En résumé :
- L’armée israélienne a mené une campagne de bombardements particulièrement violente sur la ville de Gaza dans la nuit de lundi à mardi. «Gaza brûle», a déclaré ce mardi matin le ministre israélien de la Défense. La défense civile de l’enclave palestinienne évoque «un massacre majeur».
- Après avoir détruit plusieurs tours ces derniers jours, Tsahal a lancé son offensive au sol pour prendre et occuper Gaza City, a rapporté lundi soir le site Axios, cité par Reuters.
- Au lendemain d’une visite à Jérusalem, le chef de la diplomatie américaine, Marco Rubio, a averti ce mardi matin que le Hamas a une «fenêtre très courte» pour accepter un accord de cessez-le-feu.
- Une commission d’enquête internationale indépendante de l’ONU a accusé ce mardi Israël de commettre un «génocide» à Gaza avec l’intention de «détruire» les Palestiniens. L’Etat hébreu dénonce une enquête «biaisée et mensongère».
La France a condamné l’offensive terrestre lancée mardi par l’armée israélienne à Gaza City, appelant le gouvernement à «mettre fin à cette campagne destructrice, qui n’a plus de logique militaire», dans un communiqué du ministère des Affaires étrangères. Soulignant le «contexte humanitaire et sanitaire d’une gravité extrême marqué par la famine, l’absence d’accès aux biens de première nécessité et aux soins d’urgence», Paris a de nouveau appelé Israël à «lever immédiatement toutes les restrictions imposées à l’entrée de l’aide humanitaire à Gaza», et à «reprendre au plus vite les négociations en vue d’un cessez-le-feu et de la libération de tous les otages».
Benjamin Nétanyahou a déclaré mardi qu’«une puissante opération à Gaza» avait débuté pendant la nuit. Intervenant depuis le box des accusés lors d’une audience de son procès pour corruption à Tel-Aviv, il a invoqué cette offensive pour justifier son impossibilité d’assister à des audiences prolongées. La stratégie de «pression militaire» prônée par le Premier ministre n’a pourtant pas produit jusqu’ici de résultat tangible : près de deux ans après le déclenchement de la guerre, les 48 otages restent en captivité et, malgré ses pertes, le Hamas conserve des positions et une capacité d’action à Gaza. Lire l’analyse dans Libération.
Une semaine après la frappe israélienne sur Doha, Benyamin Nétanyahou a estimé que l’opération était «justifiée», affirmant que le Qatar finançait le Hamas. «Le Qatar est lié au Hamas, il héberge le Hamas, il finance le Hamas. Il dispose de leviers puissants [qu’il pourrait actionner], mais il a choisi de ne pas le faire», a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse. «Par conséquent, notre action était entièrement justifiée», a-t-il ajouté. L’aviation israélienne avait frappé le quartier des ambassades de la capitale qatarie le 9 septembre, suscitant la colère des diplomaties arabes et faisant lever des sourcils jusqu’à Washington, où Donald Trump avait enjoint Israël à «faire très attention» à son «très bon allié» qatari.
Soixante-douze pages qui tombent à pic. Ce mardi 16 septembre dans la matinée, quelques heures après le début d’une nouvelle opération terrestre israélienne contre la ville de Gaza déjà ravagée par les bombes et la famine, les experts d’une commission d’enquête indépendante de l’ONU ont présenté à Genève un rapport accablant pour l’Etat hébreu. «Un génocide se produit et continue de se produire à Gaza» et «la responsabilité incombe à l’Etat d’Israël». Lire l’article de Samuel Ravier-Regnat
«A l’heure actuelle, il semble qu’Israël soit déterminé à aller jusqu’au bout et ne pas être ouvert à des négociations sérieuses pour un cessez-le-feu», a déclaré le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres à la presse, dénonçant une situation «moralement, politiquement et légalement intolérable» à Gaza.
L’armée israélienne a déclaré avoir intercepté mardi un missile lancé depuis le Yémen après que des sirènes ont retenti à Jérusalem, quelques heures après des frappes israéliennes sur le port yéménite de Hodeida, tenu par les rebelles houthis.
«A la suite des sirènes qui ont retenti il y a peu dans plusieurs régions d’Israël, un missile lancé depuis le Yémen a été intercepté», a déclaré l’armée israélienne dans un communiqué.
Le Premier ministre israélien persiste et signe : l’offensive à Gaza a pour but de «défaire» le Hamas et d’«évacuer la population». Dans un communiqué publié mardi après-midi depuis les quartiers généraux de l’armée israélienne à Tel Aviv, le dirigeant assure par ailleurs qu’Israël «s’attache actuellement à ouvrir de nouvelles routes pour accélérer l’évacuation de la population et la séparer des terroristes que nous souhaitons attaquer». Le tout sans mentionner une seule fois la question des otages, remarque Haaretz, qui relaye le communiqué.
La Commission européenne va présenter «des mesures pour faire pression sur le gouvernement israélien afin de changer le cours de la guerre à Gaza», a prévenu Kaja Kallas sur X. La cheffe de la diplomatie européenne estime ainsi que la suspension des accords commerciaux et l’imposition de sanctions sur les ministres extrémistes et les colons violents constitueraient des signaux clairs de l’exigence de paix de l’Union européenne. «L’offensive terrestre à Gaza va empirer une situation déjà désespérée. Cela signifie plus de morts, de destructions et de déplacements.»
Donald Trump, qui s’est adressé aux journalistes alors qu’il quittait la Maison Blanche pour une visite officielle au Royaume-Uni, a menacé les membres du Hamas ce mardi, affirmant qu’ils auraient «de gros problèmes» s’ils se servaient des otages israéliens de Gaza comme boucliers humains au moment où Israël lançait sa vaste offensive terrestre contre la ville de Gaza. A ce sujet, le président américain a éludé : «Je ne sais pas grand-chose à ce sujet, il faudra voir.»
Salma Kaddoumi, une photographe palestinienne présente à Gaza City, évoque auprès de Libé la situation «très critique» dans l’enclave palestinienne, «notamment à Tel al-Hawa», un quartier situé au sud-ouest de la ville où se trouve la photographe. Elle raconte la nuit passée, au cours de laquelle de nombreux civils étaient «assis au milieu de nulle part, avec des bombardements tout autour d’eux. Ils ne savaient pas où aller, où se cacher», raconte Salma Kaddoumi. «Certaines personnes ne trouvent pas de voiture» pour fuir «car elles sont très chères», précise-t-elle encore.
S’exprimant depuis le sud de l’enclave, une porte-parole de l’Unicef décrit le déplacement massif et forcé des familles comme une «menace mortelle pour les plus vulnérables». «Il est inhumain d’attendre de près d’un demi-million d’enfants battus et traumatisés par plus de 700 jours de conflit incessant qu’ils fuient un enfer pour se retrouver dans un autre», a notamment insisté Tess Ingram. Elle raconte avoir rencontré une mère qui avait marché pendant plus de six heures depuis la Gaza City vers le sud avec ses cinq enfants, «tous sales, assoiffés et affamés», dont deux sans chaussures. Ces familles sont poussées vers «une zone dite humanitaire» englobant Al-Mawasi et ses environs, a-t-elle déclaré. Tess Ingram a décrit leur destination comme «une mer de tentes de fortune, un océan de désespoir humain».
En parallèle de son offensive dans l’enclave palestinienne, Tsahal annonce une frappe imminente sur le port de Hodeida au Yémen, une zone contrôlée par les rebelles houthis. «Dans les prochaines heures, une frappe sera menée […] en réponse aux activités militaires du régime terroriste houthi. Pour votre sécurité, nous exhortons toutes les personnes présentes dans le port de Hodeida (ouest) et les navires qui y sont ancrés à évacuer immédiatement la zone», a écrit en arabe sur X le porte-parole arabophone de l’armée, Avichay Adraee.
L’Union européenne «n’a cessé d’exhorter Israël à ne pas intensifier son opération dans la ville de Gaza […] Nous avons clairement indiqué que cela aggraverait également la situation humanitaire déjà catastrophique et mettrait en danger la vie des otages», a réagi le porte-parole de la Commission, Anouar El Anouni, devant la presse. La présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, avait haussé le ton la semaine dernière contre le gouvernement israélien en proposant des sanctions contre certains ministres «extrémistes» et «une suspension partielle de l’accord d’association» UE-Israël, sur le volet commercial. Ces mesures seront formellement présentées ce mercredi par l’exécutif européen à Bruxelles. Elles seront toutefois très difficiles à faire adopter par des Etats membres profondément divisés sur le sujet.
Le chef des droits de l’homme de l’ONU, Volker Türk, demande la fin du «carnage» à Gaza City. Il évoque également des «preuves grandissantes» d’un «génocide».
La nouvelle offensive israélienne sur la ville de Gaza est «totalement irresponsable et épouvantable», a dénoncé mardi la ministre britannique des Affaires étrangères, Yvette Cooper. «Cela ne fera qu’entraîner plus de bains de sang, tuer davantage de civils innocents et mettre en danger les otages» israéliens toujours retenus dans la bande de Gaza, a écrit la cheffe de la diplomatie britannique sur X, appelant à un cessez-le-feu «immédiat».
L’Allemagne désapprouve la nouvelle phase lancée par l’Etat hébreu, qui va «complètement dans la mauvaise direction», selon son ministre des Affaires étrangères, Johann Wadephul. Berlin lance «un appel pressant» au gouvernement israélien, ainsi qu’à «tous ceux qui sont en contact avec le Hamas», pour retrouver «la voie des négociations de cessez-le-feu et d’un accord sur la libération des otages», a exhorté Johann Wadephul lors d’un point presse.
Une «violation choquante du droit international». C’est par ces mots que Volker Türk, le haut-commissaire de l’ONU aux droits de l’homme, a qualifié et condamné l’attaque israélienne au Qatar, en appelant tous les pays à en faire autant, à l’ouverture d’un débat urgent au Conseil des droits de l’homme à Genève. «La frappe israélienne contre les négociateurs à Doha le 9 septembre est une atteinte à la paix et à la stabilité régionales», a aussi affirmé Volker Türk.
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