En résumé :
- Après des jours à redouter une attaque iranienne, Israël a vu, le soir du samedi 13 avril, l’Iran et ses alliés lancer, «depuis son territoire», des centaines de drones, missiles balistiques et de croisière vers l’Etat hébreu. Des groupes pro-iraniens et alliés de Téhéran dans la région, du Hezbollah libanais à la milice Nujaba en Irak, ont revendiqué d’autres tirs. Israël estime à «plus de 300» le nombre d’engins tirés au total.
- Les projectiles lancés par l’Iran ont à «99 %» été détruits avant de frapper le territoire israélien, selon Tsahal, par les systèmes de défense d’Israël ainsi que par les forces du Royaume-Uni, des Etats-Unis et de la France présentent dans la région. A ce stade, seule une enfant de 7 ans a été blessée par des débris, tandis qu’Israël déplore quelques dommages mineurs sur une base militaire du sud du pays.
- L’attaque intervient en représailles à un raid attribué aux Israéliens, mené le 1er avril contre une annexe du consulat d’Iran à Damas. Quatorze personnes avaient été tuées dont deux chefs militaires des Gardiens de la révolution. Le guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei, avait appelé à «punir» l’Etat hébreu.
- Dans un discours télévisé, le général Mohammad Bagheri, chef des forces armées iraniennes, a annoncé ce dimanche que l’attaque en Israël, dénommée «Promesse honnête», avait «été menée avec succès, et a atteint tous ses objectifs». A la demande de l’Etat hébreu, une réunion d’urgence du conseil de sécurité de l’ONU dit se tenir dans la soirée.
«Ni la région, ni le monde ne peuvent se permettre plus de guerre». Lors d’un conseil de sécurité de l’ONU réuni en urgence ce dimanche, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres a appelé à son tour à la désescalade. «Le Moyen-Orient est au bord du précipice. Les populations de la région font face à un vrai danger de conflit généralisé dévastateur. C’est le moment du désamorçage et de la désescalade. C’est le moment de montrer une retenue maximale», a-t-il martelé. Le secrétaire général a d’autre part répété sa condamnation de l’attaque lancée samedi par l’Iran contre Israël, dénonçant une «grave escalade». Il a dans le même temps une nouvelle fois condamné la frappe contre le consulat iranien à Damas le 1er avril, soulignant le «principe d’inviolabilité» des établissements diplomatiques.
Sécurité renforcée à partir de lundi devant les lieux de culte juifs en France. Le ministère de l’intérieur, Gérald Darmanin demande ce dimanche aux préfets via un télégramme un renforcement de la sécurité devant les lieux de culte et les écoles de confession juive en France. Le ministre de l’intérieur leur demande de prévoir une présence «statique et visible» des forces de l’ordre sur «les lieux et édifices les plus sensibles ou emblématiques» au lendemain de l’attaque de l’Iran sur Israël, et à la veille des fêtes de Pessah, la Pâque juive (du 22 au 30 avril). Il demande également la mise en place, devant les écoles confessionnelles, «de gardes statiques systématiques aux heures d’entrée et sortie des élèves».
Le mouvement libanais Hezbollah félicite l’Iran. Dans un communiqué, le puissant groupe chiite soutenu par l’Iran a présenté ses «félicitations» à son allié pour son attaque «sans précédent» contre leur ennemi commun Israël, assurant qu’elle avait «atteint» ses objectifs militaires «malgré la participation des Etats-Unis et de leurs alliés internationaux […] à la riposte.» Pendant que cette attaque se déroulait, le Hezbollah a annoncé avoir lancé deux salves de roquettes Katioucha sur des positions militaires israéliennes situées dans le Golan syrien occupé par Israël.
L’ambassadeur d’Iran en France va être convoqué lundi par le Quai d’Orsay. Le ministre français des Affaires étrangères, Stéphane Séjourné, a déclaré sur France 2 faire convoquer lundi l’ambassadeur d’Iran en France pour «passer un message de fermeté» après les frappes iraniennes menées dans la nuit de samedi à dimanche contre Israël. «Il ne faut pas inverser les responsabilités», a-t-il ajouté. «C’est les Iraniens qui ont attaqué Israël. […] Ca fait maintenant depuis 1979 que l’Iran a mis au cœur de sa diplomatie la haine contre Israël.» Par ailleurs, le chef de la diplomatie française a confirmé que la France avait, dans la nuit de samedi à dimanche, «intercepté plusieurs […] projectiles afin de protéger les bases françaises dans la région, en Jordanie, aux Emirats arabes unis ou en Irak.»
Israël ne baisse pas sa garde. «Nous sommes toujours en état d’alerte et nous évaluons la situation», a déclaré ce dimanche soir le porte-parole de l’armée israélienne, Daniel Hagari, dans un communiqué télévisé. «Au cours des dernières heures, nous avons approuvé des plans opérationnels pour des actions offensives et défensives», a-t-il ajouté.
Les Etats-Unis ne participeront pas à une éventuelle riposte israélienne. Après l’attaque iranienne, les diplomaties s’activent pour pousser à la désescalade. Personne n’a envie de voir la situation au Moyen-Orient s’envenimer et prendre une dimension mondiale. Pas question donc pour les Etats-Unis de soutenir Israël en cas de riposte, assure, sous couvert d’anonymat, un haut responsable américain l’assure : «Nous ne ferons partie d’aucune réponse qu’ils entendent mener. […] Nous ne nous voyons pas participer à un tel acte.» Ce dernier assure par ailleurs qu’Israël «ne cherche pas une escalade importante avec l’Iran».
«L’Iran a pris des précautions pour que ça reste avant tout une démonstration de force.» Dans un ciel bien peu serein, les images de l’attaque, aussi massive qu’inédite, dans la nuit de samedi à dimanche, de plus de 300 drones kamikazes et missiles iraniens sur Israël, ont fait ressurgir le risque effrayant d’un embrasement régional au Proche-Orient. Chercheuse à l’Institut français des relations internationales et spécialiste de la région, Héloïse Fayet décrypte dans nos colonnes les motivations iraniennes et les risques et enjeux de cette riposte historique. Lire son interview.
Lire l'édito de Dov Alfon
Les dirigeants du G7 condamnent «unanimement» l’attaque iranienne. «Avec les dirigeants du G7, nous avons unanimement condamné l’attaque sans précédent de l’Iran contre Israël», écrit sur X Charles Michel, le président du Conseil européen, après avoir échangé en visio-conférence avec Giorgia Meloni, Joe Biden, Emmanuel Macron, Justin Trudeau, Rishi Sunak et Fumio Kishida. «Toutes les parties doivent faire preuve de retenue. Nous poursuivrons tous nos efforts pour œuvrer à la désescalade. Mettre fin à la crise à Gaza le plus rapidement possible, notamment par un cessez-le-feu immédiat, fera la différence», assure-t-il.
With #G7 leaders, we unanimously condemned Iran’s unprecedented attack against Israel.
— Charles Michel (@CharlesMichel) April 14, 2024
All parties must exercise restraint. We will continue all our efforts to work towards de-escalation. Ending the crisis in Gaza as soon as possible, notably through an immediate ceasefire, will… pic.twitter.com/BIcrwDWxyV
Lufthansa suspend ses vols à destination et en provenance de Tel Aviv. La compagnie aérienne allemande Lufthansa a annoncé dimanche la suspension jusqu’à lundi inclus de ses vols à destination et en provenance de Tel Aviv, ainsi que d’Erbil en Irak et Amman en Jordanie. Après les frappes iraniennes contre Israël samedi, la compagnie dit «surveiller en permanence la situation au Moyen-Orient», explique un porte-parole du groupe. Comme décidé vendredi, les vols vers Beyrouth et Téhéran resteront eux suspendus jusqu’au 18 avril au moins.
Pour la Syrie, l’Iran n’a fait qu’user de son «droit à l’autodéfense». «La réponse iranienne […] est un droit légitime à l’autodéfense», a affirmé ce dimanche le ministre syrien des Affaires étrangères Fayçal Mekdad, cité par l’agence officielle Sana, lors d’un entretien téléphonique avec son homologue et allié iranien Hossein Amir-Abdollahian. L’attaque de l’Iran intervient en représailles à un raid attribué aux Israéliens, mené le 1er avril contre une annexe du consulat d’Iran à Damas.
Washington appelle à ne pas étendre le conflit. Les Etats-Unis ne veulent pas d’une «escalade» avec Téhéran, a insisté dimanche le porte-parole du Conseil national de sécurité de la Maison Blanche, au lendemain d’une attaque inédite de la République islamique sur Israël. «Nous ne voulons pas d’une guerre étendue avec l’Iran», a aussi déclaré John Kirby sur la chaîne de télévision américaine NBC. Selon des informations publiées dimanche par CNN et le Wall Street Journal, le président Joe Biden a également fait savoir au premier ministre israélien que les États-Unis ne participeraient pas à une éventuelle contre-offensive israélienne contre l’Iran.
Le cabinet de guerre convoqué par le premier ministre israélien a commencé à se réunir à Tel-Aviv. Ce cabinet est composé du Premier ministre Benyamin Nétanyahou, du ministre de la défense Yoav Gallant et de Benny Gantz, chef du parti de l’Union nationale et ancien ministre de la défense. Le ministre des affaires stratégiques, Ron Dermer, et les hommes politiques Gadi Eisenkot et Aryeh Deri siègent au cabinet de guerre en tant qu’observateurs.
A la demande de Biden, Netanyahou aurait renoncé à des représailles immédiates contre l’Iran, révèle le New York Times. Le journal souligne que plusieurs membres du cabinet de guerre avaient demandé au premier ministre Netanyahou de réagir sans attendre. Mais l’absence de dégâts sérieux en Israël et la conversation entre Biden et Netanyahou ont fait infléchir cette option.
Une réunion européenne convoquée mardi. Le chef de la politique étrangère de l’Union Européenne a appelé les ministres des Affaires étrangères à se réunir ce mardi, après les attaques iraniennes contre Israël. «Notre objectif est de contribuer à la désescalade et à la sécurité de la région», a souligné Josep Borrell sur X. Plus tôt, il avait déclaré que l’Union européenne condamnait l’attaque iranienne et la qualifiait «d’escalade sans précédent et de grave menace pour la sécurité régionale».
The EU strongly condemns the unacceptable Iranian attack against Israel.
— Josep Borrell Fontelles (@JosepBorrellF) April 13, 2024
This is an unprecedented escalation and a grave threat to regional security.
«L’Iran doit payer le prix de son agression», a déclaré le ministère israélien des Affaires étrangères. Dans un communiqué publié sur X (anciennement Twitter), le ministère ajoute que «le premier prix à payer doit être la déclaration immédiate des Gardiens de la révolution comme organisation terroriste». Et de poursuivre : «À la suite de l’attaque de missiles balistiques, de missiles de croisière et de drones lancée par l’Iran, des sanctions douloureuses doivent être imposées à l’Iran, y compris, mais sans s’y limiter, dans le domaine des missiles. Comme tout autre pays, Israël a le droit de se défendre face à l’attaque massive de l’Iran. Israël s’est défendu avec succès contre l’agression iranienne et continuera à le faire à l’avenir.»
La Turquie demande à l’Iran d’éviter une «nouvelle escalade» avec Israël. «Le ministre turc des Affaires étrangères Hakan Fidan a eu un entretien téléphonique aujourd’hui avec son homologue iranien […] et a déclaré que nous ne souhaitons pas une nouvelle escalade dans la région», a déclaré une source diplomatique turque sous couvert d’anonymat. Selon cette même source, le ministre iranien des Affaires étrangères Hossein Amir-Abdollahian «a déclaré que l’opération de représailles contre Israël était terminée» mais que l’Iran se gardait le droit d’agir «avec plus de fermeté» en cas d’«attaque» israélienne.
Les Houthis soutiennent Téhéran. Le mouvement armé du Yémen a déclaré que l’attaque de l’Iran contre Israël était «un acte légitime» en réponse à une attaque israélienne présumée contre le consulat iranien à Damas le 1er avril. Un porte-parole a également ajouté que le groupe yéménite était en «confrontation directe» avec Israël depuis le 7 octobre.
En Israël, une attaque iranienne vécue entre insouciance et impuissance. Si une seule frappe iranienne semble avoir atteint son but dans la nuit de samedi 13 à dimanche 14 avril, la guerre a définitivement changé de visage pour les Israéliens.
Reportage
Israël répondra à l’attaque de l’Iran, mais l’ampleur de la riposte n’a pas encore été déterminée, déclare un responsable israélien à CNN. Ce dernier a ajouté qu’Israël n’avait pas encore déterminé si le pays essaierait de «casser toute la vaisselle» ou s’il ferait quelque chose de plus mesuré. Les options devraient être discutées en détail lors de la réunion du cabinet de guerre israélien qui se tient ce dimanche, a ajouté le haut responsable.