En résumé
- Hamas s’est dit vendredi 3 octobre disposé à libérer «tous les otages», vivants ou morts, et «prêt à des négociations immédiates en vue de la fin de la guerre».
- Le président américain Donald Trump a aussitôt demandé à ce qu’Israël arrête «immédiatement les bombardements à Gaza» pour procéder à la libération des otages en toute sécurité
- De son côté, Israël a arrêté toute action militaire dans la ville de Gaza, selon la presse israélienne, se concentrant sur des actions d’autodéfense.
Le mouvement islamiste, qui n’a que faire du week-end en Occident, vient d’imposer à tous les acteurs une accélération des discussions sur le plan Trump pour Gaza. Après la réponse partiellement positive, donnée depuis Doha vendredi soir 3 octobre, par le mouvement islamiste au plan Trump, les négociateurs se retrouvent ce dimanche 5 octobre au Caire pour discuter de l’application de la proposition. Une délégation israélienne est attendue avec une liste des prisonniers palestiniens à libérer, et surtout une carte des retraits israéliens prévus à Gaza, tandis que Steve Witkoff, l’envoyé spécial américain et artisan du plan Trump, est attendu en Egypte. L’analyse de Hala Kodmani
Benyamin Nétanyahou a annoncé qu’il «espérait ramener tous les otages dans les jours à venir», «pendant la fête de Souccot», fête du calendrier juif qui commence lundi 6 octobre et dure jusqu’au lundi suivant. Le Premier ministre israélien, qui a confirmé que des négociateurs israéliens étaient en route pour l’Egypte en vue de négociations indirectes avec le Hamas, s’est également félicité dans un communiqué publié samedi soir que «les pressions diplomatiques et militaires aient conduit le Hamas à accepter de libérer les otages». Nétanyahou a par ailleurs promis de désarmer le Hamas, soit via le plan Trump soit par la force militaire.
L’extrême droite fait monter les enchères, après l’agrément donné par le Hamas au plan de paix proposé par Donald Trump. Le ministre de la Sécurité nationale Itamar Ben-Gvir a annoncé samedi avoir prévenu Benyamin Nétanyahou que son parti ne ferait plus partie de la coalition gouvernementale «si, après la libération des otages, l’organisation terroriste Hamas existe toujours».
Son camarade au ministère des Finances Bezalel Smotrich a de son côté qualifié la décision de Nétanyahou de cesser les bombardements de «grave erreur» et de «recette assurée pour faire gagner du temps au Hamas et favoriser l’érosion grandissante de la position israélienne».
Des dizaines de milliers d’Israéliens se réunissent en ce moment même pour réclamer la libération des otages pour maintenir la pression sur leur gouvernement après que ce dernier a dit se préparer à de nouvelles négociations avec le Hamas.
A Tel-Aviv, Haïfa, Jerusalem ou encore au nord du pays, des proches d’otages et d’anciens otages eux-mêmes se son rassemblés en début de soirée. Parmi eux, Einav Zangauker, mère de Matan, toujours retenu en otage à Gaza, qui s’est inquiéter de l’influence néfaste des ministres d’extrême droite Bezalel Smotrich et Itamar Ben Gvir pouvant faire capoter l’accord entre les deux parties. «Nous n’avons jamais été aussi près de revoir Matan et tous les otages», a-t-elle dit devant les quartiers généraux de l’armée israélienne à Tel Aviv, comme le rapporte Haaretz. «Ce sont des jours critiques : les saboteurs des négociations se mobilisent pour faire pression sur Nétanyahou. Nous devons dresser un mur face à eux. On ne peut pas s’appuyer uniquement sur Trump. J’appelle les citoyens de ce pays à prendre les rues avec nous.»
Israël et le Hamas tiendront dimanche et lundi des pourparlers indirects au Caire en vue de la libération des otages et des prisonniers, rapporte un média égyptien proche des autorités du pays. Al-Qahera News, lié aux services de renseignement égyptiens, affirme que les deux délégations ont «commencé à se déplacer pour tenir des discussions au Caire demain et après-demain afin d’examiner l’organisation des conditions sur le terrain pour l’échange de tous les otages (israéliens) et prisonniers (palestiniens), conformément à la proposition» de Donald Trump.
Greta Thunberg affirme être victime de mauvais traitements dans la prison israélienne où elle est détenue, après avoir été arrêtée et expulsée d’une flottille transportant de l’aide humanitaire à destination de Gaza. Dans un courriel envoyé par le ministère suédois des Affaires étrangères à des proches de Greta Thunberg, et consulté par le Guardian, un responsable qui a rendu visite à la militante en prison a déclaré qu’elle affirmait «être détenue dans une cellule infestée de punaises, avec trop peu de nourriture et d’eau», rapporte le quotidien britannique. Un autre détenu aurait également rapporté que les forces israéliennes auraient pris des photos sur lesquelles Greta Thunberg aurait été contrainte de brandir des drapeaux. «L’identité de ces drapeaux reste inconnue», précise le Guardian.
Des centaines de milliers de personnes selon les organisateurs ont manifesté samedi à Rome en soutien aux Palestiniens pour réclamer la fin de la guerre à Gaza, au quatrième jour d’une importante mobilisation après l’interception par Israël de la flottille internationale d’aide.
«Nous sommes tous Palestiniens», «Free Palestine», «Stop au génocide», ont scandé les participants, parmi lesquels des familles avec des enfants. Les organisateurs ont annoncé «un million» de manifestants. Contactée par l’AFP, la préfecture de police n’était pas en mesure de fournir de chiffre de participation dans l’immédiat.
A Barcelone, quelque 70 000 manifestants, selon la police municipale, ont défilé pacifiquement dans les rues du centre-ville, scandant des slogans tels que «Boycottons Israël !» ou «Free Palestine !».
Le président américain maintient la pression sur les belligérants, et en particulier le Hamas, qu’il incite à «agir rapidement» pour libérer les otages. Dans un message sur son réseau Truth social samedi 4 octobre, Donald Trump a prévenu qu’il ne tolérerait «aucun retard» ou «aucune sortie de crise qui verrait Gaza redevenir une menace». Assurant par ailleurs que «chacun serait traitement équitablement», Trump a ensuite partagé sa satisfaction qu’«Israël ait cessé temporairement les bombardements».
Michal Brody Bareket a trois fils. Dans le salon tamisé de son appartement de Jérusalem, cette militante pacifiste aux gestes doux précise leurs âges – entre 17 et 23 ans – mais préfère taire leurs prénoms, consciente de l’impopularité de ses positions antimilitaristes au sein d’une société convaincue du bien-fondé de deux années de guerre à Gaza. Depuis l’automne 2023, le trauma exprimé par certains soldats de retour de l’enclave palestinienne a cependant fait émerger un courant et un discours nouveaux en Israël. Le reportage de notre correspondante
L’émissaire du président Donald Trump pour le Moyen-Orient Steve Witkoff et son gendre Jared Kushner se rendent en Egypte afin de finaliser les discussions sur les conditions de libération des otages à Gaza après que le Hamas a accepté le plan américain, a annoncé samedi un responsable de la Maison Blanche à l’AFP.
Les Américains de confession juive sont de plus en plus nombreux à critiquer la politique d’Israël à Gaza. Selon un sondage commandé par le Washington Post, 61 % des personnes interrogées estiment qu’Israël commet des crimes de guerre à Gaza. 39 % vont jusqu’à parler de génocide dans l’enclave, en particulier chez les plus jeunes : ils sont un sur deux à le penser chez les 18-34 ans et environ 30 % chez leurs aînés. Des résultats que le quotidien qualifie de «frappants» compte tenu «des liens historiques entre la communauté juive américaine et Israël».
Le jugement envers Benyamin Nétanyahou s’en ressent dès lors fortement : pour 68 % des personnes sondées, les choix du Premier ministre suscitent de la désapprobation, 48 % jugeant même son action «médiocre». Ainsi, c’est également le soutien de Washington à Tel Aviv qui s’en ressent. Si le soutien à Israël est toujours majoritairement approuvé, 32 % des personnes interrogées le jugent aujourd’hui excessif, une part en hausse de plus de 20 points par rapport à 2013, remarque le Post.
La libération des otages aura lieu, quoi qu’il arrive par ailleurs, a rapporté le journal Haaretz samedi 4 octobre. «Il y a un accord sur la libération des otages, les autres problèmes vont être discutés plus tard», a annoncé un source politique au journal ce samedi 4 octobre. Cette même source est par ailleurs convaincue que le Hamas s’alignera avec le plan de Trump, y compris sur la question de son désarmement. «Si le Hamas ne suit pas la ligne Trump, nous saurons quoi faire», a-t-elle ajouté.
Selon le ministère gazaoui de la Santé, 66 Palestiniens sont morts ces vingt-quatre dernières heures dans l’enclave, tandis que 265 personnes ont été blessées. Cela porte donc à 67 074 le nombre de morts Gazaouis du fait des attaques israéliennes. Toujours selon le ministère de la Santé contrôlé par le Hamas, deux enfants sont morts de malnutrition et de faim dans la journée qui s’est écoulée, portant à 459 le nombre de victimes de la famine sur le territoire.
Sous la pression américaine, le Hamas a accepté le principe d’un échange d’otages et la perspective d’un cessez-le-feu. Mais l’ombre d’un retrait israélien, les ambigüités du mouvement islamiste et les menaces qui pèsent sur la coalition Nétanyahou font planer l’incertitude. L’article de notre correspondante à Tel Aviv.
Satisfecit à la tête de la Turquie. Le président Erdogan a salué, lors d’une cérémonie ce samedi à Istanbul, la réponse formulée par le Hamas ce samedi. «Le Hamas a montré, comme il l’a fait à maintes reprises auparavant, qu’il était prêt pour la paix. Une fenêtre d’opportunité s’est ouverte pour une paix durable dans notre région.»
Des négociateurs du mouvement islamiste est attendue au Caire samedi pour des discussions qui devraient démarrer dans la soirée, selon des sources proches des médiateurs relayées par le média saoudien Al Arabiya. Des négociations plus formelles devraient se tenir dans la capitale égyptienne dimanche, en présence de l’envoyé spécial de la Maison Blanche, Steve Witkoff, ainsi que de Jared Kushner, gendre de Donald Trump. Le négociateur en chef israélien, ministre des Affaires stratégiques Ron Dermer et le chef du Shin Bet, le service des renseignements intérieurs israéliens seront également au Caire, selon la télévision qatarie Al Araby.
Israël a arrêté toute action militaire dans la nuit de vendredi à samedi, selon Ynet. Sur les ordres du Premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou, Israël a entamé de fait un cessez-le-feu unilatéral dans la bande de Gaza, à 3 heures dans la nuit de vendredi à samedi, en insistant notamment sur la nécessité de cesser les manœuvres dans la ville de Gaza, rapporte le site d’information israélien. Comme lors de cessez-le-feu précédents, les forces armées israéliennes ont reçu l’instruction de rester en place et de se concentrer sur des opérations d’autodéfense dans les jours prochains.
Du Qatar à l’ONU en passant par la France et l’Union européenne, les réactions enthousiastes se sont multipliées après que l’organisation islamiste a ouvert la porte à un accord sur la proposition de Donald Trump pour cesser la guerre. Tour d’horizon des principales réactions.
Réactions
Volker Türk, Haut-commissaire de l’ONU aux droits de l’homme, affirme que le plan américain de paix est une «opportunité cruciale pour toutes les parties et les États influents d’agir de bonne foi et de mettre fin, une fois pour toutes, au carnage et aux souffrances à Gaza, d’inonder la bande de Gaza d’aide humanitaire et d’assurer la libération des otages et des nombreux Palestiniens détenus», ont fait savoir ses services sur X.