En résumé :
- Emmanuel Macron a affirmé ce mercredi aux Invalides que l’attaque menée par le Hamas en Israël le 7 octobre avait été «le plus grand massacre antisémite de notre siècle». Le chef de l’Etat a également estimé que «rien ne saurait justifier ni excuser ce terrorisme». Avec 42 Français ou Franco-Israéliens tués, trois toujours disparus et présumés otages, quatre otages libérés et six blessés, il s’agit du plus lourd bilan côté français depuis l’attentat de Nice le 14 juillet 2016 (86 morts et plus de 400 blessés).
- Cet hommage, inédit hors d’Israël, est intervenu quatre mois jour pour jour après l’assaut du mouvement islamiste palestinien. Cette attaque sans précédent a entraîné la mort de plus de 1 160 personnes, tuées par balles, brûlées vives ou mutilées, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP réalisé à partir de données officielles israéliennes.
- La présence d’élus de La France insoumise à la cérémonie a lancé une polémique ces derniers jours. Plusieurs familles de victimes ont fait savoir qu’elles ne voulaient pas que ces derniers soient présents à cause de leurs prises de position depuis le début du conflit. Le mouvement mélenchoniste refuse notamment de qualifier le Hamas de mouvement terroriste.
Jean-Luc Mélenchon réagit aux huées subies par ses troupes LFI. Le leader de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, a salué ce mercredi la «grande dignité» des députés LFI qui ont assisté à l’hommage aux victimes du 7 octobre, une présence controversée alors que certaines familles de victimes s’étaient opposées à la venue d’élus du mouvement. Ils ont d’ailleurs été hués en marge de la cérémonie.
Invités par la présidence de la République, nos députés @MathildePanot, @mbompard, @ericcoquerel et @CarolineFiat54 nous ont représentés aux Invalides avec une grande dignité. Les grossièretés et les provocations ne leur font jamais oublier qu'ils incarnent la France dans les…
— Jean-Luc Mélenchon (@JLMelenchon) February 7, 2024
Pour le rabbin de Ris-Orangis, «c’est un événement unique.» «Je ne peux pas cacher mon émotion. Mes larmes ont coulé», témoigne auprès de Libération Michel Serfaty, le rabbin de Ris-Orangis (Essonne). Très investi dans les relations judéo-musulmanes, il raconte : «Voir le président de la République faire entrer dans l’histoire de la France ces enfants qui dansaient et chantaient, comme au Bataclan, c’est un événement unique.»
Les portraits des victimes quittent la cour des Invalides, fin de la cérémonie. L’un après l’autre, les portraits des 42 victimes françaises quittent la cour des Invalides, suivis par leurs familles.
A la fin de la cérémonie aux Invalides pic.twitter.com/2uGZJt6kfc
— Bernadette Sauvaget (@Sauvaget14) February 7, 2024
Le Président salue «un peuple épris de liberté, de fraternité, de dignité». Et Emmanuel Macron de conclure : «Nous ne sommes pas juste 68 millions en ce jour, nous sommes beaucoup plus. Un peuple épris de liberté, de fraternité, de dignité. Un peuple qui ne les oubliera jamais.» Fin du discours présidentiel, la Marche funèbre de Chopin s’élève et résonne dans la cour des Invalides.
Macron promet que jamais la France ne laissera pas «prospérer l’esprit de revanche». «Toutes les vies se valent inestimables aux yeux de la France, les vies que nous honorons aujourd’hui sont tombées, victimes d’un terrorisme que nous combattons sous toutes ces formes. […] Refusant l’esprit de mort, de chaos des terroristes, jamais sans nous, nous ne laisserons pas prospérer l’esprit de revanche, dans cet instant de deuil, rien ne doit jamais nous diviser», promet le président de la République.
Macron dénonce «le plus grand massacre antisémite de notre siècle». «La barbarie. Celle qui se nourrit d’antisémitisme et qui le propage. Celle qui veut annihiler, détruire, et qui pourtant ne peut empêcher les rayons de lumière. La barbarie, et nos lumières. Car ceux qui tuent par haine trouveront toujours face à eux ceux qui sont prêts à mourir par amour», affirme Emmanuel Macron ciblant le Hamas. Puis ajoute : «Il était 6 heures et le Hamas lança par surprise l’attaque massive et odieuse, le plus grand massacre antisémite de notre siècle».
«Rien ne saurait justifier ce terrorisme», assène Emmanuel Macron. Lors de son discours, Emmanuel Macron a retracé l’attaque terroriste du Hamas, évoquant «les brigades infernales» qui se sont répandues «dans les plaines» et «les hurlements, les pleurs, puis le silence» qui ont suivi l’horreur. «Le silence face à l’indicible, la sidération face à la sauvagerie, les larmes face à la barbarie. Celle qui brûle, qui abuse et qui tue. Celle qui déchire les familles.» Le chef de l’Etat a également martelé que «rien ne saurait justifier ce terrorisme», promettant ne rien céder «pour ramener ceux qui sont encore là bas», en référence aux trois otages franco-israéliens toujours détenus par le Hamas. «Leurs chaises vides sont là», a-t-il dit dans la cour des Invalides.
«Avidan, Valentin et Naomi…», en ouverture de son discours, Emmanuel Macron rappelle le prénom de victimes. Devant les 42 portraits des victimes de l’attaque du 7 octobre, le président de la République commence son discours par égrener, le ton grave, le prénom de plusieurs Français ou Franco-Israéliens tués par le Hamas. «Avidan, Valentin et Naomi… […] Ils n’avaient pas 20 ans… Neya comme Nathan ne les auront jamais, leurs traits qui s’affirment, leurs questions qui se bousculent, leurs hésitations comme irréverence mémoire de leur propres adolescence», prononce le chef d’Etat. «Leurs voix résonnent encore en hébreu comme en français. Leurs visages sont là comme autant de vie interrompues. […] Le 7 octobre dernier, à l’aube, l’indicible a ressurgi des profondeurs de l’histoire», ajoute le Président. «Nous sommes 68 millions de Français endeuillés par les attaques terroristes du 7 octobre», affirme Emmanuel Macron.
Les portraits des victimes et le «Kaddish» de Maurice Ravel. Dans la cour des Invalides, les noms des 42 victimes sont affichés sur écran géant. Aux noms viennent s’ajouter les portraits de chaque victime portés par les gardes républicains prenant place un à un dans la cour. L’hommage débute par la version du Kaddish composée par Maurice Ravel (chant de deuil, la première des Deux Mélodies hébraïques). Dans le même temps, en Israël, l’hommage est retransmis sur écran géant sur la «place des otages», face au ministère de la Défense à Tel-Aviv.
Pour l’imam de Drancy, «c’est un moment de prière pour les otages aussi». L’imam de Drancy (Seine-Saint-Denis), Hassen Chalghoumi, déjà présent à la marche contre l’antisémitisme dimanche 12 novembre, est ce mercredi midi aux Invalides : «Pour l’homme de foi que je suis, explique-t-il à Libération, c’est un moment d’hommage pour les victimes, tuées par ce groupe terroriste qu’est le Hamas et qu’il faut nommer ainsi. C’est un moment de prière pour les otages aussi.» Trois sièges sont justement laissés vides dans la tribune «famille» pour symboliser les trois otages toujours retenus à Gaza. Par Franck Bouaziz et Bernadette Sauvaget
«Nous sommes là pour la mémoire des enfants joyeux et qui ne demandaient qu’à vivre». Tali ben Chabo (à gauche sur la photo) arbore un photomontage des victimes du 7 octobre. Elle a perdu son frère et sa nièce de 16 ans qui participaient à la rave party du festival Nova. «Nous sommes là pour la mémoire des enfants joyeux et qui ne demandaient qu’à vivre, tués ce jour-là», dit-elle. Au moins 260 sont mortes lors de cet évènement festif. Par Bernadette Sauvaget.
«C’est la République qui rend hommage aux victimes» selon Serge Klarsfeld. «Ma présence ici est normale. C’est la république qui rend hommage aux victimes. Je suis allé en Israël rendre visite aux familles déplacées. Un de mes cousins est mort le 9 octobre en libérant le kibboutz de Kfar Haza», explique le défenseur de la cause des déportés juifs en France Serge Klarsfeld. Par Franck Bouaziz
Joann Sfar appelle à «la mobilisation de tous». «Je ne suis pas politicien. C’est à eux de savoir comment ne pas ajouter du chaos à la peine», commente le dessinateur Joann Sfar au sujet de la présence des parlementaires LFI à la cérémonie d’hommage aux Invalides. Il attend lui un discours du président de la République pour renforcer la cohésion nationale. «C’est dangereux aujourd’hui d’exprimer son judaïsme en France», soutient le dessinateur. Sfar appelle à la mobilisation de tous «les corps intermédiaires, des dessinateurs, des professeurs» pour lutter contre l’antisémitisme. Par Bernadette Sauvaget.
Les insoumis hués aux Invalides. Les élus mélenchonistes le savaient, ils ne sont pas les bienvenus ce mercredi matin aux Invalides. Sans surprise, les élus LFI ont donc été chahutés à leur arrivée sur les lieux de la cérémonie. «Collabo», «antisémite» ou «soumis au Hamas», ont par exemple lancé des personnes du public au député de Paris Aymeric Caron comme le montre une vidéo d’un journaliste de l’AFP. Selon TF1, les cadres du parti se font également huer lorsque leurs visages apparaissent sur l’écran géant placé dans la cour d’honneur.
Le député apparenté LFI Aymeric Caron hué à son arrivée aux Invalides pour l'#hommagenational "collabo" "antisémite" "soumis au Hamas" pic.twitter.com/RL1sTUecGG
— Léo Mouren (@leomouren) February 7, 2024
Cérémonie sous haute protection. L’accès à la cour d’Honneur des Invalides est strictement contrôlé. Une classe de terminale du lycée Lakanal de Sceaux vient assister à la cérémonie d’hommage aux victimes du 7 octobre. Une petite dizaine de personnes est assemblée devant un écran géant sur l’esplanade des Invalides. «Nous sommes venus soutenir notre peuple» dit Gaby qui se présente comme juive. «La France est le seul Etat à avoir organisé une telle cérémonie. Et je la remercie», salue Cathy Zohar, la mère d’une victime. Cette Franco-israelienne est arrivée hier par l’avion spécialement affrété par le gouvernement français. Elle tend une affiche plastifiée avec des photos de sa fille, Bar, âgée de 23 ans qui participait à la rave party du festival Nova. «Nous ne les oublierons», dit-elle à propos des victimes du 7 octobre. Par Bernadette Sauvaget.
Plus lourd bilan côté français depuis l’attentat de Nice. Quarante-deux portraits portés par des gardes républicains dans la cour d’honneur des Invalides. Emmanuel Macron rend ce mercredi 7 février un hommage national en mémoire de «quarante-deux concitoyens décédés» dans l’attaque terroriste du Hamas en Israël, le 7 octobre 2023. Outre les 42 Français ou Franco-Israéliens tués, trois sont toujours disparus et présumés otages et quatre otages ont été libérés. Il s’agit du plus lourd bilan côté français d’un acte terroriste depuis l’attentat de Nice le 14 juillet 2016, qui a fait 86 morts.
Qui sont les victimes françaises de l’attaque du Hamas le 7 octobre en Israël ? Derrière les chiffres, des vies brisées. Si aucune liste officielle n’a été publiée par Paris, le ministère des Affaires étrangères français a annoncé le 25 janvier avoir recensé 42 victimes françaises. Il s’agit du plus lourd bilan côté français d’un acte terroriste depuis l’attentat de Nice le 14 juillet 2016, qui avait fait 86 morts.
A quoi va ressembler la cérémonie ? L’hommage débute à 11 heures 45, heure à laquelle les 42 portraits des victimes vont entrer dans la cour d’honneur portés par des gardes républicains. Suivront l’interprétation du Kaddish (chant de deuil) de Maurice Ravel et le discours du chef de l’Etat. A l’issue de la cérémonie, le président s’entretiendra avec les familles, qui ont été acheminées pour beaucoup d’entre elles depuis Israël par un vol spécial. «Nous vivons une très longue journée depuis le 7 octobre», a expliqué mardi Ayala Yahalomi Luzon, sans nouvelles de son frère Ohad, 49 ans, depuis «123 jours», exhortant à «une action concrète pour ramener [les otages] chez eux».
Des insoumis pas bienvenus. Pour les familles de victimes, la présence attendue de plusieurs responsables de La France insoumise (LFI), qui avait refusé de qualifier l’attaque de «terroriste», reste de ce point de vue incompréhensible, voire inacceptable. «Je pense qu’ils ne doivent pas y être», résume Ishay Dan, dont le Hamas a tué deux neveux lors de l’attaque du 7 octobre et détient un proche, Ofer Calderon, 53 ans. Une position largement partagée au sein de la classe politique. «LFI n’a pas sa place» à cet hommage, a ainsi affirmé le député Renaissance Eric Woerth sur franceinfo, la ministre Aurore Bergé dénonçant sur CNews «de l’indécence», «du déshonneur», «du cynisme». L’ancien président François Hollande dit «comprendre la colère des familles».