En résumé :
- Donald Trump a déclaré mardi soir vouloir prendre le «contrôle à long terme» de la bande de Gaza, afin de déloger les plus de deux millions de Palestiniens qui vivent dans l’enclave et la transformer en «Côte d’Azur du Moyen-Orient».
- Présent aux côtés du président américain à la Maison Blanche, le Premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou – premier dirigeant étranger reçu par Trump depuis son investiture – s’est réjoui de cette proposition qui pourrait «changer l’histoire».
- Les réactions aux propos du président américain se multiplient ce mercredi 5 février. L’Arabie saoudite a notamment rappelé sa volonté de création «d’un Etat palestinien indépendant», tandis que le Hamas a dénoncé un plan «raciste» visant à «éradiquer la cause palestinienne». Et la France a appelé à «la solution à deux Etats».
- Mercredi à la mi-journée, la Maison Blanche a assuré que Trump ne s’était pas engagé à envoyer des troupes sur le sol gazaoui.
Sissi et Macron haussent le ton. Les présidents français Emmanuel Macron et égyptien Abdel Fattah al-Sissi ont averti lors d’un échange téléphonique ce mercredi que tout «déplacement forcé de la population palestinienne à Gaza comme en Cisjordanie serait inacceptable», a annoncé l’Elysée. «Il s’agirait d’une violation grave du droit international, d’une entrave à la solution à deux Etats et d’un facteur de déstabilisation majeur pour l’Egypte et la Jordanie», ont jugé les deux chefs d’Etat.
Le projet de Trump pour Gaza est «une forme de colonisation du XXIe siècle», dit Amnesty International. Evoquant le projet de Trump pour Gaza, la secrétaire générale de l’ONG Amnesty International dénonce auprès de l’AFP une «forme de colonisation du XXIe siècle». «C’est un cauchemar digne du XIXe siècle, quand les pays les plus puissants s’emparaient des moins puissants, une forme de colonisation du XXIe siècle», a réagi Agnès Callamard, qui a eu «le souffle coupé» en entendant les propos de Donald Trump. Ce projet, qu’Amnesty International qualifie de «révoltant» et «illégal», a été condamné par de nombreux pays et par l’ONU, au moment où doivent reprendre les délicates négociations sur la poursuite de la trêve entre Israël et le Hamas.
L’UE se rallie aux protestations internationales. La bande de Gaza est «partie intégrante d’un futur Etat palestinien», a affirmé mercredi l’Union européenne après les propos du président américain Donald Trump évoquant une prise de contrôle américaine de ce territoire dévasté par la guerre. «Nous avons pris note des déclarations du président Trump», a indiqué à l’AFP un porte-parole de l’UE. «L’UE reste fermement engagée en faveur d’une solution à deux Etats, qui est selon nous la seule voie vers une paix durable pour les Israéliens et les Palestiniens.»
Marco Rubio au service après-vente. Le ballet de l’explication de texte des déclarations tonitruantes de Donald Trump se poursuit. Quand bien même ce dernier a dit que les Palestiniens «adoreraient» vivre ailleurs qu’à Gaza, il ne fallait surtout pas imaginer que l’administration américaine imaginait les déplacer de force. Ce mercredi, c’est Marco Rubio, secrétaire d’Etat, qui s’y est collé, assurant que l’idée présidentielle «n’était pas hostile. Il s’agissait, je pense, d’un geste très généreux - l’offre de reconstruire et d’être en charge de la reconstruction» de Gaza. Selon le chef de la diplomatie américaine, en visite au Guatemala (qui vient d’accepter d’accueillir des migrants en situation illégale), la proposition de déplacement ne serait d’ailleurs que temporaire.
La Maison Blanche calme le jeu. Face à la levée de boucliers, l’heure est-elle à faire baisser la température ? Difficile d’y voir clair entre les déclarations du président américain et le service après-vente de l’ensemble de l’administration. Toujours est-il que mercredi soir, Washington a assuré que, en dépit des déclarations portant sur une «prise de contrôle» de Gaza et l’ambition américaine d’en devenir «propriétaire à long terme», Donald Trump ne s’était pas engagé à envoyer des troupes américaines sur le territoire palestinien. Le Président a dit que «les Etats-Unis ne financeraient pas la reconstruction de Gaza», a déclaré ce mercredi devant la presse la porte-parole de la Maison Blanche, Karoline Leavitt. «Son administration va travailler avec [ses] partenaires dans la région pour reconstruire» le territoire palestinien réduit à l’état de ruines par Israël après seize mois de guerre et en proie à une terrible crise humanitaire, a-t-elle ajouté. «Les Etats-Unis doivent s’impliquer dans cet effort de reconstruction», a-t-elle dit. Mais «cela ne veut pas dire qu’il y aura des troupes [américaines] au sol à Gaza, ni que les contribuables américains financeront cet effort», a expliqué Karoline Leavitt.
Les Emirats arabes unis rejettent tout déplacement des Palestiniens. Un opposant de plus à la lubie de Trump. Les Emirats arabes unis ont rejeté ce mercredi toute tentative de déplacement des Palestiniens de la bande de Gaza. Abou Dabi souligne dans un communiqué «son rejet catégorique de toute atteinte aux droits inaliénables des Palestiniens et de toute tentative de déplacement».
Donald Trump dit que «tout le monde adore» sa proposition pour Gaza. Du déni, de la bêtise ou les deux ? Le président américain Donald Trump assure ce mercredi que «tout le monde adore» sa proposition de prendre le contrôle de Gaza et de déplacer ses habitants. Et ce, malgré l’opposition des Palestiniens et de nombreux pays au Moyen-Orient et à travers le monde. Donald Trump a fait cette nouvelle sortie devant la presse, dans le Bureau ovale de la Maison Blanche, alors qu’on l’interrogeait sur les réactions à son projet.
«Le manque d’arrière-plan historique de Donald Trump est stupéfiant». Le président américain Donald Trump a proposé de déplacer 1,5 million de Gazaouis pour «faire le ménage» dans le territoire palestinien. «Un ballon d’essai» dans la logique de la pensée du républicain, selon David Rigoulet-Roze, chercheur à l’Institut français d’analyse stratégique (Ifas) et à l’Institut de relations internationales et stratégiques (Iris), et rédacteur en chef de la revue Orients Stratégiques. Notre interview, publiée le 26 janvier dernier.
La Ligue arabe monte au créneau. L’organisation réunissant 22 Etats membres à travers le monde a jugé mercredi que la proposition de Donald Trump de prendre le contrôle de la bande de Gaza et d’en déplacer les Palestiniens était une «violation du droit international» et une «recette pour l’instabilité» de la région. Bien que «confiant dans le désir des Etats-Unis et de son président de parvenir à une paix juste dans la région», le secrétariat de la Ligue a souligné que sa proposition invite «au déplacement des Palestiniens, ce qui est rejeté tant par les Arabes qu’au niveau international».
L’Indonésie rejette «vigoureusement» les propos de Trump. C’est sur X (ex-Twitter) que le ministère indonésien des Affaires étrangères s’est à son tour offusqué des propos de Donald Trump ce mercredi : «L’Indonésie rejette vigoureusement toute tentative de déplacer de force les Palestiniens ou de modifier la composition démographique du territoire palestinien occupé», peut-on lire dans un communiqué publié sur le réseau social. L’Indonésie appelle également la communauté internationale à «respecter le droit international», notamment le «droit à l’autodétermination des Palestiniens et leur droit inaliénable au retour dans leur patrie».
En images. Cette vue aérienne montre un panneau d’affichage portant un portrait du président américain Donald Trump avec un slogan, affiché par le groupe Coalition for Regional Security sur la façade d’un bâtiment hôtelier à Tel Aviv, ce mercredi 5 février 2025. La proposition choc du président Donald Trump a suscité un rejet retentissant de la part des Palestiniens, des dirigeants du Moyen-Orient et des gouvernements du monde entier.
L’ONU rappelle que l’expulsion d’un territoire occupé est «strictement prohibée». Le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, Volker Türk, l’a rappelé ce mercredi en réponse aux propos de Donald Trump : «Tout transfert forcé ou expulsion de personnes depuis un territoire occupé sont strictement prohibés», peut-on lire dans son communiqué, où il rappelle également que «le droit à l’autodétermination est un principe fondamental du droit international et doit être protégé par tous les États».
Les Palestiniens doivent pouvoir revenir chez eux, selon Starmer. Les Palestiniens «doivent pouvoir revenir chez eux», a affirmé ce mercredi le Premier ministre britannique Keir Starmer. «Ils doivent pouvoir reconstruire, et nous devons être avec eux dans cette reconstruction, sur le chemin d’une solution à deux Etats», a-t-il ajouté, alors qu’il était interrogé au Parlement sur le projet de Donald Trump de vider la bande de Gaza de sa population afin d’en faire un territoire géré par les Etats-Unis.
Lula juste «incompréhensible» les propos de Trump. Le président brésilien Luiz Inácio Lula da Silva ne comprend rien à ce que Donald Trump raconte. «Ceux qui doivent veiller sur Gaza, ce sont les Palestiniens, qui ont besoin d’une réparation pour tout ce qui a été détruit afin qu’ils puissent reconstruire leurs maisons, leurs hôpitaux, leurs écoles et vivre dans la dignité et le respect», a affirmé le dirigeant de gauche lors d’une interview avec une radio brésilienne ce mercredi. Avant de conclure : la proposition est «quasiment incompréhensible».
L’ONU gênée par les déclarations de Donald Trump. Le chef de l’agence de l’ONU pour les réfugiés a qualifié mercredi de «très surprenant» le projet d’occupation de la bande de Gaza et de déplacement de sa population, annoncé par le président américain. «C’est très difficile de s’exprimer sur cette question très délicate», a confié Filippo Grandi lors d’une interview donnée à l’AFP à Bruxelles. «C’est quelque chose de très surprenant, mais il faut voir concrètement ce que ça signifie», a-t-il déclaré.
Le Royaume-Uni et l’Allemagne dénoncent aussi les propos de Trump. En déplacement à Kyiv, le chef de la diplomatie britannique, David Lammy, s’est montré opposé, assez mollement, au plan voulu par Donald Trump pour Gaza : «Nous devons voir les Palestiniens pouvoir vivre et prospérer dans leurs territoires, à Gaza, en Cisjordanie.» De son côté, l’Allemagne a déclaré que Gaza «appartient aux Palestiniens».
Le gouvernement français s’oppose fermement à l’idée de Donald Trump. Il y a d’abord eu le communiqué politiquement correct du Quai d’Orsay. Puis la déclaration, un peu plus franche, de la porte-parole du gouvernement. Face aux médias, Sophie Primas a dénoncé ce mercredi midi les déclarations de Donald Trump qui sont «dangereuses pour la stabilité et pour le processus de paix». «La France est opposée pleinement aux déplacements des populations, a-t-elle dit à l’issue du Conseil des ministres. Nous nous en tenons à notre politique qui est : pas de déplacement des populations, la recherche d’un cessez-le-feu temporaire vers un processus de paix et une solution à deux États.»
Pour le Hamas, Trump «jette de l’huile sur le feu». Le Hamas accuse ce mercredi le président américain de «jeter de l’huile sur le feu» avec son idée d’occupation militaire de la bande de Gaza par les Etats-Unis et de transfert forcé des Palestiniens vivant sur le territoire. «Nous […] condamnons dans les termes les plus forts les déclarations (Donald) Trump en vue d’une occupation américaine de la bande de Gaza et du déplacement de notre peuple», dénonce dans un communiqué du mouvement islamiste palestinien. Ces déclarations «violentes» ne «contribueront pas à la stabilité de la région mais ne font que jeter de l’huile sur le feu».
L’Egypte impatiente de voir l’Autorité palestinienne «assumer ses responsabilités» à Gaza. Badr Abdelatty, ministre égyptien des Affaires étrangères, souligne aujourd’hui «l’importance de renforcer politiquement et économiquement l’Autorité palestinienne» à Gaza. Lors d’une réunion avec Mohamed Mustafa, le Premier ministre Palestinien, Badr Abdelatty a déclaré que l’Egypte était impatiente que l’Autorité palestinienne «assume ses responsabilités dans la bande de Gaza en tant que partie des territoires palestiniens occupés». L’homme politique égyptien appelle également à une reconstruction rapide de la bande de Gaza et demande que cela se fasse sans déplacement de ses habitants, «notamment en raison de leur attachement à leur terre et de leur refus de la quitter».
La France dénonce le plan voulu par Donald Trump. La réaction de la France était attendue. Dans un communiqué publié ce mercredi en fin de matinée, le ministère des Affaires étrangères s’est montré opposé à la volonté de Donald Trump de forcer le déplacement de la population palestinienne en dehors de Gaza. Sans jamais citer nommément le président des Etats-Unis.
«La France réitère son opposition à tout déplacement forcé de la population palestinienne de Gaza, qui constituerait une violation grave du droit international, une atteinte aux aspirations légitimes des Palestiniens, mais aussi une entrave majeure à la solution à deux Etats et un facteur de déstabilisation majeur pour nos partenaires proches que sont l’Egypte et la Jordanie ainsi que pour l’ensemble de la région, écrit le Quai d’Orsay. La France continuera à se mobiliser pour la mise en œuvre de la solution à deux Etats, la seule qui puisse garantir la paix et la sécurité sur le long terme aux Israéliens et aux Palestiniens. L’avenir de Gaza doit s’inscrire non dans la perspective d’un contrôle par un Etat tiers mais dans le cadre d’un futur Etat palestinien, sous l’égide de l’Autorité palestinienne. Le Hamas doit être désarmé et n’avoir aucune part à la gouvernance de ce territoire. La France continuera de marquer son opposition à la colonisation, contraire au droit international, et à toute velléité d’annexion unilatérale de la Cisjordanie.»