En résumé :
- Les rebelles syriens menés par des islamistes radicaux ont annoncé ce dimanche 8 décembre à la télévision publique la chute du président Bachar al-Assad et la «libération» de Damas, après une offensive fulgurante.
- Après des heures de spéculations autour du lieu vers lequel Bachar al-Assad aurait fui, les agences de presse russes assurent ce dimanche soir qu’il a trouvé refuge à Moscou avec sa famille.
- La liesse a envahi les rues de Damas, mais aussi Lattaquié, Homs et toutes les grandes villes. «Les événements extraordinaires» en cours en Syrie, sont suivis «attentivement» par le président américain Joe Biden, selon la Maison blanche.
- Le Pentagone affirme avoir mené des frappes aériennes sur plus de 75 cibles de l’Etat islamique en Syrie tandis qu’Israël a frappé des bâtiments militaires syriens. L’armée israélienne s’est également déployée dans la zone militarisée du Golan mais assure «ne pas intervenir» dans la transition.
Des dizaines de cibles de l’Etat islamique frappées par Washington. Les Etats-Unis ont mené dimanche «des dizaines de frappes aériennes» dans le centre de la Syrie visant «plus de 75 cibles» du groupe Etat islamique (EI), a annoncé le Centcom, le commandement militaire américain pour le Moyen-Orient. «Il ne doit y avoir aucun doute : nous ne laisserons pas l’EI se reconstituer et tirer profit de la situation actuelle en Syrie», a déclaré le général Michael Erik Kurilla dans le communiqué du Centcom.
Bachar al-Assad n’a «jamais demandé» d’aide à l’Iran contre les rebelles, affirme Téhéran. Le gouvernement syrien «ne nous a jamais demandé de l’aider» sur le plan militaire, a déclaré le chef de la diplomatie iranienne, Abbas Araghchi, à la télévision d’Etat, précisant avoir été «surpris» par la «rapidité» de l’offensive rebelle et «l’incapacité» de l’armée syrienne à la repousser.
Le chef rebelle affirme que «la Syrie a été purifiée» après la chute d’Assad. Le chef des rebelles syriens, Abou Mohammad al-Jolani, a salué dimanche une victoire «historique» qui a «purifié» la Syrie, s’exprimant dans la célèbre mosquée des Omeyyades de la capitale Damas, ravie aux forces de Bachar al-Assad à la faveur d’une offensive éclair. A son entrée dans la mosquée emblématique située dans la vieille ville de Damas, le chef du groupe islamiste radical Hayat Tahrir al-Sham (HTS) a été accueilli par une foule qui scandait «Allah Akbar» (Dieu est le plus grand), selon des vidéos circulant dans les médias.
Les Etats-Unis «pas sûrs» de l’endroit où se trouve Bachar al-Assad. Alors que les agences de presse russe annoncent que le dictateur et sa famille se trouvent à Moscou, Joe Biden se montre prudent : «Nous ne sommes pas sûrs d’où il est, mais il se dit qu’il est à Moscou». Le président américain affirme que Bachar al-Assad devra «rendre des comptes» pour les «centaines de milliers de Syriens innocents» qui ont été «maltraités, torturés, et tués».
Les Etats-Unis vont «échanger avec tous les groupes syriens» sur la transition du pouvoir, affirme Biden. Joe Biden a assuré dimanche que les Etats-Unis échangeraient avec «tous les groupes syriens» au sujet de la transition du pouvoir dans ce pays après la chute du président Bachar al-Assad. «Nous échangerons avec tous les groupes syriens, y compris dans le cadre du processus sous l’égide des Nations unies, pour mettre en place une transition (...) vers une Syrie indépendante, souveraine (...) avec une nouvelle constitution, un nouveau gouvernement au service de tous les Syriens», a déclaré le président américain lors d’une allocution à la Maison Blanche.
La chute de Bachar al-Assad représente une «opportunité historique» pour les Syriens, affirme Biden. Le président américain Joe Biden a salué dimanche la chute du pouvoir en Syrie de Bachar al-Assad en affirmant qu’elle représentait une «opportunité historique» pour les Syriens. «Enfin, le régime d’al-Assad est tombé», a déclaré Joe Biden lors d’une allocation à la Maison Blanche, évoquant «un acte fondamental de justice» et une «opportunité historique» pour les Syriens de «construire un meilleur avenir», tout en avertissant contre «les risques et l’incertitude» qui découlent de la situation.
Les rebelles ont «garanti la sécurité» des bases militaires russes. Les rebelles syriens ont «garanti la sécurité» des bases militaires russes en Syrie, a indiqué dimanche aux agences russes une source au Kremlin. «Les responsables russes sont en contact avec les représentants de l’opposition armée syrienne, dont les dirigeants ont garanti la sécurité des bases militaires et des institutions diplomatiques russes sur le territoire de la Syrie», a déclaré cette source aux agences de presse publiques TASS et Ria Novosti.
Bachar al-Assad et sa famille se trouvent à Moscou, selon les agences russes. Bachar al-Assad et sa famille sont arrivés en Russie et ont obtenu l’asile des autorités russes, rapportent ce dimanche les agences de presse russes, dont l’agence d’Etat TASS, citant une source du Kremlin. L’agence de presse Interfax, comme les agences de presse publiques TASS et Ria Novosti, citent cette source anonyme en ces mots : «Le président syrien Assad est arrivé à Moscou. La Russie leur a accordé (à lui et à sa famille) l’asile pour des raisons humanitaires.»
Plus de 900 personnes tuées depuis le début de l’offensive des rebelles. «A la suite des combats pour renverser Assad, 910 personnes ont été tuées : 392 rebelles, 380 membres des forces du président renversé Assad et de ses alliés, et 138 civils», indique ce dimanche soir l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH).
Signal perdu, crash, Abou Dhabi… Après la chute de Bachar al-Assad, les rumeurs et suppositions autour de sa fuite. Alors que le dictateur a fui la Syrie dans la nuit de samedi à dimanche 8 décembre, vraisemblablement par avion, les spéculations se multiplient, notamment via les données de Flightradar. Plus de détails dans notre article.
Le chef de l’ONU appelle à protéger «les droits de tous les Syriens, sans distinction». «Après 14 ans de guerre brutale et la chute du régime dictatorial, le peuple syrien peut aujourd’hui saisir une occasion historique de construire un avenir stable et pacifique», a déclaré le chef de l’ONU Antonio Guterres dans un communiqué. Il émet aussi un «appel au calme et à éviter la violence en cette période sensible, tout en protégeant les droits de tous les Syriens, sans distinction».
Pour Abou Mohammad al-Joulani, le chef des rebelles, «cette victoire est celle de tous les Syriens». Le chef des rebelles syriens, Abou Mohammad al-Joulani, s’est rendu ce dimanche à la célèbre mosquée des Omeyyades à Damas. Après avoir été accueilli par une foule qui scandait «Allahou Akbar» (Dieu est le plus grand), il a prononcé un discours. Le nouvel homme fort syrien a assuré que «cette victoire est celle de tous les Syriens», rappelant que le régime d’Assad «a emprisonné des milliers de ses propres citoyens injustement et sans aucun crime».
Israël a frappé un complexe de sécurité et un centre de recherche à Damas. Israël a mené trois frappes aériennes contre un important complexe de sécurité dans le quartier de Kafr Sousa, à Damas, ainsi que contre un centre de recherche de la capitale syrienne, où, selon l’Etat hébreu, des scientifiques iraniens auraient mis au point des missiles, ont déclaré dimanche à Reuters deux sources de sécurité régionales.
Ursula von der Leyen se dit prête à aider une Syrie qui «protège toutes les minorités». L’UE est prête à aider à reconstruire une Syrie qui protège les minorités après la chute de Bachar el-Assad, a déclaré la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen. «L’Europe est prête à soutenir la sauvegarde de l’unité nationale et la reconstruction d’un état syrien qui protège toutes les minorités», a-t-elle écrit dans un communiqué publié sur X.
The cruel Assad dictatorship has collapsed.
— Ursula von der Leyen (@vonderleyen) December 8, 2024
This historic change in the region offers opportunities but is not without risks.
Europe is ready to support safeguarding national unity and rebuilding a Syrian state that protects all minorities.
We are engaging with European and…
L’armée israélienne impose un couvre-feu aux habitants de cinq localités situées dans la zone tampon du Golan. «Pour votre sécurité, vous devez rester chez vous et ne pas sortir jusqu’à nouvel ordre», a enjoint aux habitants de cinq communes de la zone tampon du Golan le lieutenant-colonel Avichay Adraee, porte-parole de l’armée pour le public arabophone dans un message publié sur X. L’armée israélienne a dit plus tôt dans la journée avoir pris le contrôle de cette zone démilitarisée qui jouxte le plateau du Golan qu’elle occupe.
Place de la République, à Paris : «C’est la première fois que je suis fier de mon identité». Il n’avait jamais osé le sortir. Sur la place de la République, Osama Seif vit son petit moment d’histoire à lui dans la grande : pour la première fois, il déroule un drapeau de l’armée syrienne libre acheté en 2013. «J’avais peur qu’on me retire mon passeport syrien et qu’on m’empêche de rentrer si je l’utilisais», explique le vingtenaire, venu faire ses études en France. Aujourd’hui, jour de la chute de Bachar al-Assad, les règles ont changé. En 25 ans d’existence, il le clame avec un large sourire et des yeux qui pétillent derrière ses lunettes embuées : «C’est la première fois que je suis fier de mon identité».
Autour de l’étudiant, au milieu des éclats de joie et des chants de victoire, une question se murmure, faisant parfois vaciller les sourires : et maintenant ? Certains craignent que «le scénario de l’Irak» se répète, là où d’autres assurent «qu’on ne fera jamais pire que le Boucher de Damas». Osama Seif lui «espère que c’est fini». Et préfère pour l’heure se projeter sur le court terme : «Ça va me faire tellement plaisir de rentrer en Syrie et de voir que ses portraits ont été retirés». Avant d’ajouter, en provoquant au passage des rires approbateurs autour de lui : «J’en pouvais plus de voir sa tête». Par Elise Viniacourt.
A Paris, la joie des Syriens après la chute de Bachar al-Assad @liberation.fr
— Elise Viniacourt (@viniac.bsky.social) 8 décembre 2024 à 17:28
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Les auteurs des crimes du régime Assad doivent être traduits en justice, souligne Amnesty. «Les auteurs présumés de crimes relevant du droit international et d’autres violations graves des droits de l’homme doivent faire l’objet d’enquêtes, et le cas échéant poursuivis pour leurs crimes dans des procès équitables», a déclaré la secrétaire générale d’Amnesty International Agnès Callamard dans un communiqué, après la chute de Bachar al-Assad. L’organisation salue une «opportunité historique» de clore des décennies de répression..
Pour Riad Sattouf, «un immense espoir s’élève» autant que «l’impatience de voir des élections libres». L’auteur de bande dessinées Riad Sattouf, dont la série à succès L’Arabe du futur raconte l’enfance en Syrie, a réagi à la chute de Bachar al-Assad. «En pleine écriture du tome 2 de L’Arabe du futur: Moi, Fadi, le frère volé, j’en suis au chapitre où j’évoque l’arrivée au pouvoir de Bachar Al-Assad, écrit-il sur Instagram. Et voilà qu’à cet instant, j’apprends une nouvelle historique, incroyable : la Syrie s’est libérée de 50 ans de dictature Assad !» Pour le scénariste et dessinateur, «un immense espoir s’élève. Un soulagement pour des millions de Syriens qui rêvent de rentrer chez eux, de retrouver leurs maisons et leurs familles. Je repense à ces années passées au village de ma grand-mère paternelle, Ter Maaleh, près de Homs. Et maintenant, une inquiétude : l’impatience de voir venir très vite des élections libres et démocratiques.»
Des bâtiments d’organes de sécurité en flammes à Damas après des raids israéliens. Des incendies se sont déclarés ce dimanche dans des bâtiments d’organes de sécurité à Damas visés par des frappes israéliennes, a indiqué l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH). Des flammes se sont élevées de la zone abritant notamment les sièges de services de renseignement et un bâtiment d’une branche de la sûreté criminelle a brûlé, selon des journalistes de l’AFP sur place. «Des frappes israéliens ont ciblé un complexe de sécurité à Damas », affirme l’OSDH.
Londres salue la chute d’un «régime barbare». «Le peuple syrien souffre depuis trop longtemps du régime barbare d’Assad et nous saluons son départ. Notre priorité est désormais de garantir qu’une solution politique prévale et que la paix et la stabilité soient rétablies», a déclaré le Premier ministre Keir Starmer dans un communiqué.