En résumé :
- La Syrie s’est réveillée dans l’inconnu ce lundi 9 décembre au lendemain de la victoire des rebelles syriens menés par des islamistes radicaux contre le régime Bachar al-Assad. «La Syrie a été purifiée», a lancé Abou Mohammed al-Joulani, le nouvel homme fort du pays, depuis Damas.
- Après des heures de spéculations autour du lieu vers lequel Bachar al-Assad a fui, les agences de presse russes ont annoncé dimanche soir qu’il a trouvé refuge à Moscou avec sa famille.
- A travers l’Europe, de nombreuses chancelleries ont fait état de leur intention de geler l’examen des demandes d’asile des réfugiés syriens, voire, comme en Autriche, de préparer des expulsions.
- A la demande de la Russie, le Conseil de sécurité de l’ONU se réunira en urgence lundi à partir de 19 heures pour des discussions à huis clos sur la Syrie, où les combats se poursuivent. Les Etats-Unis et Israël ont mené des frappes dimanche contre des objectifs distincts, tandis qu’au moins 26 combattants ont été tués dimanche dans une offensive de combattants pro-turcs contre des combattants kurdes au nord du pays.
- Retrouvez toutes les informations de la journée de dimanche ici.
A la une de «Libé» mardi.
🇸🇾 Après la chute du régime syrien : dans l'enfer des geôles d'Assad
— Libération (@libe) December 9, 2024
Notre envoyé spécial @ArthurSarradin est entré dans la funeste prison de Sednaya, où des dizaines de milliers de Syriens ont été torturés et tués.
C'est la une de @Libe ce mardi. #Syrie pic.twitter.com/9ILswdahNc
Le Brésil évacue son personnel diplomatique de Syrie. Brasilia a évacué lundi son ambassadeur en Syrie et le reste de son personnel diplomatique en raison de craintes pour la sécurité sur place après la chute du président Bachar al-Assad, a indiqué une source gouvernementale. Après leur évacuation lundi matin, l’ambassadeur André Luiz Azevedo dos Santos et «un petit groupe» de fonctionnaires brésiliens «se trouvent actuellement au Liban», a déclaré cette source sous couvert d’anonymat. L’ambassadeur y restera «jusqu’à ce que les conditions minimales de sécurité soient rétablies», a-t-elle ajouté. Le gouvernement du président Luiz Inacio Lula da Silva a pris cette décision après avoir eu connaissance d’invasions et de déprédations de bâtiments publics et de «certaines ambassades», selon la source gouvernementale, précisant que la représentation brésilienne n’avait pas été touchée.
Angela Merkel défend sa décision d’avoir accueilli les réfugiés syriens. L’ancienne chancelière allemande a défendu lundi sa décision d’accueillir à l’époque de nombreux réfugiés syriens, soulignant qu’il s’agissait d’une question de «dignité» mais elle a appelé à prendre «au sérieux» le problème de l’immigration clandestine. «Je crois que la décision que j’ai prise à l’époque d’accueillir les réfugiés était la bonne», a déclaré Angela Merkel lors d’un entretien sur France 2. «Car c’était des personnes dans le besoin, qui avaient payé des passeurs, qui avaient mis leurs vies en danger, qui fuyaient Bachar al-Assad car ils n’avaient pas de perspective pour leur pays».
La chute d’Assad «n’apporte aucune garantie de paix», prévient Londres. Le chef de la diplomatie britannique David Lammy a traité lundi de «boucher», de «dealer de drogue» et de «rat de Damas» le président syrien Bachar al-Assad chassé du pouvoir par une coalition de rebelles, tout en prévenant que sa chute «n’apporte aucune garantie de paix». «Nous ne devons pas être aveuglés sur les risques de ce moment, la chute d’Assad n’apporte aucune garantie de paix», a déclaré le ministre britannique des Affaires étrangères devant les députés.
L’incursion israélienne en Syrie doit être «temporaire», selon Washington. Les Etats-Unis ont dit s’attendre lundi à ce que la présence des troupes de Tsahal dans la zone tampon du Golan en Syrie soit provisoire. «Il s’agit d’une mesure temporaire qu’ils ont prise en réponse aux actions de l’armée syrienne visant à se retirer de cette zone. Maintenant, ce que nous voulons voir, en fin de compte, c’est que cet accord soit pleinement respecté. Et nous veillerons à ce qu’Israël le fasse», a déclaré à la presse le porte-parole du département d’Etat, Matthew Miller, en référence à l’avancée des troupes israéliennes en Syrie dans la zone tampon à la lisière de la partie du plateau du Golan occupée et annexée par Israël.
Eclairage
Une centaine de raids israéliens sur des sites militaires syriens selon une ONG. Plus de 100 frappes ont été menées lundi par Israël contre des sites militaires des forces du président déchu Bachar al-Assad en Syrie, dont un centre de recherches à Damas, rapporte l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH). Selon le directeur de l’OSDH, Rami Abdel Rahmane, Israël cherche à détruire «les capacités militaires» du pouvoir Assad, renversé dimanche par une coalition de groupes rebelles islamistes.
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«Je vais là où on n’a pas osé regarder.» Résidant en banlieue de la capitale, Hussein Shurbaji a décidé lundi matin de visiter les lieux symboliques du régime, du palais présidentiel aux sections des services de renseignement. Des endroits qu’il découvre pour la première fois de sa vie, à l’image de la perversité du régime d’Al-Assad.
Témoignage
Pour le chef de l’Otan, l’Iran et la Russie «partagent la responsabilité» des crimes du régime Assad. «La Russie et l’Iran étaient les principaux soutiens du régime Assad et ils partagent la responsabilité des crimes commis à l’encontre du peuple syrien», estime Mark Rutte. Qui souligne : «Ils ont aussi fait la preuve qu’ils ne sont pas des partenaires fiables, en abandonnant Assad lorsqu’il ne leur était plus utile.» Ce dernier a ensuite affirmé sur X, plus tard dans la journée, s’être entretenu avec le président turc Recep Tayyip Erdogan «au sujet de la Syrie», sans donner plus de détail. La Turquie est l’un des principaux soutiens des groupes islamistes ayant renversé Bachar al-Assad.
Good to speak with @RTErdogan about #Syria. This is a moment of joy but also uncertainty for millions. We hope for a peaceful transition, respect for the rule of law & protection of minorities. #Russia & #Iran were complicit in the crimes of #Assad.
— Mark Rutte (@SecGenNATO) December 9, 2024
Le parti Baas du président déchu dit soutenir la phase de transition. Le parti de Bachar al-Assad a affirmé lundi qu’il soutiendrait la phase de transition dans le pays, après le renversement par une coalition rebelle. «Nous resterons favorables à une phase de transition en Syrie visant à défendre l’unité du pays», a déclaré le secrétaire général du parti, Ibrahim al-Hadid.
Nétanyahou affirme que le Golan annexé appartient à Israël «pour l’éternité». «Le Golan fera partie de l’Etat d’Israël pour l’éternité.» C’est ce qu’a affirmé le Premier ministre israélien lundi à propos de la partie du Golan syrien occupée et annexée par Israël. Benyamin Nétanyahou, qui s’exprimait lors d’une conférence de presse à Jérusalem, a déclaré avoir remercié le président élu américain, Donald Trump, pour avoir reconnu cette annexion lors de son premier mandat (2017-2021).
Le Royaume-Uni suspend «temporairement» l’examen des demandes d’asile de Syriens. Au tour du ministère britannique de l’Intérieur de mettre sur pause, «temporairement», l’étude des demandes d’asile de Syriens, «le temps d’évaluer la situation actuelle». Plusieurs autres pays européens ont fait des annonces similaires lundi, l’Autriche ayant indiqué préparer «un programme d’expulsion» des Syriens.
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Erdogan affirme que la Turquie ne cherche pas à étendre son territoire en Syrie. «La Turquie n’a aucune visée sur les terres et la souveraineté d’un autre pays. Le seul objectif de nos opérations transfrontalières est de protéger notre patrie et nos citoyens contre les attaques terroristes», a affirmé le président turc lundi, en référence à la Syrie lors d’un discours après la réunion de son cabinet. «L’intégrité territoriale de la Syrie doit absolument être préservée. (...) Une Syrie où tous les Syriens vivent en paix, qu’ils soient arabes, turkmènes, kurdes, sunnites, alévis, nusayris ou chrétiens, est le plus grand désir, rêve et objectif de la Turquie», a ajouté Erdogan. Le président turc a aussi annoncé la réouverture d’un poste-frontière fermé depuis 2013 pour le retour des réfugiés syriens dans leur pays.
Cartographie des confessions présentes en Syrie, une mosaïque complexe. Après la chute du régime de Bachar al-Assad et la prise de pouvoir par des rebelles islamistes, une nouvelle page s’ouvre pour la Syrie après plus de 13 ans de guerre civile. Le pays reste néanmoins fragmenté entre une diversité de confessions.
Décryptage
Le chef des rebelles discute du transfert du pouvoir avec l’ex-Premier ministre. Abou Mohammed al-Joulani, le nouvel homme fort du pays, s’est entretenu ce lundi avec l’ex-Premier ministre Mohammed al-Jalali «pour coordonner une transition du pouvoir garantissant la fourniture des services» à la population syrienne, ont indiqué les rebelles dans un communiqué, accompagné d’un bref extrait vidéo de leur entretien. Le Premier ministre à la tête du «Gouvernement de salut» du bastion rebelle dans le nord-ouest de la Syrie était également présent.
Profil
Keir Starmer attend de HTS un «rejet du terrorisme et de la violence». Le Premier ministre britannique souhaite que le groupe islamiste fasse montre d’un «rejet du terrorisme et de la violence». Interrogé à propos d’un éventuel retrait de ce groupe à la tête de la coalition de rebelles qui a provoqué la chute d’al-Assad de la liste britannique des organisations «terroristes», il a assuré qu’«aucune décision n’était en cours à ce sujet». «C’est beaucoup trop tôt», a-t-il dit à des journalistes, corrigeant les propos tenus par un haut responsable gouvernemental dans la matinée. «Pour l’instant l’important est de s’assurer qu’il s’agit d’un tournant dans le bon sens», a dit Keir Starmer depuis Riyad, où il est en visite.
L’ONU appelle à «la patience et la vigilance» sur la question du retour des réfugiés. Le Haut-Commissariat de l’ONU aux réfugiés (HCR) appelle lundi à faire preuve «de patience et de vigilance» sur la question du retour des réfugiés syriens dans leur pays. «Le HCR conseille de rester concentré sur la question des retours» et espère que les développements sur le terrain permettront «enfin des retours volontaires, sûrs et durables – avec des réfugiés capables de prendre des décisions éclairées», écrit le patron de l’agence onusienne Filippo Grandi.
Des milliers de proches de détenus massés devant la prison de Saydnaya près de Damas. Plusieurs milliers de personnes se sont rassemblées lundi soir devant le sinistre bâtiment pénitentiaire de Saydnaya, à une trentaine de kilomètres de Damas, dans l’attente de nouvelles de leurs proches détenus ou disparus. La file de voitures s’allonge sur plus de sept kilomètres, et des familles ont allumé en soirée des feux de camp devant la prison, ont constaté des journalistes de l’AFP.
Accusé de complaisance envers al-Assad, Mélenchon répond à ses contempteurs. Jean-Luc Mélenchon a répondu ce lundi aux attaques qui l’ont visé, venant de l’eurodéputée Nathalie Loiseau, qui lui reprochait un soutien supposé au président syrien renversé. Le leader insoumis «a défendu la révolution citoyenne de 2011 contre la dictature de Bachar al-Assad», affirme-t-il sur son blog. Ce dernier rappelle avoir voté, en tant qu’eurodéputé, pour une condamnation de la répression organisée par le régime syrien contre son peuple. Listant ses prises de positions dans les médias et sur les réseaux sociaux contre Bachar al-Assad, Jean-Luc Mélenchon accuse la macroniste, ancienne ministre des Affaires étrangères, d’avoir détourné ses propos. Elle lui reprochait d’avoir encouragé la France à collaborer avec l’armée syrienne, lorsqu’il avait invité Emmanuel Macron à aider Bachar al-Assad à repousser l’agression par l’armée turque des forces kurdes présentes en Syrie. Sans le nommer, l’insoumis répond aussi à Raphaël Glucksmann qui l’avait accusé d’avoir tout fait pour «excuser» Bachar al-Assad.