En résumé
- L’armée israélienne a bombardé intensément dans la nuit de vendredi à samedi la banlieue sud de Beyrouth, bastion du Hezbollah, où un raid d’une violence inouïe a visé vendredi, selon les médias israéliens, le puissant chef du mouvement armé pro-iranien Hassan Nasrallah.
- Le leader chiite a été tué, a annoncé le Hezbollah, confirmant ce que disait l’armée israélienne samedi matin. Six personnes ont été tuées et 91 blessées dans ces frappes qualifiées de «précises» par l’armée israélienne, selon un nouveau bilan du ministère libanais de la Santé.
- Pendant ce temps, depuis l’ONU, d’où Benyamin Nétanyahou avait annoncé qu’il continuerait à frapper le Hezbollah, la communauté internationale a exhorté Israël à cesser ses frappes, mais le pays reste sourd aux appels à la désescalade.
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«Nous avons réglé nos comptes», assure Nétanyahou. «Nous avons réglé nos comptes avec le responsable du meurtre d’innombrables Israéliens et de nombreux citoyens d’autres pays parmi lesquels des centaines d’Américains et des dizaines de Français», a poursuivi le leader israélien dans une déclaration télévisée, en référence à des attentats commis à Beyrouth en 1983. Ainsi, ajoute-t-il, Israël a atteint «ce qui semble être un tournant historique» dans la lutte contre ses «ennemis».
Prise de parole de Nétanyahou. L’élimination par Israël du chef du Hezbollah libanais, Hassan Nasrallah, «fait avancer» le retour des otages détenus à Gaza par le Hamas depuis le 7 octobre, a déclaré samedi soir le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu. «Nous sommes déterminés à continuer de frapper nos ennemis. [...] Si quelqu’un vient pour te tuer, lève-toi et tue le premier», a-t-il ajouté, dans un discours martial à ses troupes.
Les Etats-Unis saluent la mort de Nasrallah. Dans un communiqué, la vice-présidente américaine et candidate démocrate à la présidentielle Kamala Harris, en droite ligne de ce que déclarait le président Biden, a qualifié l’assassinat de Nasrallah de «mesure de justice». Tout en rappelant ne pas vouloir «d’une escalade dans la région», elle a rappelé son «soutien inaltérable à la sécurité d’Israël», jugeant que Hassan Nasrallah était «un terroriste avec du sang sur les mains».
Vice President Harris: “Hassan Nasrallah was a terrorist with American blood on his hands.” pic.twitter.com/fEJF3edaul
— Philip Melanchthon Wegmann (@PhilipWegmann) September 28, 2024
La France opposés à une opération terrestre. Samedi soir, Paris, qui s’est évertué à trouver (en vain) une solution diplomatique dans les jours précédant les frappes de vendredi, a demandé à Israël de cesser de frapper le Liban et s’oppose à une opération terrestre. Sans préciser ses intentions, l’armée et le gouvernement israéliens ont indiqué samedi qu’ils n’en avaient pas fini avec leurs opérations.
Réactions en pagaille. Mort d’un «archi-terroriste», d’un «martyr» et menaces de «destruction» : la mort de Hassan Nasrallah suscite autant la colère et les promesses de vengeances des alliés de la milice, la satisfaction d’Israël et des Etats-Unis, que les inquiétudes chancelleries occidentales. Lire notre article.
En deuil.
Nouvelle frappe près de l’aéroport de Beyrouth. Moins nombreuses que la veille, les frappes israéliennes n’ont pas cessé pour autant sur le Liban. Auprès de l’AFP, une source sécuritaire fait ainsi état d’une frappe israélienne sur un hangar près de l’aéroport de Beyrouth, dans le quartier de Hay el Sellom. Frappe confirmée peu après par l’armée israélienne, qui n’a pas donné de détails sur ce qu’abritait le hangar. Sur des images filmées par l’AFP, on aperçoit des volutes de fumée s’échapper d’un entrepôt situé dans une zone jouxtant ce fief du Hezbollah.
Trois jours de deuil national au Liban. «Suite au martyre du chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, qui rejoint la liste des personnes tuées par l’agression israélienne perfide contre le Liban, un deuil officiel est décrété», a indiqué le gouvernement libanais dans un communiqué. Le deuil officiel prendra effet le 30 septembre pour s’achever le 2 octobre.
Biden salue «une mesure de justice». L’assassinat du chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, dans une frappe de l’armée israélienne près de Beyrouth est «une mesure de justice pour ses nombreuses victimes, dont des milliers de civils américains, israéliens et libanais», a déclaré samedi Joe Biden. «Les Etats-Unis soutiennent pleinement le droit d’Israël à se défendre», a ajouté le président américain dans un communiqué, alors que la diplomatie américaine avait couru les couloirs des Nations unies pour parvenir à un cessez-le-feu entre le Hezbollah et Israël. Au sujet de l’accord au Liban, le président indique que «l’accord permettant aux gens de revenir chez eux en sécurité, en Israël et au Sud Liban, doit être conclu».
Face à la violence de la situation, Washington a ordonné l’évacuation des familles de ses diplomates au Liban, a fait savoir le département d’Etat.
Des évacués libanais par centaines de milliers. De nouveaux ordres d’évacuations ont été donnés par l’armée israélienne envers les Libanais «proches des propriétés du Hezbollah» dans la Békaa (à l’est du pays), la banlieue sud de Beyrouth et le Sud-Liban. Au total, le gouvernement libanais estime à au moins 600 000 le nombre d’évacués potentiels pour le seul Sud-Liban. Dans ses plans d’urgence, le gouvernement a tablé sur un million d’évacués.
La Syrie condamne «une agression méprisable». Le régime de Damas, allié du Hezbollah libanais, a condamné samedi l’assassinat la veille du chef de la puissante formation pro-iranienne dans une frappe israélienne sur la banlieue sud de Beyrouth. «L’entité sioniste confirme à travers cette agression méprisable, une fois de plus [...] son dédain du droit international», a déclaré le ministère syrien des Affaires étrangères dans un communiqué. «Le peuple syrien n’oubliera jamais son soutien», a-t-il ajouté à l’endroit du leader chiite.
Israël accueille la mort de Nasrallah avec joie et un soupçon d’angoisse. Dans l’Etat hébreu, personne ne pleure la mort du secrétaire général du Hezbollah, tué dans une frappe israélienne contre la banlieue sud de Beyrouth vendredi 27 septembre. Mais le doute plane sur les fins politiques de cette énième fuite en avant. Notre reportage à Tel Aviv.
Deuil national en Iran. La république islamique, principale alliée du Hezbollah, a décrété un deuil de cinq jours après l’annonce de la mort de Nasrallah. «Je présente mes condoléances pour le martyr du grand Nasrallah et de ses compagnons martyrs et annonce cinq jours de deuil national en Iran», a indiqué le guide suprême Ali Khamenei selon un communiqué publié par l’agence de presse officielle Irna. Plus tôt dans l’après-midi, Téhéran avait affirmé, par la voix de son ministère des Affaires étrangères, que la «ligne de Hassan Nasrallah se poursuivrait».
Un monde plus sûr ? Alors que l’armée israélienne assurait qu’un monde sans Hassan Nasrallah était un monde «plus sûr», et que la diplomatie du pays jugeait que «l’élimination de l’archi-terroriste Nasrallah [était] l’une des mesures antiterroristes les plus justifiées jamais prises par Israël», l’avis n’est pas partagé par tous, en tout cas pas dans chaque chancellerie occidentale. A commencer par celle de Berlin, qui juge que la déstabilisation du Liban, conséquence des multiples frappes israéliennes ces derniers jours, «n’est pas dans l’intérêt de la sécurité d’Israël».
L’armée israélienne a annoncé une nouvelle frappe sur le fief du Hezbollah à Beyrouth.
Premières ripostes. Un missile en provenance du Yémen a été intercepté dans le ciel de Tel Aviv peu avant son impact, a annoncé l’armée israélienne, samedi après-midi. «Des sirènes ont retenti dans le centre d’Israël en raison d’un missile tiré depuis le Yémen en direction du territoire israélien», a indiqué l’armée.
De nouvelles attaques prévues. Lors d’une réunion tenue ce matin au poste de commandement militaire de Kriya, le ministre de la Défense israélien Yoav Gallant s’est réjoui de «l’élimination de Nasrallah [...], l’une des actions les plus importantes de l’histoire d’Israël» et a indiqué que le pays «[planifiait ses] prochaines actions». Et, s’adressant aux Libanais : «Nous ne sommes pas en guerre contre vous. C’est le moment du changement.»
Réactions en chaîne. L’Iran, qui a envisagé l’envoi de troupes sur le sol libanais, multiplie les menaces envers son ennemi israélien depuis l’annonce de la mort de Nasrallah. Le vice-président iranien Shahram Dabiri Oskuei a ainsi promis dans l’après-midi que l’attaque entraînerait la «destruction» d’Israël. Une promesse qui succède au communiqué des rebelles yéménites houthis, soutenus par l’Iran : « Le martyr de [...] Hassan Nasrallah attisera la flamme du sacrifice, intensifiera l’enthousiasme et renforcera notre détermination», ont indiqué les dirigeants du mouvement, affirmant eux aussi que la mort du dirigeant aboutirait à «la victoire et à la disparition de l’ennemi israélien ». Peu avant, le Premier ministre irakien Mohamed Chia al-Soudani avait fustigé l’attaque israélienne : une «attaque honteuse» et «un crime qui montre que l’entité sioniste a franchi toutes les lignes rouges».
Le choc dans les rues de Beyrouth. Dans la capitale libanaise, le choc a suivi le fracas des bombardements à l’annonce la mort du leader chiite, selon l’AFP. Le déni – «Ne les croyez pas, ils mentent, le Sayed va bien !», crie une femme voilée de noir à moto avec son mari – se le dispute à un sentiment de désarroi : «Je ne peux pas décrire le choc de cette annonce… On s’est tous mis à crier, il est notre père, celui qui nous rendaient fiers, notre honneur», lance Maha Karit, qui répond aux questions de l’agence. Et à la colère : «Il n’y a aucun Etat au monde qui a tenu tête à Israël, si ce n’est le Sayed Hassan Nasrallah», poursuit la même, fustigeant l’Occident et les pays arabes «qui se disent musulmans. [...] Avec Sayed Hassan, nous étions les seuls qui portions la cause palestinienne sur nos épaules», ajoute-t-elle.
Déplacement de population. Conséquences des frappes israéliennes et des appels de l’armée à fuir les zones ciblées, la population libanaise fuit le pays. Elles sont plus de 50.000 personnes à avoir fui vers la Syrie, a constaté l’ONU samedi 28 septembre.