvernement Nétanyahou n’autorisait qu’un accès ponctuel et encadré à la presse dans l’enclave.
«Avec l’arrêt des combats, nous renouvelons notre appel urgent à Israël pour qu’il ouvre immédiatement les frontières et permette aux médias internationaux d’accéder librement et indépendamment à la bande de Gaza» , écrit la FPA. «Ces demandes ont été ignorées à maintes reprises, tandis que nos collègues palestiniens ont risqué leur vie pour fournir sans relâche des reportages courageux depuis Gaza».
En l’état, c’est le 23 octobre que la Cour suprême israélienne doit. pencher sur la requête de la dernière requête de la FPA en la matière. «Il n’y a aucune raison d’attendre aussi longtemps», estime l’association. «Assez d’excuses et de manoeuvres dilatoires. Les restrictions à la liberté de la presse doivent cesser.»
Israël a donné son feu vert à la reprise de la livraison d’aide humanitaire à Gaza ce dimanche, a annoncé un cadre des Nations unies vendredi après-midi à l’Associated Press. Les 170 000 tonnes sont d’ores et déjà stationnées dans des pays voisins tels que la Jordanie et l’Egypte, en attendant l’autorisation israélienne. Ces derniers mois, les Nations unies et ses partenaires n’ont pu livrer que 20% de l’aide nécessitée à Gaza.
Plus tôt, l’Unicef avait appelé à ce que toutes les barrières empêchant la livraison de nourriture et d’aide médicale soient levées, rappelant que «la situation est critique». «Nous sommes à risque d’un pic massif de morts infantiles, non seulement les nouveaux-nés, mais aussi les enfants, dont les systèmes immunitaires sont plus compromis que jamais parce qu’il n’ont pas mangé correctement depuis trop longtemps», a déclaré le porte-parole Ricardo Pires.
Dans un communiqué commun, Emmanuel Macron, Friedrich Merz et Kei Starmer ont salué «l’accord conclu sur un cessez-le-feu au Moyen-Orient, la libératioin prévue des otages et la reprise de l’aide humanitaire» à Gaza et rendu «hommage au leadership du président Trump sur ce dossier, aux efforts diplomatiques des médiateurs — l’Egypte, le Qatar et la Turquie — ainsi qu’au soutien essentiel apporté par l’ensemble de la région pour parvenir à cet accord». Les trois dirigeants français, allemand et britannique appellent désormais Israël comme le Hamas à appliquer «pleinement et sans délair leurs engagements» tout en se disant «prêts à soutenir de nouvelles discussions sur les prochaines étapes du plan et à y contribuer», avec le «plein appui» du Conseil de sécurité .
Selon les informations du Haaretz, la visite de Donald Trump en Israël ce lundi ne durera pas plus de quelques heures. Après son arrivée à l’aéroport de Ben Gourion dans la matinée, il devrait assister à plusieurs réunions, y compris avec des familles d’otages. Il devrait ensuite se rendre à la Knesset pour un discours avant de repartir pour les Etats-Unis.
L’entrée en vigueur du cessez-le-feu entre Israël et le Hamas produit ses effets. Vendredi, le baril de pétrole américain a retrouvé son plus bas niveau depuis six mois, passant sous la barre des 60 dollars, dans un marché plombé par une surabondance de l’offre.
Vers 16h40 à Paris, le prix du baril de West Texas Intermediate (WTI), pour livraison en novembre, lâchait 2,15% à 60,19 dollars, après être tombé à 59,57 dollars, au plus bas depuis avril. Le baril de Brent de la mer du Nord, pour livraison en décembre, cédait 1,96% à 60,19 dollars.
Les cours du pétrole baissent car cet accord «réduit la prime de risque géopolitique» et atténue «les craintes liées aux perturbations de l’approvisionnement», a expliqué à l’AFP Lukman Otunuga, analyste chez FXTM.
La libération de tous les otages, en une seule fois et dans les 72 heures qui suivront sa mise en œuvre, est prévue dans l’accord conclu dans la nuit de mercredi à jeudi en Egypte. Libé dresse leurs portraits.
Une attaque israélienne qui a tué un journaliste de l’agence Reuters et blessé deux autres de l’AFP le 13 octobre 2023 dans le sud du Liban est un «crime de guerre», a affirmé ce vendredi un rapporteur de l’ONU. C’était «une attaque préméditée, ciblée et en deux temps des forces israéliennes, une violation évidente (...) du droit international humanitaire, un crime de guerre», a déploré lors d’une conférence de presse à Beyrouth le rapporteur spécial sur les exécutions extrajudiciaires, Morris Tidball-Binz. Ces reporters étaient venus couvrir les affrontements transfrontaliers entre l’armée israélienne et des groupes armés dans le sud du Liban, où la communauté internationale s’inquiètait du risque d’extension du conflit entre Israël et le Hamas, soutenu par le Hezbollah libanais. Israël a de son côté toujours démenti avoir visé des journalistes.
Après l’annonce par l’armée israélienne de l’entrée en vigueur du cessez-le-feu ce vendredi matin, des milliers de déplacés ont pris la route vers le nord du territoire alors que d’autres sont retournés dans les ruines de leurs maisons à Khan Younès, dans le sud, selon des images de l’AFP. Une file de piétons s’étirait le long de la route al-Rachid près de Nousseirat, dans le centre de la bande de Gaza, en direction de la ville de Gaza.
«Lorsque j’ai appris la nouvelle du retrait israélien et que la route serait ouverte, on s’est dirigé immédiatement avec ma famille vers la route al-Rachid pour retourner chez nous», a déclaré à l’AFP Ahmad Azzam, un déplacé âgé de 35 ans, originaire de Gaza city. «Nous rentrons chez nous malgré les destructions, le siège et la douleur. Nous sommes heureux même si nous retournons dans des ruines. Au moins c’est notre terre», a dit Amir Abou Iyadeh, 32 ans, à Khan Younès, dont plusieurs zones ont été libérées de la présence de l’armée israélienne.
Alors que les yeux sont rivés vers Gaza, les Palestiniens s’inquiètent d’une potentielle poussée de violence en Cisjordanie. La récolte des olives vient de commencer. Elle n’est bonne qu’une année sur deux, et 2025 s’annonce creuse. Cela n’empêche pas les Palestiniens d’aller récolter le fruit de plus en plus précieux dans un climat économique désastreux.
Le début de cette récolte coïncide cette année avec la semaine de Soukkot, la fête des cabanes, une fête religieuse importante qui précède Simchat Torah - jour désormais funeste car anniversaire liturgique des massacres du 7 octobre 2023. Les colons israéliens de la mouvance sioniste religieuse, mis en colère par le cessez-le-feu («un accord Shalit sous stéroïdes» dit le militant influent Elhanan Gruner, appelant ses milliers d’abonnés à s’armer) ont fait sentir leur colère.
Depuis mercredi, les militants palestiniens, israéliens et internationaux qui protègent, comme tous les ans, la récolte des olives répertorient des incidents quotidiens. A chaque fois, des Palestiniens sont harcelés et blessés par des colons, sous l’œil attentif mais passif de soldats israéliens.
Quatre Palestiniens ont été blessés sur les terres de la ville de Beita, au sud de Naplouse, dont Wahaj Bani Moufleh, photographe primé internationalement, une voix influente du journalisme palestinien à tout juste 26 ans. Selon les témoins, il aurait été atteint à la jambe par un tir direct de grenade lacrymogène. Selon le Syndicat des journalistes palestiniens, Jaafar Shtayyeh, photographe vétéran de l’AFP, aurait aussi été tabassé par des civils israéliens. Sa voiture et son équipement professionnel aurait été brûlés.
Après la Maison Blanche, c’est au tour de Benyamin Nétanyahou, bruyant lobbyiste en faveur d’un prix Nobel de la paix décerné à Donald Trump, de regretter que la récompense ait échu à l’opposante vénézuélienne Maria Corina Machado. Dans un post publié sur son compte X répondant à la plainte du porte-parole de la Maison Blanche Steven Cheung, le Premier ministre israélien a pris fait et cause pour son allié : «Le prix Nobel récompense la paix. Trump a permis d’y arriver. Les faits parlent d’eux-mêmes. Il le mérite.»
Agé de 23 ans, Matan a été enlevé à Nir Oz. Sa compagne, Ilana Gritzewsky, est également capturée, puis libérée en novembre 2023 lors de la première trêve. Sa mère, Einav Zangauker, est depuis devenue une figure emblématique du combat pour la libération des otages. Le profil de Matan est à lire ici.
Donald Trump n’aura peut-être pas le prix Nobel mais il peut se consoler avec les félicitations de Vladimir Poutine. Vendredi, le président russe a annoncé qu’il soutiendrait l’initiative de Donald Trump pour la paix à Gaza et que. Russie demanderait à prendre part au processus de paix. S’il s’est refusé à commenter le fait que le prix Nobel ait échappé à Trump, le chef du Kremlin a tout de même qualifié que le succès du plan pour Gaza «n’était rien de moins qu’un événement historique».
Plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées, ce vendredi midi sur l’esplanade du Trocadéro, à Paris, face. la Tour Eiffel, pour dire leur «espoir» d’une libération prochaine des otages du Hamas. «Entre l’euphorie et l’impatience», le rassemblement, organisé chaque semaine, a réuni plus de monde que d’habitude. Dans les rangs, des personnalités comme l’ancienne journaliste Anne Sinclair, le Grand rabbin de France Haïm Korsia ou le président du Crif Yonathan Arfi, qui a évoqué «un vendredi d’espoir».